Les Objectifs du Millénaire pour le Développement: plus que 5 ans!
http://www.commongroundnews.org/article.php?id=26497&lan=fr&sid=1&sp=0&isNew
=1
par Wahyu Susilo
09 octobre 2009
Djakarta 2015, année butoir fixée par lONU dans sa Déclaration du
Millénaire pour le développement humain, approche à grands pas. Les
objectifs auxquels les 189 pays signataires ont souscrit sont les suivants :
réduire lextrême pauvreté et la faim, assurer léducation primaire pour
tous, promouvoir légalité et lautonomisation des femmes, réduire la
mortalité infantile, améliorer la santé maternelle, combattre le VIH/sida,
le paludisme et dautres maladies, assurer un environnement humain durable
et assurer le développement par la mise en place dun partenariat mondial.
Tous ces engagements constituent les Objectifs du Millénaire pour le
Développement, ou OMD.
Certes, il y a eu des progrès depuis neuf ans. Mais, ainsi que le reconnaît
le rapport des Nations Unies pour 2009, le monde ne va pas assez vite pour
atteindre les Objectifs". LAfrique au sud du Sahara, le Moyen-Orient et
l'Asie du Sud et du Sud-est sont particulièrement en cause.
LIndonésie est un des pays qui marquent le pas à cet égard. Elle sest
engagée à abaisser à 7,5 pour cent dici 2015 la proportion de la population
vivant dans la pauvreté. Pourtant, selon les chiffres publiés en 2008 par le
Bureau central de statistique, 15,4 pour cent de la population vit en
dessous du seuil de pauvreté. Dans son rapport intitulé Key Indicators for
Asia and the Pacific 2009, la Banque asiatique de développement signale
également une recrudescence de la mortalité maternelle et du VIH/sida.
Or un des principaux obstacles qui empêchent lIndonésie de parvenir au but
quelle sest fixé, cest sa dette extérieure. Il faut y ajouter la
corruption et le manque de cohérence entre sa politique macroéconomique et
les mesures de lutte contre la pauvreté.
En août 2009, selon un rapport de la Banque centrale, la dette extérieure du
pays sélevait à environ 165 milliards de dollars. Les toutes récentes
statistiques du budget publiées par le Ministère des finances montrent que
les sommes consacrées au remboursement de la dette en 2009 dépassent celles
des secteurs de léducation et de la santé : $10,4 milliards sont allés au
remboursement de la dette extérieure, avec les intérêts, (sans compter la
dette intérieure), contre 9 milliards seulement à léducation et 1,7 à la
santé.
LIndonésie ne sait que trop combien le poids de sa dette handicape le
financement des efforts quelle déploie pour atteindre ses OMD. En septembre
2005, lors du Sommet du Millénaire + 5, le président Susilo Bambang
Yudhoyono avait plaidé pour la réduction ou la rémission de la dette
extérieure, mesure indispensable pour que le pays puisse atteindre ses
objectifs de développement. De fait, lIndonésie a obtenu un allègement de
la part de pays comme lItalie, lAllemagne, le Royaume-Uni, lAustralie et
les Etats-Unis. Ces concessions nont toutefois pas suffi à dégager le pays
de son fardeau.
M.Yudhoyono a également déclaré quil tiendrait les pays avancés, surtout
ceux du G8, pour responsables de leur engagement à augmenter la part de leur
budget consacrée à lélimination de la pauvreté. Aux termes du Consensus de
Monterrey de 2002, les pays développés devaient consacrer 0.7 pour cent de
leur PNB à une assistance visant à aider les pays moins nantis à atteindre
leurs OMD. Mais, selon le rapport de la Task Force des Nations Unies en
2008, seuls les pays scandinaves sont à la hauteur de leurs engagements, les
autres se tenant encore fort loin de la contribution promise.
De plus, lassistance au développement offerte par les pays avancés est
souvent assortie de conditions, exigeant des pays bénéficiaires quils
utilisent des consultants ou du matériel des pays donateurs, ce qui fait que
le bailleur de fonds encaisse des bénéfices financiers directs en
contrepartie de laide accordée.
Le fait quune bonne partie des aides est négociée sous forme de crédits ne
fait quaggraver le problème. Ainsi, sur les 29,6 millions de dollars que le
Japon a donnés à lIndonésie, 1,9 million seulement, soit environ 6,55 pour
cent sont à fonds perdus. Le solde se présente sous forme de prêts et
dassistance technique.
Cinq années seulement nous séparent de léchéance de 2015. Les pays en
développement se manifestent pour rappeler à leurs voisins nantis quils
sétaient engagés à accélérer la marche vers les OMD, en proposant même
parfois des solutions novatrices. Une démarche concrète serait par exemple
la création dun fonds daffectation spéciale pour la réalisation des
Objectifs.
Pendant ce temps, lIndonésie doit poursuivre ses efforts en vue de négocier
une réduction ou une rémission de sa dette, de profiter de lignes de
financement mondial hors crédit, comme celles du Fonds mondial de lutte
contre le sida, la tuberculose et le paludisme ou encore du Millennium
Challenge Account. Elle doit aussi évacuer les pesanteurs internes qui
freinent latteinte des OMD, notamment par la lutte contre la corruption et
par une refonte en profondeur de sa politique économique.
Sur le front de la diplomatie internationale, lIndonésie doit collaborer
étroitement avec les pays développés pour leur rappeler les engagements
souscrits à Monterrey et pour inventer les solutions créatives et concertées
qui seules permettront de faire reculer la pauvreté dans le monde.