[e-med] Production locale d'ARV au Congo-Kinshasa

Congo-Kinshasa: Des médicaments ARV encore inaccessibles

UN Integrated Regional Information Networks
13 Décembre 2006
Publié sur le web le 13 Décembre 2006
Kinshasa

Des milliers de personnes séropositives en attente d'antirétroviraux (ARV)
en République démocratique du Congo (RDC) fondent leurs espoirs sur une
fabrique d'ARV génériques établie dans l'est du pays, qui espère recevoir le
feu vert des autorités sanitaires internationales pour pouvoir distribuer
largement ses médicaments.

Depuis le mois d'avril 2005, la RDC produit des médicaments ARV génériques,
à Bukavu, dans la province du Sud-Kivu, à l'est du pays. La fabrication
d'ARV par Pharmakina est une grande première en Afrique centrale, cependant
le laboratoire doit attendre l'approbation de l'Organisation mondiale de la
Santé (OMS) avant de poursuivre ses activités.

«Notre capacité de production est de 180 000 médicaments par mois, mais nous
ne recevons pas de réelles demandes, sauf de la part de quelques personnes»,
a déclaré le docteur Pierre Mulema, responsable de la section VIH/SIDA de
Pharmakina.

Médecins Sans Frontières est la seule organisation à fournir des ARV à
Bukavu et propose gratuitement des traitements à plus de 600 patients. A
l'heure actuelle, les médicaments proviennent de la Hollande.

Pharmakina fabrique une version générique de la stavudine, lamivudine et
névirapine, baptisée 'Afri-Vir'. Le gouvernement congolais a autorisé la
mise sur le marché de ces ARV en juin 2005.

Le docteur Andre Adanji, point focal urgence et action humanitaire de l'OMS
à Bukavu, a déclaré que l'agence onusienne effectuait des tests sur les
médicaments produits par Pharmakina.

«Nous avons déjà reçu des échantillons. Ils ont été envoyés à Genève où ils
vont être testés», a-t-il précisé.
En outre, l'OMS a fait part de son soutien à Phamarkina, mais l'agence
onusienne doit s'assurer de la qualité des médicaments avant d'autoriser
leur exportation en dehors de la RDC.

«Notre capacité de production permet de satisfaire les besoins en ARV de
toute la RDC et d'en exporter aux pays voisins», a insisté docteur Pierre
Mulema. «Il y a un réel besoin en ARV de bonne qualité en RDC», a-t-il
ajouté.

Mais comme le coût des ARV fabriqués par Pharmakina s'élève à 22 dollars par
mois, bon nombre de personnes séropositives au Sud-Kivu n'ont pas les moyens
de s'en procurer.

Dix années de conflit ont détruit un système de santé déjà chancelant au
Sud-Kivu. Les groupes rebelles des pays voisins et les milices armées
congolaises ont systématiquement pillé les villages et mis à sac les centres
sanitaires.

La population rurale est de plus en plus sensibilisée au VIH/SIDA et les
campagnes d'éducation se mettent progressivement en place.
Cependant, les centres de dépistage et de traitement sont encore peu
nombreux, le personnel qualifié préfère quitter la région et les autorités
sanitaires locales se battent pour se réapprovisionner en médicaments.

«Nous sommes confrontés à un grave problème d'approvisionnement en ARV. De
toute évidence, un grand nombre de malades dont l'état de santé requiert des
ARV n'y a pas accès», a regretté Médard Mpinda, coordinateur du Programme
national multisectoriel pour la lutte contre le sida (PNMLS), l'organe
national chargé de la coordination de la lutte contre le VIH/SIDA en RDC.
Le docteur Andre Adanji a souligné qu'il était encore trop tôt pour parler
d'un accès national aux ARV en RDC.

Pharmakina exhorte le gouvernement et les principales ONG à soutenir la
production locale d'ARV et à faciliter la mise sur le marché des
médicaments. MSF-Hollande, qui importe actuellement des ARV d'Amsterdam, a
déclaré envisager de s'approvisionner auprès de Pharmakina.

«Une production locale permettra de sauver des milliers de vie en
économisant simplement du temps et de l'argent», a affirmé Pierre Mulema.
«Des ARV de bonne qualité sont disponibles et des patients qui ont besoin
d'un traitement ne peuvent y avoir accès, cela est vraiment insupportable»,
a-t-il déploré.