[e-med] L'Ong PAN Africa prévient contre le DDT dans le traitement du paludisme

PAN Africa prévient contre le DDT dans le traitement du paludisme

Dakar, Sénégal (PANA) - La représentation africaine de l'Ong internationale
Pesticide Action Network (PAN Africa) a mis en garde lundi à Dakar contre
l'utilisation du pesticide d'origine dichloro- diphényl-trichloroéthane
(DDT) dans le traitement des vecteurs du paludisme, estimant que ce produit
chimique a des impacts négatifs sur la santé et l'environnement.

Organisant son plaidoyer en marge de la Journée internationale sans
pesticides, célébrée dimanche, Pan Africa fonde ses arguments sur des études
américaines ayant révélé que le DDT est une substance potentiellement
cancérigène pour l'homme.

L'exposition au DDT est également identifiée comme un facteur de troubles
neurologiques, de retard de la croissance chez les nouveau- nés et de la
réduction de la production de lait maternel chez les nourrices.

"Nous décourageons l'utilisation du DDT dans le traitement contre le
paludisme, d'autant que dans la conduite des opérations de pulvérisation
intra-domiciliaires, il y a de fortes probabilités que le produit chimique
se répande dans l'air et engendre d'autres problèmes sur la santé et
l'environnement", a déclaré le coordonnateur de PAN Africa, le Dr Abou
Thiam.

S'exprimant au cours d'une conférence de presse, il a affirmé que les
Etats-Unis ont interdit l'utilisation de ce produit en 1972, de même que
beaucoup de pays occidentaux, après de longues années d'expérimentations à
cause essentiellement de son impact sur la santé et sur l'environnement.

L'ONG a également signalé la résistance de certains vecteurs du paludisme au
DDT, en référence aux résultats de quelques études menées récemment sur la
question, notamment en Inde, en Ethiopie, au Cameroun, au Congo, au Sénégal.

Elle soutient la promotion d'alternatives de substitution au traitement des
vecteurs du paludisme par le DDT, telles que l'approche intégrée combinant
la détection précoce des cas de paludisme et le traitement médical immédiat,
la participation de la communauté dans la notification des cas endémiques et
l'assainissement du cadre de vie et autres sites de reproduction de
moustiques et le contrôle chimique avec des petites quantités de pesticides
non persistants.

Selon un responsable de l'Organisation mondiale de la santé (OMS), le Pr.
Ousmane Faye, l'aspersion intra-domiciliaire d'insecticides persistants,
dont le DDT, aux doses indiquées sont sans danger sur la santé, soulignant
que beaucoup de pays africains envisagent l'utilisation de ce produit dans
la prévention du paludisme, conformément à la Convention de Stockholm sur
les polluants organiques persistants, signée le 22 mai 2001.

La directrice de l'Environnement et des Etablissements classés du Sénégal,
Fatima Dia Touré, a assuré que le Sénégal va mener de nombreuses études dans
le cadre de son programme national de lutte contre le paludisme (PNLP) avant
de démarrer une éventuelle utilisation du produit chimique.

Elle a annoncé que le Sénégal est choisi pour abriter, en mai 2007, la
troisième conférence des pays signataires de la Convention de Stockholm.

Le DDT a été découvert à la fin des années 1930 par le Dr Paul Muller de
Geigy qui a reçu le prix Nobel de médecine en 1948.

Le pesticide dont il est à l'origine avait été massivement utilisé à travers
le monde dans les années 1950 et 1960 dans les domaines de l'agriculture et
la prévention du paludisme.

Dakar - 04/12/2006