La molécule du Tamiflu plus facile à produire
Bulletins électroniques de l'ADIT
le mercredi 08 mars 2006
http://www.bulletins-electroniques.com/actualites/32475.htm
Un groupe de chercheurs de l'Université de Tokyo a annoncé avoir réussi à
synthétiser artificiellement la molécule active du Tamiflu (ou oseltamivir)
à partir d'un composé pétrochimique, alors que les méthodes jusqu'ici
utilisées faisaient appel à l'acide shikimique contenu dans l'anis étoilé
(ou badiane), et à la biofermentation à l'aide de bactéries E. Coli.
Cette découverte va peut-être permettre de résoudre le problème de la
fabrication de l'oseltamivir, produite pour deux tiers par l'anis étoilé, et
pour un tiers grâce à la biofermentation.
La production à base de badiane est soumise à l'approvisionnement en anis
étoilé venant du sud de la Chine; l'exploitation est limitée du fait de la
lenteur de maturation du fruit (6 à 10 ans après plantation de l'arbre) et
des variables climatiques (sécheresse...). De plus, l'extraction même de
l'acide shikimique à partir de la plante est longue et laborieuse.
Récemment, les laboratoires Roche ont réussi à obtenir la même molécule lors
d'une biofermentation à base d'Escherichia Coli, faisant intervenir près de
50 composants dans le procédé.
Avec ces différentes méthodes, le processus de fabrication prend environ dix
mois, ce qui peut être long si l'on veut réagir rapidement en cas de
pandémie grippale.
Or les chimistes de l'Université de Tokyo, menés par le Pr. Masakatsu
SHIBASAKI, ont remplacé l'acide shikimique par une molécule de 1,4
cyclohexadiène, produite grâce aux réactions d'hydrogénations catalysées qui
furent découvertes par le prix Nobel de chimie Ryoji NOYORI (aujourd'hui
président du RIKEN).
L'Université de Tokyo a déposé une demande de brevet le 23 février dernier.
Elle est par ailleurs en négociations avec le groupe pharmaceutique Roche
(fabricant du Tamiflu) pour lui permettre d'utiliser ce nouveau procédé.