[e-med] Paludisme : de nouveaux médicaments à prix abordables au Cameroun

Le ministre de la santé a publié en date du 5 février 2007, les prix dans le
secteur public des combinaisons thérapeutiques à base d’artémisine (ACT)
utilisées dans la prise en charge du paludisme non compliqué. Les prix de
cession aux patients des combinaisons artésunate + amodiaquine et
arthémether + luméfantrine varient de 140 F CFA à 600 F CFA. Ces prix ont
été rendus possibles grâce à une subvention du Fonds Mondial de lutte contre
le sida, la tuberculose et le paludisme et les procédures d’appel d’offres
internationaux pratiquées par la centrale nationale d’approvisionnement en
médicaments et consommables médicaux essentiels (CENAME) pour l’acquisition
des produits pharmaceutiques.

Les nouveaux prix entreront en vigueur sur toute l’étendue du territoire
national à compter du 19 février 2007 et feront l’objet d’un contrôle strict
au niveau de toutes les structures du système national d’approvisionnement
en médicaments essentiels. Les prix de cession feront l’objet d’un affichage
public dans toutes les formations sanitaires.

La mise en place dans le pays de combinaisons thérapeutiques à base d’
artémisine fait suite au retrait du marché national, le 8 mai 2006 de 42
médicaments utilisés en mono thérapie devenus peu efficaces dans la prise en
charge du paludisme du fait des résistances. Les négociations sont en cours
avec la distribution privée afin qu’elle accède à ces nouveaux produits à
travers la CENAME, mais à des prix homologués.

Christophe PRAT
Conseiller Pharmaceutique
Ministère de la santé publique du Cameroun
Cellulaire : 00 237 625 82 65
e-mail : ceprat2@yahoo.fr

Merci de bien vouloir spécifier l'unité de conditionnement à laquelle les
prix cités correspondent.

Dr Sergio Giani
aidemet@afribonemali.net

Voici le détail des prix (en F CFA) des ACT subventionnées par le Fonds
Mondial et le Gouvernement Camerounais :

Médicament Prix CENAME - Prix Formations Sanitaires publiques
AS + AQ 50/153mg 3 + 3 118 140
AS + AQ 50/153mg 6 + 6 194 230
AS + AQ 50/153mg 12 + 12 337 400
AL 20/120mg 6 x 1 236 280
AL 20/120mg 6 x 3 421 500
AL 20/120mg 6 x 4 505 600

Christophe PRAT
Conseiller Pharmaceutique
Ministère de la santé publique du Cameroun
Cellulaire : 00 237 625 82 65
e-mail : ceprat2@yahoo.fr

Je suis un peu étonnée que les nouveaux prix à payer pour les ACT restent
relativement élévées pour les patients.

Si on parle de subvention faite par le Global Fund pour les médicaments, en
faite il s'agit bien d'un financement complet par les fonds internationaux?
Je ne vois pas très clair pourquoi on choisit de faire payer les patients
une deuxième fois un produit qui déjà a été financé par le bailleur de
fonds- dans ce cas le Fonds Global?

Il est généralement reconnu que le paiement pour des médicaments constitue
une barrière importante pour pas mal de personnes. Meme une somme entre
140-600 CFA peut constituer une barrière pour le patient, surtout qu'il
faut ajouter à ce prix des médicaments, le prix du diagnostic (tests),
d'autres médicaments qui font partie du traitement (comme asa ou
paracetamol), la consultation et/ou d'autres actes.

Avec 40% de la population vivant sous le seuil de pauvreté nationale (selon
le site de la Banque mondiale 2001), le paiement pour des médicaments
essentiels peut mener pour beaucoup de gens à des délais avant d'obtenir
des soins ou le choix d'une alternative moins chère mais moins efficace,
des sous-dosages ou des traitements incomplets.

Dans une étude que MSF a mené au Tchad dans le district de Bongor nous
avons investigué les obstacles financiers au traitement de malaria (ACT
subventionné) et nous avons trouvé des résultats indiquant des problèmes
importants, meme auprès des familles qui habitaient très près des centres
de santé (moins de 5 km). Bien que les médicaments étaient disponibles dans
les centres de santé, le prix subventionné demandé n'était pas abordable
pour les patients.
Le cas du Tchad est surement pas unique, beaucoup de publications ont
démontré que si on s'attaque pas sérieusement aux obstacles liés au
paiement par le patient pour des soins essentiels -comme pour le traitement
du paludisme- contraignent les services de santé à répondre de manière
adéquat aux besoins de la population en termes de santé.

Le Fonds Global aussi bien que les autorités sanitaires connaissent ces
risques liés au paiement par les patients, qui ont des répercussions pas
seulement au niveau des patients individuelles (en nombre important) mais
est un obstacle réel à obtenir une couverture suffisante pour un traitement
d'intéret santé publique. Sans couverture suffisante du traitement
efficace, il risque d'y avoir peu de chance d'avoir un impact significatif
sur la mortalité liée à la malaria, comme cité dans les objectifs de
développement pour le millénaire.

Je trouve donc ceci assez aberrant de faire payer les patients une deuxième
fois pour des médicaments déjà financés par un bailleur international.
Vu les conséquences négatives sur l'utilisation des soins essentiels
documentées dans plusieurs pays, je trouve ceci assez en opposition avec
les déclarations politiques qui sont fait dans le cadre des OMD (dont la
réduction de la mortalité infantile et du paludisme) ....

Dr. Mit Philips
Analyste Accès aux Soins
Médecins Sans Frontières
Bruxelles, Belgique
email: mit.philips@msf.be

Je suis d'accord avec Monsieur Philips que c'est hautement aberrant de faire payer une deuxième fois des médicaments déjà achetés (disons le mot) par un bailleur international. Mais le Fonds Mondial financera-t-il ad vitam ces médicaments pour les populations nécessiteuses du Cameroun, surtout que nous sommes dans un contexte d'endémie?
  C'est également vrai que le niveau de pauvreté en Afrique est tel que beaucoup de gens pourraient être limités par les prix fixés pour l'acquisition de ces ACT.
  Il me semble cependant que l'action gouvernementale en fixant ces prix aux patients pourrait se défendre si son intention est d'assurer un certain recouvrement des coûts, afin de pouvoir disposer de fonds plus tard pour renouveler l'acquisition de ces médicaments, au cas où le financement du Fonds Mondial ne serait pas reconduit.
  Je dis celà parce que d'après ce que je sais, les mêmes types de réflexions sont actuellement en cours au Burkina Faso où la CAMEG (Notre Centrale d'Achats des Médicaments Essentiels) s'apprête à acquérir lesdites combinaisons dans le cadre du Programme National de Lutte contre le Paludisme sur financement de même source.
   
  Dr Bérenger B. KIEMA
  Ancien DPM - Burkina Faso
  E-mail: kbasga@yahoo.fr

Et nous voila repartis dans les discussions de sourds sur la gratuité des
médicaments et la pérennité des programmes. Il est sans doute établit que
pour avoir un impact sur les grandes endémies dans les pays pauvres, le
traitement doit être donné gratuitement pour garantir que tous en auront
accès. La contribution financière est une barrière qui limite l'accès de la
grande majorité des populations aux médicaments, donc réduit les chances
d'avoir des impacts significatifs sur les endémies.

Il faut que les autorités sanitaires des pays en développement comprennent
une bonne fois qu'une population pauvre et malade ne peut garantir la
pérennité des programmes sanitaires. Il est de leur devoir, en collaboration
avec les partenaires financiers, la société civile, le secteur privé, de
trouver les systèmes pérennes de financement de la santé. Si non, dans le
raisonnement actuel, nous aurons toujours une population toujours malade
parce que n'ayant pas les moyens de s'offrir les médicaments disponibles,
une population toujours pauvre parce que n'ayant pas une bonne santé pour
produire des richesses et par conséquent des pays toujours sous développé
parce que n'ayant jamais pu donner la santé à leurs populations pour leur
permettre de produire des richesses (avec en prime des programmes de santé
qui seront toujours basés sur l'aide extérieur).

Simon KABORE
Coordonnateur
Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
Tel bureau: 226 50 34 55 32
Portable: 226 70 24 44 55
E-mail: simonkabore@rame-bf.org
Site web: www.rame-bf.org

de nombreuses études ont montré que les familles africaines dépensaient de
très grosses sommes pour se soigner (souvent sans efficacité
malheureusement)
il faut donc relativiser le discours sur les populations incapables de
dépenser pour leur santé

si réellement certains ne pouvaient avancer ces sommes il faut inventer un
système de couverture médicale par mutuelle ou coopérative

les prix annoncés sont équivalents à ceux de 2 ou 3 cigarettes et inférieurs
à celui d'une bière

Jean loup REY
médecin de santé publique
Le Barry
04180 Villeneuve
06 16 53 83 30
jean-loup.rey@wanadoo.fr

Le fonds a été obtenu pour une durée de cinq ans, c'est la phase de
démarrage (Phase I)
Il faut arriver à ce qu'une autonomie budgétaire puisse être atteinte à
terme (en ajoutant des ressources additionnelles, dont celles de l'Etat) ;
une participation des patients est alors sollicitée.
Il faut aussi veiller à ce que le traitement du paludisme soit effectué
après un examen clinique et / ou biologique (pour l'instant microscopique)
Le traitement doit si possible être supervisé (réévaluation après 48h00)
De plus, il faudra encourager d'utiliser AS + AQ pour des raisons de coût
(il a été prévu plus d'AS + AQ que d'AL)
Les médicaments retenus sont : ARSUCAM, FALCIMON et COARTEM
En outre, des négociations sont en cours avec les pharmaciens d'officines
privés pour que ceux-ci accèdent à ces produits (mais avec un prix
administré)
Tout ceci fait que la quantification des besoins n'est pas aisée et que des
ajustements s'opéreront par la suite en fonction des progrès obtenus (des
actions de formation, diagnostic biologique, IEC, contrôle de la qualité,
pharmacovigilance, suivi/évaluation sont notamment prévus)

Christophe PRAT
Conseiller Pharmaceutique
Ministère de la santé publique du Cameroun
Cellulaire : 00 237 625 82 65
e-mail : ceprat2@yahoo.fr

-----Message d'origine-----
part de Bérenger B. KIEMA
Envoyé : jeudi 22 février 2007 19:48
Cameroun

Je suis d'accord avec Monsieur Philips que c'est hautement aberrant de faire
payer une deuxième fois des médicaments déjà achetés (disons le mot) par un
bailleur international. Mais le Fonds Mondial financera-t-il ad vitam ces
médicaments pour les populations nécessiteuses du Cameroun, surtout que nous
sommes dans un contexte d'endémie?
  C'est également vrai que le niveau de pauvreté en Afrique est tel que
beaucoup de gens pourraient être limités par les prix fixés pour
l'acquisition de ces ACT.
  Il me semble cependant que l'action gouvernementale en fixant ces prix aux
patients pourrait se défendre si son intention est d'assurer un certain
recouvrement des coûts, afin de pouvoir disposer de fonds plus tard pour
renouveler l'acquisition de ces médicaments, au cas où le financement du
Fonds Mondial ne serait pas reconduit.
  Je dis celà parce que d'après ce que je sais, les mêmes types de
réflexions sont actuellement en cours au Burkina Faso où la CAMEG (Notre
Centrale d'Achats des Médicaments Essentiels) s'apprête à acquérir lesdites
combinaisons dans le cadre du Programme National de Lutte contre le
Paludisme sur financement de même source.

  Dr Bérenger B. KIEMA
  Ancien DPM - Burkina Faso
  E-mail: kbasga@yahoo.fr