[e-med] (4) Lutte contre le paludisme: trop de retards. Articles du Monde

[copy as fair use comme disent les anglophones]

Le Monde (Paris), 27 avril 2005
Le système marche sur la tête, Paul Benkimoun

Lundi 25 Avril a été choisi comme la Journée africaine du paludisme 2005. Une occasion de mettre l'accent sur les ravages que produit cette maladie infectieuse due à un parasite dont il existe quatre formes, la principale étant Plasmodium falciparum , et transmise à l'homme par la piqûre de certains moustiquesIl existe des moyens de prévention et des traitements efficaces. Pourtant, environ 40 % de la population mondiale est exposée au paludisme. D'ici à 2010, ce sera le cas de la moitié des habitants de la planète, soit près de 3,5 milliards d'êtres humains. Le Dr Wenceslaus Kilama, président de la Fondation internationale Paludisme, a donné la mesure du nombre de victimes de cette épidémie : "Sept Boeing 747 chargés de passagers que l'on précipiterait chaque jour sur le Kilimandjaro."
L'Afrique est en première ligne. Environ 90 % du million de décès dus au paludisme et recensés par l'OMS ont lieu dans cette partie du globe, pour la plupart chez de jeunes enfants. L'OMS dénombre également 300 millions de cas chaque année à travers le mondeOr ces évaluations sont, selon toute vraisemblance, encore en dessous de la réalité. Epidémiologiste renommé, Robert Snow et ses collaborateurs viennent de publier, le 10 mars, dans la revue Nature, de nouvelles estimations sur la distribution géographique des épisodes de crises de paludisme dans le monde. Ils parviennent au chiffre moyen de 515 millions d'accès palustres, avec une fourchette allant de 300 millions à 660 millions). "Ces estimations globales sont jusqu'à 50 % supérieures à celles rapportées par l'OMS et 200 % fois supérieures aux zones hors Afrique, ce qui reflète la dépendance de l'OMS sur la notification nationale passive pour ces pays" , conclut l'équipe de Robert SnowDe même, Jean-François Trape, qui dirige l'UR 77 sur la parasitologie tropicale de l'Institut de recherche sur le développement (IRD), à Dakar, donne une fourchette de "2,7 à 3 millions de morts par an" , au lieu du million de décès officiel du fait du paludisme. "La forte augmentation de la mortalité provoquée par la maladie, constatée à partir des années 1980-1990, est directement liée à l'augmentation des résistances à la chloroquine" , explique Jean-François TrapeLa lutte contre ce fléau avait en effet connu un bond en avant avec la mise au point de la chloroquine, un médicament bon marché, bien toléré et efficace en prophylaxie et en traitement du paludisme. Malheureusement, l'apparition de formes du parasite, le plasmodium, résistantes à la chloroquine a progressivement posé un problème majeur de santé publique. "Aujourd'hui, explique Jean-Marie Kindermans de Médecins sans frontières (MSF), on compte 4 fois plus de cas et 3 fois plus de décès par paludisme que dans les années 1970." Les taux de résistance à la chloroquine atteignent 70 % à 80 % des cas dans certaines régi
utilisées au cours des dernières décennies, mais là encore des résistances sont apparues. La véritable percée est représentée par les combinaisons à base d'artémisinine ("Artemisinin-based combination treatments" ou ACT), un dérivé d'une variété d'armoise ("qinghao" ) utilisée en médecine traditionnelle chinoise. Ces combinaisons sont très efficaces, à raison d'une prise par voie orale par jourA partir de 2001, l'OMS a recommandé aux pays fortement touchés par les résistances aux antipaludéens traditionnels d'utiliser en première intention les ACT. Il en existe plusieurs, selon la molécule associée (luméfantrine la seule combinaison fixe en un seul comprimé , amodiaquine ou sulfadoxine-pyriméthamine, toutes deux sous forme de comprimés séparés).
Une nouvelle combinaison fixe, réunissant en un seul comprimé l'amodiaquine et l'artémisinine, devrait s'y ajouter en 2006, grâce aux efforts conjoints de la fondation DNDi, créée notamment par MSF et l'Institut Pasteur, et du laboratoire Sanofi-Aventis (Le Monde du 11 avril)Plusieurs essais cliniques publiés dans le numéro du 23 avril du Lancet, ainsi que dans la livraison d'avril du magazine en ligne Public Library of Science (www.plosmedicine.org) attestent de l'efficacité des ACT. Seulement, si "une cinquantaine de pays d'Afrique ont décidé de changer leur protocole de traitement pour inclure des ACT, aujourd'hui seulement neuf d'entre eux ont commencé à concrétiser ce changement" , dénonce Jean-Marie Kindermans.
L'approvisionnement en artémisinine est un problème non résolu et malgré les alertes lancées depuis un an et demi par MSF sur les ruptures de stocks de matière première, rien n'est venu, et l'offre reste notablement inférieure à la demandeA côté de l'utilisation de moustiquaires imprégnées d'insecticides, de nouvelles voies de prévention apparaissent prometteuses. Dans The Lancet, l'équipe de David Schellenberg montre qu'un "traitement présomptif intermittent" , consistant à administrer à l'enfant une dose de sulfadoxine-pyriméthamine à trois reprises à l'occasion des séances de vaccination (à 2, 3 et 9 mois), permet de réduire l'incidence du paludisme de 59 % au cours de la première année de vie et de 36 % au cours des deux premières années.
"Cela pourrait constituer l'une des méthodes de lutte les plus efficaces contre le paludisme" , commente Jean-François Trape. A condition qu'il existe une mobilisation à hauteur de l'enjeu. A la fois problème sanitaire et de développement, le paludisme représente pour le produit intérieur brut (PIB) de l'Afrique une perte de 12 milliards de dollars par an, alors que 3 milliards de dollars annuels permettraient de contrôler la maladie dans le mondePaul Benkimoun
Article paru dans l'édition du 27.04.05

"Le monde" n'est pas un journal scientifique et ses propos sur la
moustiquaire sont inexacts.
Pour lutter contre une maladie un seul moyen ne suffit pas mais la
moustiquaire IMPREGNEE d'insecticide est le meilleur moyen de prévention
En effet la chimioprophylaxie n'est plus envisageable le seul moyen de
prévention est la lutte contre les moustiques ou la protection contre
leurs piqûres pour se protéger de ces piqûres.
La moustiquaire imprégnée est alors le moyen le plus sûr
De nombreuses études ont montré son efficacité ; indiscutable sur le
nombre de piqûres et sur le nombre d'accès palustres. D'efficacité plus
relative quand on regarde la morbidité ou la mortalité générale ce qui
est logique.

Effectivement les anophèles femelles, celles qui transmettent le palu,
piquent surtout entre 20 heurs et 3 heures du matin la moustiquaire est
dont efficace à ce moment et protège ainsi contre plus de 80% des
piqûres.
Il est important de rappeler que la moustiquaire doit être réimprégnée,
à date fixe selon l'insecticide employé, une moustiquaire non imprégnée
n'a que peu d'effet sur le palu, sinon aucun.

La prévention du palu inclut par ailleurs tous les autres moyens de
lutte ou de protection contre les moustiques vecteurs.
Il n'est pas raisonnable d'envisager un vaccin avant 10 ans on ne va
donc pas attendre sans rien faire.

Dr Jean Loup REY
ESTHER
36 rue de Charenton
75012 Paris
01 53 17 51 59
jean-loup.rey@esther.fr

A propos de la réaction à la page du Monde sur le paludisme,

Il ne s'agit pas de déterminer la valeur scientifique des articles du
Monde puisqu'il s'agit d'un entretien retranscrit avec un scientifique
qui s'exprime en connaissance de cause.

Il ne s'agit pas non plus de remettre en cause les moustiquaires
imprégnées en tant que tel, mais bien de discuter de leurs conditions
d'utilisation et des stratégies complémentaires.

Enfin, il serait intéressant de prendre connaissance des études qui sont
décrites dans l'entretien et qui s'interrogent sur les différences
d'efficacité à moyen - long terme de la prévention par moustiquaire,
versus efficacité plus à court terme.
Pourquoi ces différences, c'est une question pertinente il me semble !

Il n'a jamais été question d'attendre sans rien faire.

Dr Pascal Revault
conseiller continuité des soins et réseaux sociaux ESTHER
36, rue de Charenton 75012 Paris-France
331 53 17 51 55/57 (fax)
www.esther.fr
pascal.revault@esther.fr

Bonjour,

je trouve que les observations du Dr Revault sont pertinentes. L'éfficacité
des moustiquaires imprègnées n'est plus à démontrer, par contre il faut mettre l'accent sur la réimprégnation régulière pour une meilleure efficacité et un prix abordable pour les populations des pays pauvres. Il s'agira pour ces pays d'inscrire la moustiquaire imprègnée sur la liste des médicaments essentiels pour que les taxes douanières soient supprimés sur ces moustiquaires imprègnées.

Mme Tidjani Toukourou Moutiatou
PTE ONG PHARMACTION
abat@firstnet.bj

06BP2610 TEL/FAX: (229)331629
COTONOU BENIN