[e-med] Logique commerciale ou de santé publique

De plus en plus on voit sur le terrain que les génériqueurs proposent leurs produits en nom commercial. La logique de la DCI est de plus en plus abandonnée alors que la DCI suivie du nom du laboratoire producteur est le meilleur système pour gérer les médicaments circulant dans le monde.
Les médecins africains subissent cette influence (marketing des laboratoires, volonté de se différencier des infirmiers....) et continuent majoritairement à prescrire sous nom commercial au préjudice des populations qui ne peuvent payer. Car la bataille du marketing fait rage sur le terrain.... Corruption ???

Qui pense vraiment aux malades???

Serge Barbereau
ReMeD

Je pense qu'il y a de la place pour 3 catégories de médicaments distribuées
en officines privées :
- Les spécialités, protégées ou non garantes de la permanence de la
recherche, de la novation et de la qualité, promues auprès du corps médical.
- Les génériques sous seule DCI et donc sans réseau de promotion, au plus
bas prix, garants de l'accessibilité.
- Mais aussi les génériques sous nom de marque, à coût modéré, au moins 30%
inférieur à la spécialité correspondante, mais promus et donc garants du
maintien du marketing local, de l'information toujours souhaitée par le
corps médical et de la qualité du réseau de distribution.

Détracteurs du générique sous nom de marque au profit des seuls génériques
DCI, attention, soyez sûrs que vous mettez en péril la force de vente locale
et le circuit de distribution légal privé.
    - Que ferez-vous des équipes de marketing et de promotion locales ?
    - Comment empêcherez-vous les intervenants licenciés de s'adonner au
trafic des médicaments illicites pour continuer leur métier ?
    - Comment empêcherez-vous l'importation et la commercialisation illégale
?
    - Qui, mieux que les circuits de distribution actuels, garantira la
disponibilité de médicaments de qualité ?
Les faux médicaments fleurissent sur tous les marchés et trottoirs et
n'attendent que votre signal pour s'imposer encore davantage

En voulant privilégier le seul bas prix à tout prix, vous risquez tout
simplement de détruire toute l'organisation transparente, légale et
contrôlable, au profit de quoi ?

A mon avis la logique du tout générique DCI ne peut conduire qu'au marché
parallèle déjà en plein essor...
Pauvres malades...
Ici comme ailleurs, la vraie solution c'est le choix par le prescripteur ou
le malade de la catégorie la mieux adaptée.

Michel Bournaud

bonjour
C'est bien la corruption des prescripteurs qui gagne du terrain. D'autres aspects de cette corruption pose de sérieux problèmes aux officinaux lors de l'exécution de l'ordonnance malgré l'existence de textes qui autorisent la substitution des DCI aux spécialités.
La course à l'argent a fait oublier le serment.......C'est l'époque!!! c'est malheureux.
Pr Koumaré
Mali

Bonjour à tous,

Oui, bien sûr j'adhère aux propositions du précédent intervenant, comme j'adhère totalement à la réduction des gaz à effet de serre, comme je lutte activement contre le réchauffement de la planète et je rend efficace ma gestion des déchets (j'ai compté : j'ai 5 poubelles différentes chez moi dans ce but, et un machin à compost dans le jardin pour faire de l'engrais écologique pour mes plantes vertes!!!!) , et je vais suivre attentivement la position de la Chine et des Etats Unis au Sommet de Copenhague, etc.. etc.;

Bref je milite activement pour un monde idéal.

Un monde dans lequel les pratiques anticoncurrentielles et antisanitaires seraient interdites : comme par exemple
- la cession d'unités gratuites par les laboratoires vendeurs de marque, dont les UG se retouvent sur le marché illicite car vendues par les uns et les autres (et en premier les délégués médicaux) et qui permettent aux pharmaciens d'officine de vendre des produits hors comptabilité fournisseur et payer moins d'impôts;
- la vente dans les circuits licites et illicites des génériques vendus dans de belles boites par des laboratoires dits "génériqueurs" , et qui sous le prétexte d'être moins chers que les producteurs de produits de marque ont comme seul argument de vente "c'est du générique donc c'est aussi bon et moins cher", alors que les contrôles de qualité post production sont inexistants et les échantillons envoyés pour analyse lors des demandes d'AMM n'ont rien à voir avec les médicaments effectivement vendus après,
- des prescripteurs, qui, pour obtenir dans leurs cabinet médicaux des "échantillons gratuits" dont la distribution est maintenant interdite dans de nombreux pays, mais pas dans les pays du Sud, rempliraient leurs ordonnances avec 1 ou 2 médicaments (dans 80% des cas de consultation) au lieu des 5 ou 6 références dont deux produits actifs et le reste en produits sans service médical rendu : par conséquent, le patient qui n'a pas d'argent achète systématiquement le sirop contre la toux au lieu de l'antibiotique ;
- des organisations internationales, qui au lieu de faire des doubles circuits d'achat et de distribution, mettraient leurs fonds à disposition des opérateurs locaux comme les centrales d'achat nationales, avec des contrôles à postériori opérants, au lieu de multiplier les points d'entrées, hors taxes hors douane, hors toute contrainte règlementaire (c'est normal eux, ils savent mieux que les autres !). Parfois, ils ont même comme objectif de monter des structures de grossistes répartiteurs parallèles (et bien sûr hors taxes, hors impôts etc..) et des points de distribution en dehors des centres de santé nationaux de façon à entretenir et renforcer la confusion totale des acteurs de santé et des patients. Je n'ai jamais rien vu de plus ... que de mettre à la disposition des chefs de village des antipaludéens extrêmement complexes à administrer, ce qui a pour conséquence de rendre exponentielle la consommation de quinine
injectable, car ça, au moins, les acteurs de santé et les patients savent ce que c'est et comment s'en servir !
- des Etats (et des Parlements), qui compte tenu des fonds internationaux, rationaliseraient les budgets alloués aux achats de médicaments, en tenant compte des projections d'approvisionnement de leur propres services, au lieu de continuer à voter (pour les uns) et exécuter (pour les autres) des budgets nationaux faisant doublon avec les médicaments de l'aide internationale. Et encore, si ces achats sur budgets nationaux étaient exécutés proprement, avec de vraies procédures et de vrais contrôles de qualité, comme il est d'usage aujourd'hui pour les acheteurs sérieux de produits pharmaceutiques, et non pas à la va-comme-je-te-pousse, pour aller vite et faire la promotion de tel ou tel programme (quand ce n'est pas pour telle ou telle personnalité, genre notre ministre de la santé à nous qui veut à toute force vacciner tout le monde !!), ce ne serait pas si catastrophique que ça ;
-etc.;
-etc...

Bref, un monde idéal, comme décrit par notre ami,
- avec des laboratoires sérieux, qui feraient de la recherche, de la belle promotion éthique et de la formation continue des prescripteurs,
- des génériqueurs qui fabriqueraient de beaux produits, bien propres et uniquement dans de beaux circuits bien protégés avec des pharmaciens derrière leur comptoir, et des préparateurs en pharmacie formés à leur métier,
- et enfin, un circuit public pour les plus nécessiteux, qui dispenseraient pour chaque traitement, des produits en DCI conformes aux normes de qualité internationales, moins chers parce que dans des boites moins jolies, avec des agents de santé compréhensifs et bien rémunérés pour faire un vrai travail d'éducation sanitaire et faire comprendre aux patients leur maladie et leur traitement.

Je suis absolument pour, et y compris pour la survie des délégués médicaux sérieux et des professionnels du marketing éthiques !

Mais je crains que cette position ne change pas grand chose au monde réel. En tous cas merci de m'avoir fait rêver quelques minutes.

Hélène DEGUI, hdeguifr@yahoo.fr
tel : 06 62 40 29 84

Bonjour a tous,
comme on venait de le rappeller aux journees deontologiques de l ordre des pharmaciens du Katanga en RDCongo.
Il est tres important de recycler regulierement les praticiens pharmaciens, medecins ou autres aux exigences de la deontologie, a l ethique et la probite.
Apres le rappel de la deontologie et la legislation dans le domaine de la pharmacie, de la medecine humaine et veterinaires et au regard de la pratique sur terrain des firmes pharmaceutiques generiqueurs mais presentant presque toujours leurs produits en specialite generique sous noms fantaisistes avec beaucoup de publicite, tout le monde present a medite sur sa pratique au regard de la sante publique et la justice, prete a punir selon la loi.

Ph Francois M.R.Tshitenge/SPS-MSH Provincial Representative/Katanga DRCMails: ftshitenge@msh.org; fmrtshimal@yahoo.fr
Tel: +243 (0) 81 69 95 713

Pour ma part, j'ai rencontré plus de mauvaise qualité sur les médicaments de noms commerciaux. Ce n'est pas une défense à tout prix des médicaments sous DCI. Il est évident qu'il faut tenir compte de la qualité et qu'elle a un prix.
Le secteur privé n'est pas plus à l'abri que le secteur publique.
Serge

confrère Serge
Vous avez été en RDC et vous savez bien ce que nous vivons concernant ces génériques vendus en nom commercial - par ailleurs fantaisiste et sans logique- et nos médecins sont vraiment débordés des noms pour lesquels ils n'ont aucune preuve d'efficacité.
Voici en substance ce que m'a raconté un médecin congolais qui recevait un délégué médical, pharmacien de formation.
Le pharmacien entre dans son bureau et lui dit " bonjour docteur. docteur, prescrivez mon produit, je vous garanti qu'il est efficace. Voici votre invitation pour le déjeuner de fin d'année que nous organisons pour tous ceux qui nous aident à écouler nos produits".
Il lui a laissé des échantillons médicaux du produit (qui n'avaient pas la mention " à ne pas vendre") et son invitation. Fin de la visite médicale.

Logique commerciale : quand visite médicale devient corruption, nous ne savons plus si nous pouvons la considérer encore comme un marketing.

Notons aussi qu'entre les génériqueurs et les consommateurs (les patients), il y a désormais une grande armée des commerçants véreux qui ne connaissent pas ce que vous appelez la santé des malades, et les pauvres pharmaciens ne savent plus à qui se confier. Les médicaments sont distribués par des commerçants qui en possèdent le monopole à travers les établissements de vente en gros, appelés ici "DEPOTS PHARMACEUTIQUES".
Je me permets de rappeler aussi à l'intention de tous qu'il faut nous engager vraiment dans la lutte contre ces anti-valeurs...c'est donc une lutte.
Ermus MUSAMA
Pharmacien
+237 94 77 77 27
ermuswin@yahoo.fr

Merci de votre intervention,

Corruption, laxisme, démagogie, mensonge...
L'homme est l'homme, connaissant notre comportement, organisons nous pour
limiter à défaut d'éviter les excès de tous ordres, c'est le propre de toute
société.
Le monde idéal est un rêve inaccessible à l'homme, arrêtons de rêver et
soyons responsables de nos actes.

Investir sur l'homme, donner sa chance à tous, éduquer, former, motiver,
mais aussi évaluer chacun, encourager les efforts, récompenser les
meilleurs, sanctionner les coupables...
Cela a toujours marché, partout et avec tous, il ne manque que le courage de
l'appliquer.

Bonne journée,

Michel Bournaud

Il s'agit alors de tentative de corruption qui n'est pas justiciable en
général

En tant que médecin je pense que la profession pharmaceutique pourrait jouer
un rôle majeur en prenant le flambeau de la formation (et donc de leur supervision et contrôle) de tous les para pharmaciens (= vendeurs, assistants, visiteurs).
Il faudrait mettre en place et assurer des formations courtes de 2 semaines
pour ce personnel dont personne ne s'occupe à ce jour sauf les labos

Dr JL Rey

Cher Confrère Ermus, Bonjour

Ce serait bien dommage si cet entretien a effectivement eu leu avec ce
médecin, et il n'y a pas de raison d'y douter. L'éthique et la déontologie
doivent en souffrir et l'Ordre doir rappeler ses troupes sous le drapeau et le serment de Galien confirmé ou reconformé.

L'argent ne doit pas tout acheter car la conscience reste le dernier rempart entre l'homme et la bête.
La lutte doit être engagée et avec méthode. Il me semble que les pharmaciens respectueux de la loi du pays doivent se positionner dans
les instances décisionnelles du pays, et la corporation doit les aider. Il
est également important que sur le plan financier le pharmacien se
réapproprie la profession car un glissement s'est opéré pendant plusieurs
décennies vers les commerçants ordinaires sans scrupules.

Tant que le pharmacien restera à la merci des manipulateurs des gros
capitaux qui lui jetteront des miettes en utilisant son diplôme et son
étiquette pour "vendre" les médicaments de n'importe quel origine et comme
vous le dites sans garantie d'efficacité, nous serons encore longtemps dans
la galère.

La réflexion doit être profonde et entamée tôt. Elle doit être murie avant
d'être portée à la place publique.
L'Ordre des Pharmaciens et la Commission Pharmaceutique Nationale sont entre autre institués à cet effet et devaient jouer le leadership dans ce sens.

Merci et bon dimanche

Ph NLENDA MATEPO Jacques
Président du CPOP/Bac Congo
Matadi
-

Je partage l'avis du Dr JL Rey. En effet, la formation médicale continue
constitue un véritable cheval de Troie en matière de conditionnement et
d'orientation des prescriptions. C'est précisément là que la logique
commerciale prend toute la place au détriment de la Santé publique. La
solution serait de limiter le nombre de visites faites par les délégués aux
médecins par jour et par mois. Le problème c'est comment contrôler cela?

La deuxième solution consiste en ce qui concerne :
- la prescription à diluer le pouvoir décisionnel du médecin tout en fixant
au préalable des protocoles thérapeutiques validés économiquement, en
faisant participer les autres professionnels de la santé comme pharmaciens
cliniciens, les dentistes etc. Ceci réduirait les risques d'accidents
thérapeutiques et les dépenses évitables par l'amélioration du diagnostic;

- la formation médicale continue à améliorer son indépendance (financement)
et sa rigueur scientifique. Rappelons-nous du cas du VIOXX ?!

Lassaâd M'SAHLI
Pharmacien à Tunis.

PS: La plupart des leaders d'opinions en matière de santé et qui ont résisté
et affronté dignement le lobby de l'industrie pharmaceutique est en phase de
préretraite ou sont déjà retraités. Avec l'expérience qu'ils ont acquise il
sera difficile de combler le vide causé par leur départ. Attention à cela!

Ma réaction est pour interdire l'utilisation du terme "para pharmacien", certes ce terme existe mais ne l'introduisons pas de si tôt dans notre vocabulaire et dans notre contexte, parce que justement nous sommes encore en logique commerciale.

Les pharmaciens du Cameroun ont commencé une expérience formidable - qu' ils trainent à diffuser - celle de la formation des" auxiliaires en pharmacie" soit les vendeurs en pharmacie et les visiteurs médicaux.

Ils m'ont invité à des réunions de mise au point des programmes d'études, je vous assure cher Dr Jean-Loup, deux semaines ne veulent rien dire, ce programme est sur un an et il faut bien payer ce qu'il faut pour apprendre à manipuler les médicaments et surtout que nous voulons maîtriser les glissements dont parle mon confrère Jacques de RDC.

Dans son essence première le médicament est un bien de santé et ne devrait servir que la santé, ainsi nous lutterons pour sortir de la logique commerçante des médicaments.
Ermus MUSAMA
Pharmacien
Mbanga/Cameroun
+237 94 77 77 27

Merci à tous

Je pense humblement que nos systèmes de santé en Afrique ne donneront le meilleur que lorsque nos états notamment nos politiques comprendront que la santé n'a pas de prix et que toute nation ne saurait connaitre la prospérité sans un peuple en bonne santé il ne sert à rien de parler de souveraineté quand pour une simple carie dentaire on soit obligé de partir en Europe laissant nos experts dans des structures mal famées du fait de notre manque de vision ou d'ambitions.

Dr Ibrahim Tuo Kolo
Pharmacien District Sanitaire Attecoube RCI