[e-med] L'ONU et le Sida en Afrique

E-MED: L'ONU et le Sida en Afrique

Les Etats-Unis saisissent l'ONU du probl�me du sida en Afrique : Les
nouveaux engagements financiers annonc�s par le gouvernement am�ricain sont
cependant sans commune mesure avec les besoins

Le Monde du mercredi 11 janvier 2000
site web: www.lemonde.fr

NEW YORK (Nations unies) de notre correspondante

Pour la premi�re fois, le Conseil de s�curit� de l'ONU a consacr� une
r�union � la lutte contre le sida en Afrique, innovant ainsi sur deux
fronts : d'une part, en �largissant son champ de comp�tence � des questions
autres que le maintien de la paix, et de l'autre en �tablissant un lien
entre la pand�mie et la s�curit�.

Due � l'initiative des Etats-Unis, qui assurent la pr�sidence du conseil
pendant un mois, cette r�union a �t� inaugur�e, lundi 10 janvier, par le
vice-pr�sident am�ricain Al Gore. Le projet a �t� accueilli avec r�ticence
par certains pays, notamment la Russie et la Chine, qui ont refus� de
prendre part au d�bat. Il �tait pourtant amplement justifi� par les
chiffres : selon l'ONU, le sida a tu� en 1999 2,2 millions de personnes,
soit dix fois plus que les guerres, sur le continent noir. Sur les 33,6
millions de personnes atteintes du sida dans le monde, 23,3 millions vivent
en Afrique sub-saharienne. Soixante pour cent des seize millions de
personnes mortes de la maladie �taient des Africains ; dix millions
d'orphelins du sida sont africains.

Donnant le ton, le secr�taire g�n�ral Kofi Annan a not� que le sida est
d�sormais devenu � la plus grande menace � la stabilit� �conomique, sociale
et politique en Afrique australe et orientale � et devrait donc constituer
une � priorit� imm�diate �. Pour souligner les effets d�vastateurs de la
pand�mie sur le d�veloppement socio-�conomique en Afrique, le Conseil de
s�curit� a aussi entendu, pour la premi�re fois de son histoire, le
pr�sident de la Banque mondiale James Wolensohn, ainsi que l'administrateur
du Programme des Nations unies pour le d�veloppement (PNUD), Mark
Malloch-Brown et le directeur ex�cutif d'Onusida, Peter Piot.

Le vice-pr�sident am�ricain a annonc� que les Etats-Unis avaient
l'intention de consacrer 100 millions de dollars suppl�mentaires � la lutte
contre le sida. Cette augmentation portera � 325 millions de dollars le
montant de l'engagement international de Washington contre ce fl�au. Les
fonds allou�s � la seule Afrique doivent monter � 215 millions de dollars.
M. Gore a �galement annonc� que le gouvernement am�ricain entend d�bloquer
50 millions de dollars pour l'achat de vaccins contre les maladies
infectieuses qui ravagent les pays pauvres. Ces deux engagements financiers
doivent cependant �tre approuv�s par le Congr�s dans le cadre du budget de
2001.

  L'ACC�S AUX TRAITEMENTS

� Au coeur de l'objectif de s�curit�, il y a la protection des vie
humaines, a d�clar� le vice-pr�sident am�ricain, et nous savons que le
nombre de personnes qui vont mourir du sida pendant la premi�re d�cennie du
XXIe si�cle sera comparable au nombre de ceux qui sont morts dans les
guerres au cours de tout le XXe si�cle. � � Il faut donc, a-t-il ajout� ,
que nous regardions la s�curit� � travers un prisme nouveau et plus large.

C'est cette approche �largie des responsabilit�s du Conseil de s�curit� qui
� d�range � les pays comme la Russie et la Chine. � Ils se disent, selon un
diplomate, que si le sida est aujourd'hui consid�r� comme une menace pour
la paix et la stabilit�, demain, ce sera peut-�tre le tour des droits de
l'homme... �.

Parlant au nom de la France, l'ambassadeur Alain Dejammet a insist� sur la
n�cessit� pour les pays pauvres d'avoir acc�s aux traitements. Il a rappel�
l'initiative fran�aise du Fonds de solidarit� th�rapeutique (FSTI), qui met
� la disposition des pays du Sud des m�dicaments pour r�duire la
transmission du virus de la m�re � l'enfant et prend en charge le
traitement des m�res. � Pourra-t-on accepter longtemps que les traitements
soient au Nord et les malades au Sud ? �, a demand� M. Dejammet, qui a
appel� les Nations unies � organiser une conf�rence r�unissant industries
pharmaceutiques, pays donateurs et pays b�n�ficiaires. Plusieurs ministres
africains de la sant� se trouvaient dans la salle, dont celui du Zimbabwe,
Timothy Stamps. Son intervention a �t� particuli�rement remarqu�e. Evoquant
les � 600 milliards de dollars � d�pens�s pour faire face au risque du
bogue de l'an 2000, rappelant que dans son pays mille personnes par semaine
sont victimes du sida, il s'est �tonn� que � des �tres intelligents dans le
monde d�velopp� soient aussi inconscients de ce qui se passe sur le
continent africain depuis quinze ans � et s'est demand� si � cette
indiff�rence est uniquement due � l'ignorance ou si c'est une nouvelle
forme de discrimination raciale, d'�puration ethnique �.

Tout en se f�licitant de l'initiative de Washington, le directeur ex�cutif
d'Onusida a affirm� qu'il faudrait mobiliser � entre 1 et 3 milliards de
dollars par an � pour lutter efficacement contre la propagation de la
maladie en Afrique. Le pr�sident de la Banque mondiale a affirm� que le
fl�au est d�sormais � la priorit� num�ro un � de la Banque en Afrique.
Certains fonctionnaires de la Banque notent cependant que les financements
qu'elle consacre � la lutte contre le sida � n'ont cess� de baisser �
depuis 1995.

L'administrateur du PNUD a rappel� que les Etats-Unis d�pensent dix
milliards de dollars chaque ann�e pour la lutte contre le sida chez eux o�
apparaissent 40 000 nouveaux cas par an, alors que 165 millions de dollars
sont d�pens�s en Afrique o� quatre millions de personnes sont atteintes
chaque ann�e...

Cette r�union s'inscrit dans le cadre d'autres sessions pr�vues tout au
long du mois de janvier, d�cr�t� � mois de l'Afrique � par l'ambassadeur
am�ricain Richard Holbrooke. Rappelant que 12 % des Am�ricains sont
d'origine africaine, les observateurs notent la dimension politique de ce �
regain d'int�r�t � des Etats-Unis pour l'Afrique, en soulignant qu'il ne
s'accompagne pas d'un semblable int�r�t �conomique.

  Afsan� Bassir Pour

Post� par Carinne Bruneton
ReMeD

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