Traitement de la drépanocytose : le «Faca», une trouvaille de chercheurs
burkinabè
Sidwaya (Ouagadougou)
6 Février 2006
Publié sur le web le 7 Février 2006
Boureima Sanga Bsanga2003@yahoo.fr
Le chef de département de l'IRSS, Pr. Pierre Guissou : «Nous maîtrisons
parfaitement les effets secondaires du Faca. Nous sommes sûrs de son
efficacité». Maladie génétique, héréditaire, la drépanocytose cherche
difficilement son remède. Médecine moderne et traditionnelle s'évertuent à
proposer des traitements.
Au Burkina, les chercheurs du Centre national de recherche scientifique et
de technologie (CNRST) ont découvert un produit, «Faca», qui donne de
meilleurs espoirs.
Le «Faca», made in Burkina, est une combinaison de deux plantes, le Fagara
xanthoxyloïde (Rutaceae) et le calotropis procera (Asclepiadaceae). La
première plante pousse dans la région de l'Ouest du Burkina. Le calotropis
se trouve un peu partout sur le territoire burkinabè. Selon le chef de
département de l'Institut de recherche en science de la santé (IRSS), le Pr
Pierre Guissou, les deux plantes, prises isolement agissent sur la
drépanocytose;. «Mis ensemble, le résultat est satisfaisant».Très sûr de
l'efficacité du «Faca» (disponible en gellule), le Pr Guissou affirme qu'il
donne de meilleurs résultats souvent plus que les produits modernes.
Le «Faca» est disponible en gellule, correspondant au niveau 2 du classement
des produits de la pharmacopée par l'OMS.
Ce produit est curatif et préventif, précise le Professeur. Pendant les
crises, une semaine de traitement suffit pour soulager le patient. Le
«Faca», pris pendant un mois de traitement préviendrait les crises pendant
quatre à cinq ans. Outre leurs substances contre la drépanocytose, les deux
plantes possèdent des vertus contre le cancer sur lesquelles les chercheurs
burkinabè sont en train d'expérimenter. Aussi avec les partenaires
européens, l'IRSS a découvert dans ces plantes de nouvelles molécules qui
n'avaient jamais été décrites nulle part ailleurs d'un point de vue
chimique. Ces molécules sont identifiées sous le nom burkinabè A, B et C.
Cependant, les moyens manquent pour en faire un brevet.
L'accessibilité du «Faca»
Découvert depuis 1990 par des essais cliniques, le «Faca» a «séjourné»
pendant longtemps au laboratoire et a fait l'objet de plusieurs tests. Toute
chose, selon les chercheurs, afin de s'assurer de l'efficacité du produit et
répondre aux exigences de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et du
ministère de la Santé. En attendant l'autorisation de mise sur le marché (au
cours de l'année 2006), le «Faca» est en phase d'essai dans certaines
pharmacies de la place mais aussi à l'étranger, Mali, Niger, Cameroun,
Guinée Fabriqué à l'usine au CNRST, le «Faca» est disponible et accessible à
un coût de 4000 FCFA/sachet de 100 gellules. L'usine, fruit de la
coopération belgo- burkinabè, peut fabriquer les comprimés comme le
paracetamol, la nivaquine. Elle dispose de machines d'une capacité de 2000
comprimés par minute.
Le chemin vers le «Faca»
Tout est parti d'un étudiant en 6 e année de médecine à l'université de
Ouagadougou. En stage en milieu rural dans l'Ouest du Burkina, l'étudiant
s'est interessé à un traditérapeute soignant des enfants victimes de crise
drepanocytaire. Emerveillé par ces résultats de soin de ce tradipraticien,
il pousse davantage sa curiosité de médecin.
Le fagara... Ainsi, il en formule un thème de recherche pour son mémoire de
doctorat. Après sa soutenance, son directeur de mémoire, Pierre Guissou
engage l'IRSS vers la valorisation de ce produit traditionnel. Pour le
promoteur, le Pr. Guissou, la médecine traditionnelle a des données
d'intérêt. En effet, il faut que les acteurs de la médecine travaillent
davantage à la valoriser. « Le Burkina a des ressources humaines capables de
travailler. S'il y a les moyens nous pouvons évoluer comme les Chinois avec
leur médecine chinoise» , a - t- il soutenu. Si ce produit obtient son
autorisation de mise sur le marché, il pourrait être vulgarisé hors de nos
frontières et lutter contre la drépanocytose considérée comme un problème de
santé publique en Afrique. Au Congo, selon le Pr. Samuel Nzingoula, elle «
est un grave problème de santé publique et un réel drame social» . Lors des
états généraux de la maladie tenus au Congo Brazzaville en 2005, il ressort,
selon le même professeur, q ue « sur une population d'environ 3 millions
d'habitants, 1/4 est porteur de trait, transmetteur de la maladie. 2% des
enfants naissent drépanocytaire (malade) avec 35% d'hospitalisations pour
une durée moyenne de 10 jours et une mortalité d'environ 4% chez les malades
hospitalisés».
..... Et le calatropis ont donné le «Faca», médicament contre la
drépanocytose.
Au Burkina, on ne dispose pas de statistiques nationales mais selon le Dr
Jonas Ayeroué, 120 enfants drépanocytaires suivent des traitements à
l'hôpital Yalgado- Ouédraogo. Aussi une étude faite à Ouagadougou (en 2000)
dans deux maternités montre que 3% des nouveau-nés sont drepanocytaires (SS
ou SC ) et 30% porteurs de gènes S ou C. Vivement que le «Faca» soit mis sur
le marché pour le bonheur des patients.