[e-med] (12) Lutte contre le paludisme, trop de retard

[La voix de l'Amérique sur le paludisme. Ci-dessous un message diffusée par les Programmes d'information internationale du département d'État des États-Unis]

Le paludisme et la tuberculose sont encore très répandus en Afrique, Propos d'un haut responsable de l'USAID devant une sous-commission parlementaire.
Par Charles W. Corey, Rédacteur du « Washington File »

Washington - Que ce soit en valeur absolue ou relativement au reste du monde, le fardeau de l'Afrique en matière de maladies est bien plus lourd qu'il y a vingt ans, a déclaré un haut responsable de l'Agence des États-Unis pour le développement international (USAID), M. Michael Miller, devant la sous-commission des affaires africaines de la Chambre des représentants, le 25 avril.
Le paludisme, a-t-il dit, reste la cause de décès la plus importante pour les enfants africains ; au moins 1 million d'enfants âgés de moins de 5 ans en meurent tous les ans. En outre, la tuberculose continue de causer la mort d'un grand nombre d'Africains, alors même que le nombre des décès dus à cette maladie a diminué dans le reste du monde. Il est cependant
possible en grande partie de prévenir les décès dus à ces deux maladies et de guérir les personnes qui en sont atteintes, en prenant des mesures élémentaires.

La lutte contre le paludisme en Afrique est en retard par rapport aux autres continents pour des raisons historiques et logistiques, a-t-il indiqué. « Dans les années 1950 et 1960, l'éradication du paludisme était le grand objectif mondial en matière de santé publique. On a alors eu recours à des insecticides et à un traitement médical pour lutter contre cette maladie dans de vastes zones géographiques.

« En 1955, un groupe de spécialistes du paludisme de l'Organisation mondiale de la santé se sont réunis à Kampala (Ouganda) et ils ont décidé d'exclure l'Afrique tropicale du programme mondial d'éradication du paludisme (...) parce qu'ils estimaient que c'était une tâche beaucoup trop difficile. »

Depuis lors, la géographie et l'histoire ont conspiré contre l'Afrique tropicale et si l'on dispose maintenant des outils et de la volonté politique qui n'existaient pas en 1955, il ne sera pas facile de desserrer l'étau du paludisme.

Ce n'est qu'au début des années 1990 que l'on a élaboré une stratégie globale pour l'Afrique et que l'on a commencé à l'appliquer, a fait remarquer M. Miller. En 2000 environ, les travaux de recherche de l'USAID et d'autres donateurs ont abouti à la mise au point de trois outils très efficaces. Ceux-ci comprennent l'administration prompte d'un antipaludéen
dans les 24 heures qui suivent le déclenchement de la fièvre, l'emploi de moustiquaires imprégnées d'insecticide allié à la pulvérisation d'insecticide dans les habitations et l'administration intermittente de médicaments préventifs aux femmes enceintes dans le cadre des soins prénataux.

Ce sont les enfants qui sont les principales victimes du paludisme en Afrique : un enfant en meurt toutes les 30 secondes. Il s'agit là d'un taux de mortalité bien plus élevé que celui du sida ou de la tuberculose, a-t-il dit.

Tous les ans dans le monde, la tuberculose est la cause de plus de 2 millions de décès, dont plus de 30 % en Afrique. Contrairement au paludisme, elle frappe surtout la population active, et les possibilités de son éradication en Afrique ne sont pas aussi bonnes qu'on l'avait espéré, a-t-il indiqué.

Alors que le nombre des tuberculeux dans l'ensemble du monde diminue, le nombre des décès dus à la tuberculose en Afrique a plus que doublé entre 1990 et 2003, passant de 200.000 à 539.000. « La cause de cette anomalie tragique est bien entendu le sida », qui affaiblit ses victimes et qui les rend plus susceptibles de contracter la tuberculose.

Le principal élément du programme de lutte contre la tuberculose est le traitement directement observé sur une courte période que 182 pays emploient actuellement, a-t-il expliqué. Dans le cadre de ce programme, l'USAID a recours à des médecins, des infirmières et des techniciens de laboratoire pour soigner les tuberculeux.

En Afrique subsaharienne, la tuberculose résistante à divers médicaments constitue un grave problème, et les traitements directement observés sur une courte période sont de moins en moins possibles à cause du nombre de séropositifs qui sont tuberculeux ainsi qu'à cause du nombre insuffisant d'agents sanitaires et du manque d'ampleur de l'infrastructure sanitaire
nécessaire pour suivre les malades et pour leur offrir un traitement.

Le Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a décidé d'accorder une aide financière d'un montant total de 129 millions de dollars à 25 pays africains afin de faciliter la lutte contre la tuberculose sur leur sol.

Pour leur part, les États-Unis ont versé depuis 2001 plus de 1 milliard de dollars au Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, dont 459 millions de dollars pendant l'année budgétaire 2004.

En réponse aux questions de plusieurs parlementaires au sujet de l'emploi du DDT pour tuer les moustiques qui transmettent le paludisme, M. Miller a déclaré que les États-Unis étaient favorables à la pulvérisation de DTT et que l'USAID finançait des opérations de pulvérisation dans certaines zones, en particulier en cas d'urgence. Le DDT est l'un des 12 insecticides dont l'Organisation mondiale de la santé a approuvé l'usage à cet effet.

Le meilleur moyen de prévenir le paludisme, a-t-il dit, est d'utiliser de façon sélective des insecticides qui tuent les moustiques transmetteurs du paludisme, soit en pulvérisant un insecticide à effet rémanent, soit en employant des moustiquaires imprégnées d'insecticide.

Toutefois, il est particulièrement difficile de pulvériser à diverses reprises des insecticides dans de nombreuses zones reculées d'Afrique. Les moustiquaires sont très efficaces si on les utilise correctement, et les nouvelles moustiquaires imprégnées d'un insecticide plus durable le seront encore plus.

À propos de la vente de ces moustiquaires, M. Miller a indiqué que l'USAID était en faveur de vendre ou de donner des moustiquaires en fonction du revenu de la personne ou de la famille intéressée. Ceux qui peuvent acheter une moustiquaire permettront que l'on donne un plus grand nombre de moustiquaires à titre gratuit ou presque à ceux qui n'ont pas les
moyens de les acheter, a-t-il fait remarquer.

(Les articles du «Washington File» sont diffusés par le Bureau des programmes d'information internationale du département d'Etat.