[e-med] TCHAD: Reprise du financement des programmes de lutte contre le sida

TCHAD: Reprise du financement des programmes de lutte contre le sida
http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?ReportId=73796
  
JOHANNESBOURG, 17 août 2007 (PlusNews) - Près d’un an après avoir bloqué une
enveloppe de plus de 20 millions de dollars américains, destinée au
financement des programmes de lutte contre le sida et la tuberculose au
Tchad, le Fonds mondial pour la lutte contre le sida, la tuberculose et le
paludisme a annoncé cette semaine qu’il levait cette sanction qui a tant
pénalisé certaines actions en faveur de la lutte contre la pandémie, ont
indiqué des autorités sanitaires.

En novembre 2006, le Fonds mondial avait gelé un financement, sur cinq, d’un
programme estimé à plus de 20 millions de dollars américains destinés à la
lutte contre la pandémie au Tchad. Cette décision faisait suite à des
allégations faisant état de détournement d’argent et de l’incapacité des
organisations bénéficiaires à gérer ces fonds.

Selon Claire Mulanga, coordinatrice pays du Programme commun des Nations
Unies sur le VIH/SIDA (ONUSIDA), les subventions versées n’ont pas été
utilisées de manière appropriée par les organisations, ce qui explique que
très peu d’actions ont été menées en faveur de la lutte contre la pandémie
au Tchad.

« Etant donné que nous ne disposons pas de représentation sur place, il est
indispensable que les principaux bénéficiaires de ces fonds aient les
compétences requises pour bien gérer ces financements. Ce n’était
malheureusement pas le cas au Tchad », a expliqué à IRIN/PlusNews Nicholas
Demey, chargé de l’information au Fonds mondial. En outre, « des
détournements d’argent ont été constatés », ce qui a poussé le Fonds mondial
à prendre un certain nombre de mesures.

Depuis cet incident, les agences des Nations Unies, le gouvernement et les
autres partenaires au développement ont pris certaines mesures « pour
s’assurer que cela ne se reproduise plus », a-t-il ajouté.

Des procédures plus strictes ont été mises en place : les partenaires
techniques seront davantage impliqués dans le processus ; désormais le
Secrétariat du Fonds mondial suivra de plus près les activités du principal
bénéficiaire ; des audits seront également effectués régulièrement, avec un
contrôle plus rigoureux des dépenses.

« Les sommes détournées sont en train d’être remboursées et les auteurs de
ces détournements ont été démis de leurs fonctions. A présent, il nous faut
disposer des ressources humaines appropriées, afin de mener à bien ces
projets », a poursuivi Mulanga.

Le Dr Barou Djouater, coordinateur du Programme National de Lutte contre le
Sida, se félicite de cette initiative : « Nous avons travaillé dur pour
remplir toutes les conditions posées par le Fonds mondial. Beaucoup de
personnes ont souffert. A présent, nous nous mettons à la tâche ».

Le Tchad, qui affiche un taux de séroprévalence de 4,8 pour cent, comptait
énormément sur les ressources du Fonds mondial. « Ce pays est très pauvre et
très peu de bailleurs s’engagent à y investir. Le gel cette aide a donc
constitué une énorme perte pour le pays. Il n’y avait aucun autre moyen
d’obtenir de l’argent pour financer les programmes de lutte contre le sida
», a expliqué Mulanga au correspondant d’IRIN/PlusNews.

Même si le Fonds mondial a continué à assurer l’approvisionnement en
antirétroviraux, des médicaments permettant de rallonger l’espérance de vie
des malades, certaines initiatives, telles que la prévention de la
transmission du VIH de la mère à l’enfant, les campagnes de sensibilisation
de masse, ainsi que les projets de soutien aux orphelins, ont presque toutes
été interrompues.

La guerre qui déchire la région occidentale du Darfour, au Soudan voisin,
déstabilise de plus en plus l’est du Tchad. Les attaques perpétrées contre
des civils en République Centrafricaine, au sud, ont entraîné des vagues de
déplacés vers le Tchad, menaçant ainsi la sécurité de la région.

M. Mulanga a par ailleurs indiqué que le conflit et l’instabilité du pays
ont également réduit les capacités du gouvernement à répondre efficacement à
l’épidémie.
« Le sida ne fait pas partie des priorités…le gouvernement est davantage
préoccupé par la gestion de ce conflit ».

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