[e-med] L'opaque �lection du directeur de l'OMS

E-MED: L'opaque �lection du directeur de l'OMS
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L'opaque �lection du directeur de l'OMS
Le choix du DG de l'Organisation mondiale de la sant� ne repose sur aucun
crit�re d�fini.

Par Eric FAVEREAU

mardi 28 janvier 2003

http://www.liberation.fr/page.php?Article=84210

Les candidats ont pass�, hier, un grand oral devant les 32 membres du
conseil ex�cutif pour �voquer leur vision de la sant� publique mondiale.

Ils ont tous pass� un grand oral. Les cinq candidats qui restaient en liste
pour d�crocher le poste de nouveau directeur g�n�ral de l'Organisation
mondiale de la sant� (OMS) ont d� plancher, ce lundi, devant les 32 membres
du conseil ex�cutif. Et �voquer leurs visions de la sant� publique mondiale.

G�opolitique. Une �vidence, dira-t-on. Et, pourtant, c'est une premi�re :
jusqu'� pr�sent, l'�lection du nouveau directeur de l'OMS se d�roulait sans
cet examen, reposant sur d'autres crit�res que ceux li�s aux qualit�s
programmatiques du candidat. Au sein de l'OMS, c'est le conseil ex�cutif
compos� de 32 membres cens�s repr�senter les cinq grandes r�gions � qui
choisit le candidat, dont le nom sera ensuite ent�rin� par l'assembl�e
g�n�rale de l'OMS, en mai. Pour faire ce choix, il n'y a que des r�gles...
non �crites. On affirme qu'un Europ�en ne peut pas succ�der � un autre
Europ�en. On explique que le choix correspond � un savant dosage
g�opolitique, recoup� avec la nationalit� des responsables des autres
agences internationales. On note que ce processus �lectoral �chappe aux
grands pays... qui n'ont qu'une voix. On remarque, enfin, que comme Gro
Harlem Brundtland, Norv�gienne, actuelle directrice g�n�rale de l'OMS, �tait
une ancienne Premi�re ministre, il serait de bon ton de garder ce �statut�
pour le prochain.

Bref, il se dit plein de choses. Mais tous les observateurs ont, par
exemple, en m�moire les conditions de la r��lection du Japonais, Hiroshi
Nakajima, en 1993. Celui-ci ayant eu la bonne id�e d'offrir de somptueux
cadeaux aux 32 mem bres du conseil ex�cutif, il a �t� r��lu.

La comp�tence n'a pas toujours �t� la qualit� la plus demand�e. Au point
que, cet automne, les grandes revues m�dicales internationales ont voulu
lancer une vaste campagne pour demander �un peu de transparence� dans le
choix d'un responsable qui va devoir traiter le dossier essentiel de la
plan�te : sa sant�. Et cela � l'heure o� 4 millions de personnes meurent du
sida chaque ann�e, 2 millions du paludisme, 3 millions de tuberculose, etc.
�On ne peut plus continuer comme avant�, �crivait ainsi, en d�cembre
dernier, l'�ditorialiste de The Lancet : �Devant la complexit� des d�fis
pour d�signer les strat�gies appropri�es, le processus �lectoral doit �tre
transparent et le d�bat vigoureux.�

�D�sastres.� Et la revue de citer une s�rie de questions � poser aux
candidats. Des questions g�n�rales : �Quelle est votre vision de la sant�
globale dans les dix prochaines ann�es ?� Mais aussi plus pr�cises : �Le
continent africain est totalement effondr�, comme aucune autre r�gion au
monde. Comment l'OMS se propose-t-elle de r�pondre aux d�sastres
humanitaires li�s au sida ?� Et des interrogations techniques : ainsi le
budget r�gulier de l'OMS est chroniquement sous-financ�. Pour 2002-2003, le
budget total est de 2,223 milliards de dollars, mais seulement 843 millions
de dollars proviennent de la contribution r�guli�re des Etats membres.
�Peut-on continuer ainsi ?� Sans oublier des probl�matiques essentielles,
comme celles des liens � �tablir avec l'industrie pharmaceutique.

Peu d'effets. De fait, cette campagne de presse n'aura eu que peu d'effets.
Au-del� du grand oral de ce lundi matin, le processus de l'�lection du
nouveau directeur de l'OMS est rest� bas� sur des crit�res non explicit�s. A
l'image de l'attitude de la France, qui a maintenu une strat�gie complexe
sur ce dossier : lorsqu'en ao�t dernier Gro Harlem Brundtland a annonc� son
d�part, deux candidats fran�ais se sont d�clar�s : le Pr Alain Pompidou,
d�put� europ�en mais surtout fils de l'ancien pr�sident de la R�publique, et
Bernard Kouchner. Il n'y a eu aucun d�bat. Comme pour �viter la moindre
embrouille franco-fran�aise, les autorit�s fran�aises ont aussit�t fait
savoir qu'elles choisissaient le... Premier ministre du Mozambique. Les
raisons ? Jean-Fran�ois Mattei, ministre de la Sant�, le reconna�t sans
fausse pudeur : �Je n'en sais rien, on ne m'a pas demand� mon avis. Mais
c'est une bonne chose que l'on ait choisi un Africain.�

Quand on interroge le Quai d'Orsay, on explique � demi-mot que �cela ne
pouvait pas �tre un Europ�en�. Et que choisir un Africain non francophone
�tait une mani�re de s'ouvrir � cette autre partie de l'Afrique. Certes,
mais quid du programme du Premier ministre du Mozambique ? Aucun
responsable fran�ais interrog� n'a �t� capable d'en dire plus de trois mots.

[Mod�rateur: sid�rant! consternant! CB]

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