[pour compléter notre réflexion sur les médicaments non utilisés, périmés...CB]
Aide-mémoire OMS N°253
Octobre 2000
Les déchets liés aux soins de santé
http://www.who.int/mediacentre/factsheets/fs253/fr/index.html
Les activités liées aux soins de santé -- quil sagisse par exemple de
vaccinations, dépreuves diagnostiques, de traitements ou dexamens au
laboratoire -- permettent de protéger et de recouvrer la santé, et aussi de
sauver des vies. Mais quen est-il des déchets et des sous-produits de ces
activités ?
Sur l'ensemble des déchets produits par les soins de santé, à peu près 80%
ne sont pas dangereux. Les déchets restants, de l'ordre de 20%, sont
considérés comme dangereux. Ils contiennent du matériel qui peut être
infectieux, toxique ou radioactif. Ces déchets et sous-produits dangereux
couvrent un large éventail de matériels comme le montre la liste ci-après
(les pourcentages nayant quune valeur indicative) :
Les déchets infectieux -- cultures et stocks d'agents infectieux, déchets de
malades infectieux, déchets contaminés par le sang et les dérivés sanguins,
échantillons diagnostiques jetés, animaux de laboratoire infectés, ainsi que
matériels (tampons, pansements) et appareils divers contaminés (appareils
médicaux jetables, etc.).
Les déchets anatomiques -- parties reconnaissables et carcasses d'animaux.
Les déchets infectieux et anatomiques représentent le gros des déchets
dangereux, en l'occurrence 15% du total des déchets liés aux soins de santé.
Objets pointus et tranchants -- seringues, scalpels jetables, lames de
rasoir, etc.
Ils représentent 1% du total des déchets liés aux soins de santé.
Produits chimiques -- par exemple, solvants et désinfectants.
Produits pharmaceutiques -- inutilisés, dont la date de péremption est
dépassée ou qui sont contaminés ; qu'il s'agisse des produits eux-mêmes
(parfois des substances chimiques toxiques et puissantes) ou de métabolites,
de vaccins et de sérums.
Les produits chimiques et pharmaceutiques se ramènent à 3% du total des
déchets liés aux soins de santé.
Déchets génotoxiques -- très dangereux, mutagènes, tératogènes1 ou
cancérogènes comme les produits cytotoxiques utilisés dans le traitement du
cancer et leurs métabolites.
Produits radioactifs, comme le verre contaminé par du matériel de diagnostic
radioactif ou de radiothérapie.
Déchets à forte teneur en métaux lourds, par exemple les thermomètres au
mercure qui ont été cassés.
Les déchets génotoxiques, les produits radioactifs et ceux à forte teneur en
métaux lourds représentent près de 1% du total des déchets liés aux soins de
santé.
Les principales sources de déchets liés aux soins de santé sont les hôpitaux
et les autres établissements de soins, les laboratoires et les centres de
recherche, les morgues et les centres dautopsie, la recherche et les
épreuves en laboratoires sur les animaux, les banques de sang et les
services de collecte de sang et les établissements de soins pour personnes
âgées.
Les pays à revenu élevé peuvent produire jusquà 6 kg de déchets dangereux
par personne et par an. La majorité des pays à faible revenu ne séparent
habituellement pas les déchets dangereux des autres. Dans ces pays, le total
des déchets liés aux soins de santé est de 0,5 à 3 kg.
Effets sur la santé
Les déchets liés aux soins de santé constituent un réservoir de
micro-organismes potentiellement dangereux susceptibles dinfecter les
malades hospitalisés, les agents de santé et le grand public. Les autres
risques infectieux potentiels sont notamment la propagation à lextérieur de
micro-organismes parfois résistants présents dans les établissements de
soins - phénomène encore mal étudié à ce jour. Les déchets et les
sous-produits peuvent également provoquer des traumatismes, par exemple,
brûlures radiques ou blessures provoquées par des objets pointus ou
tranchants, lintoxication et la pollution constituent dautres problèmes
quelles proviennent de produits pharmaceutiques en particulier
dantibiotiques et de produits cytotoxiques, des eaux usées ou déléments ou
de composés toxiques comme le mercure ou les dioxines.
Objets pointus ou tranchants
Dans le monde entier, on estime à quelque 12 milliards par an le nombre
dinjections administrées. Toutes les seringues et aiguilles ne sont pas
évacuées de manière appropriée, ce qui constitue un risque considérable de
blessure et dinfection ou offre des occasions de réutilisation.
On estime que, dans le monde, 8 à 16 millions de cas dinfection par le
virus de lhépatite B, 2,3 à 4,7 millions de cas dinfection par celui de
lhépatite C et 80 000 à 160 000 cas dinfection par le VIH sont provoqués
chaque année par la réutilisation daiguilles non stérilisées. 2 Une grande
partie de ces infections pourrait être évitée si les seringues étaient
éliminées de manière sûre. La réutilisation de seringues et daiguilles
jetables est particulièrement fréquente dans certains pays dAfrique, dAsie
et d'Europe centrale et orientale.
Les autorités sanitaires de lEtat du Bengale occidental en Inde ont même
été jusquà modifier leurs recommandations concernant les pratiques
dinjection. Elles sont revenues aux seringues réutilisables en verre, car
les exigences concernant lélimination des seringues jetables ne pouvaient
être respectées.
Dans les pays en développement, un danger supplémentaire tient à la fouille
des décharges et au tri manuel des déchets récupérés à la sortie des
établissements de soins. Ces pratiques sont courantes dans plusieurs régions
du monde. Tous ceux qui sadonnent à ce genre dactivités sont exposés à un
risque immédiat de blessures provoquées par les aiguilles et les matériels
toxiques ou infectieux.
Déchets de vaccins
En juin 2000, le virus de la vaccine -- forme bénigne de la variole - a été
diagnostiqué chez six enfants qui avaient joué avec des ampoules de verre
contenant des doses de vaccin antivariolique périmées quils avaient trouvés
dans une décharge à Vladivostock, en Russie. Si leur vie na pas été mise en
danger en loccurrence, les ampoules du vaccin auraient dû être traitées
avant dêtre jetées.
Déchets radioactifs
Lutilisation de substances radioactives en médecine et dans dautres
applications est répandue dans le monde entier. Parfois, le grand public est
exposé à des déchets radioactifs provenant généralement de la radiothérapie,
les déchets nayant pas été éliminés de manière appropriée. Des accidents
sérieux sont survenus à Golânia au Brésil en 1988 où 4 personnes sont
décédées dun syndrome aigu dirradiation, 28 autres personnes ont subi de
graves brûlures radiques. Des accidents du même type sont survenus à Mexico
en 1962, en Algérie en 1978, au Maroc en 1983 et à Ciudad Juarez au Mexique
en 1983. Les risques liés à dautres types de déchets, en particulier les
déchets sanguins et les produits chimiques ont été assez mal évalués et des
travaux plus approfondis simposent. En attendant, des précautions doivent
être prises.
Risques associés à l'élimination des déchets
Si le traitement et lélimination des déchets liés aux soins de santé ont
pour but de réduire les dangers, des risques indirects pour la santé peuvent
exister du fait du rejet de polluants toxiques dans lenvironnement.
Lenfouissement pose un risque potentiel de contamination de leau de
boisson. Il peut aussi exister des risques professionnels liés au
fonctionnement de certaines installations délimination des déchets. Une
incinération inadéquate ou celle de matériaux qui ne se prêtent pas à cette
forme délimination peut entraîner lémission de polluants dans
latmosphère. Lincinération de matériaux contenant du chlore peut être à
lorigine de dioxines et de furanes3, substances potentiellement
cancérogènes pour lHomme qui ont été associées à tout un éventail deffets
indésirables. Lincinération de métaux ou de matériels à forte teneur en
métaux (en particulier de plomb, de mercure et de cadmium) peut conduire au
rejet de métaux dans lenvironnement. Les dioxines, les furanes et les
métaux sont persistants et saccumulent dans lenvironnement. Les matériaux
contenant du chlore ou des métaux ne doivent donc pas être incinérés.
Seuls les incinérateurs modernes pouvant fonctionner à une température de
800 à 1000°C et équipés dun matériel spécial de nettoyage des émissions
permettent dassurer quon ne produit pas de dioxines et de furanes (ou
alors en quantités insignifiantes). Des appareils plus simples construits
avec des matériaux locaux destinés à des quantités réduites et pouvant
fonctionner à des températures élevées sont en train dêtre éprouvés et
installés dans un certain nombre de pays.
A lheure actuelle, il nexiste pas doptions peu coûteuses sans danger pour
lenvironnement quipermettent déliminer des déchets infectieux dans de
bonnes conditions de sécurité. Lincinération a été largement pratiquée,
mais dautres solutions apparaissent peu à peu comme lautoclavage ou le
traitement chimique ou par micro-ondes qui pourraient être préférables dans
certaines conditions. Lenfouissement peut également être une solution
acceptable pour certains déchets si les conditions de sécurité sont
respectées. Mais des mesures simposent pour éviter la charge de morbidité
importante actuellement générée par les déchets.
En outre, les risques attribués à la gestion de ces déchets tels quils sont
perçus peuvent être importants. Dans la plupart des cultures, lévacuation
des déchets liés aux soins de santé est un sujet sensible qui présente
également des dimensions éthiques.
Gestion des déchets les raisons de l'échec
Labsence dune politique de gestion des déchets, la sensibilisation
médiocre aux risques pour la santé, les ressources financières et humaines
insuffisantes, la réglementation inadéquate des mesures délimination des
déchets sont les problèmes les plus fréquents. De nombreux pays nont tout
simplement pas de réglementation appropriée ou alors les règles ne sont pas
appliquées. Une question essentielle tient à la répartition bien claire des
responsabilités concernant la manutention et lélimination appropriées des
déchets. En vertu du principe du «pollueur payeur», cette responsabilité
incombe aux producteurs des déchets, cest-à-dire, généralement aux
dispensateurs des soins de santé ou à létablissement soccupant des
activités connexes.
Des mesures pour améliorer la situation
Les progrès en matière de gestion des déchets liés aux soins de santé
doivent être fondés sur les éléments clés suivants :
La mise en place dun système complet de répartition des responsabilités,
dallocation de ressources, de réduction au maximum des risques, de
manutention et dévacuation des déchets Il sagit là dune action à long
terme et les améliorations seront progressives.
Une sensibilisation et une formation concernant les risques liés à ces
déchets et aux pratiques sûres et sans danger.
La sélection doptions sûres et sans danger pour lenvironnement en matière
de gestion des déchets afin de protéger ceux qui les récupèrent, touchent,
stockent, transportent, traitent ou évacuent les déchets.
Lengagement et lappui des autorités nationales sont indispensables pour
améliorer la situation dans son ensemble et à long terme même si des mesures
immédiates peuvent être prises sur le plan local.
La gestion des déchets liés aux soins fait partie intégrante des soins de
santé, et si une gestion inadéquate des déchets provoque des problèmes de
santé, ce sont les avantages des soins de santé dans leur ensemble qui sen
trouvent réduits.
Laction de l'OMS
Le premier document dorientation complet et mondial sur la gestion des
déchets liés aux activités de soins de santé (Safe Management of Wastes from
Health-Care Activities) a été publié par l'OMS en 1999. Il traite des
aspects tels que le cadre de réglementation, les questions de planification,
la réduction et le recyclage des déchets, la manutention, le stockage et le
transport, le traitement et les options délimination ainsi que la
formation. Ce document est destiné aux responsables des hôpitaux et autres
établissements de soins, aux responsables de lélaboration des politiques,
aux professionnels de la santé publique et aux responsables de la gestion
des déchets. Il saccompagne dun manuel de formation (Teachers Guide), qui
contient le matériel dun atelier de trois jours destiné au même public. Les
recommandations inter-institutions pour lévacuation sûre des produits
pharmaceutiques non désirés en situation durgence et après des situations
durgence (Guidelines for the Safe Disposal of Unwanted Pharmaceuticals in
and after Emergencies) donnent des conseils pratiques sur lélimination des
médicaments dans des situations difficiles en situation durgence ou après.
Le texte complet de ces publications est accessible sur le site Web de
l'OMS: "Eau assainissement et santé."
Parmi les produits et les activités prévus de lOMS, on peut mentionner :
La publication dun guide du décideur pour la gestion des déchets liés aux
soins de santé dans les centres de santé primaires.
La mise en oeuvre de systèmes délimination des déchets liés aux soins de
santé dans les pays.
La mise au point dune base de données sur les options pratiques concernant
la gestion des déchets liés aux soins de santé, principalement destinée aux
pays en développement.
La mise à lépreuve doptions peu coûteuses pour la gestion de ces types de
déchets.
Lélaboration de recommandations pour lévacuation du sang et des poches à
sang.
Une approche visant à promouvoir des activités de soins produisant moins de
déchets ou des déchets moins nuisibles.
LIENS CONNEXES
- Déchets médicaux
- Eau assainissement et santé - en anglais - en anglais
- Health-care waste management web site - en anglais
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Téléphone: +41 22 791 2222
Courriel: mediainquiries@who.int