AIDS 2024 : « Lénacapavir… quel prix pour mettre fin au VIH ? » | Aides

Lénacapavir en générique : « Gilead, faites en sorte que cela arrive ! »

Mais LE moment le plus marquant de cette plénière d’ouverture est sans aucun doute l’intervention puissante de la directrice exécutive de l’Onusida, Winnie Byanyima. Dans un premier temps, la militante a rappelé les données du nouveau rapport de l’Onusida publié le jour même « The Urgency of Now : AIDS at a Crossroads » (« L’urgence du moment : le sida à la croisée des chemins », voir encart ci-dessous) : « 77% des personnes vivant avec le VIH suivaient un traitement antirétroviral en 2023, contre 47 % il y a neuf ans. Une augmentation de 30 %. Ils disaient que c’était impossible, mais grâce à la solidarité, vous l’avez fait. Mais alors que nous voyons la ligne d’arrivée, certains dirigeants font marche arrière et expriment des doutes », déplore Winnie Byanyima.

Winnie Byanyima © IAS

Et puis, dans un moment de plaidoyer qui restera dans l’histoire de l’IAS, la directrice de l’Onusida s’est adressée directement aux dirigeants-es du laboratoire Gilead au sujet du prix de lénacapavir : « Je sais que vous êtes dans la salle. Vous avez un outil miraculeux. Il faut le rendre accessible maintenant pas dans six ans ! », exhorte Winnie Byanyima. « Nous devons rendre les médicaments à action prolongée accessibles à tous les pays à revenu faible. Nous devons accorder des licences génériques par l’intermédiaire du Medicines Patent Pool et rendre les génériques disponibles pour toute l’Afrique, l’Asie et l’Amérique latine ». Winnie Byanyima révèle que le lénacapavir commercialisé 40 000 dollars par an pourrait être génériqué pour moins de 100 dollars par an (voir encart ci-dessous). « Gilead, make it happen !Gilead, faites en sorte que cela arrive ! »), plaide la directrice de l’Onusida, applaudie par toute la salle. Et la militante de conclure : « Le chemin qui mène à la fin du sida est bien balisé, il est prouvé et il a été promis. Nous ne pouvons pas détourner le regard quand, chaque minute, quelque part dans le monde, une personne meurt de causes liées au sida ».

Dernier à intervenir et pas des moindres, le chancelier allemand Olaf Scholz (on se souvient qu’en 2022 lors de la conférence IAS à Montréal, le Premier ministre canadien Justin Trudeau avait brillé par son absence…) qui profite de l’occasion pour faire une annonce : « Une personne meurt du sida chaque minute. Cela doit changer. En Allemagne, plus de 95 % de toutes les personnes diagnostiquées avec le VIH ont accès à un traitement. Aujourd’hui, j’annonce que l’Allemagne rejoindra le partenariat mondial de l’Onusida pour agir et éliminer toutes les formes de stigmatisation et de discrimination liées au VIH ».

Carinne Bruneton