[e-med] Lutte contre le paludisme: trop de retards, selon The Lancet

Lutte contre le paludisme: trop de retards, selon Lancet
vendredi 22 avril 2005, 11h12

PARIS (AFP) - Des retards ont été pris dans la lutte contre le paludisme,
s'inquiète la revue médicale britannique Lancet, jugeant "maintenant
impossible à atteindre" l'objectif fixé de diviser par deux la mortalité
liée à ce fléau d'ici 2010.

A la veille de la journée africaine de lutte contre le paludisme, le 25
avril, Lancet critique fortement, dans son édition à paraître samedi,
l'action de l'initiative "Faire reculer le Paludisme" (RBM, Roll Back
Malaria) soutenue par l'Organisation mondiale de la Santé (OMS).

Cinq ans après le sommet d'Abuja, au cours duquel une quarantaine de chefs
d'Etats africains s'étaient engagés à réduire de moitié les conséquences du
paludisme d'ici 2010, notamment la mortalité, "cet objectif semble
maintenant impossible à atteindre", affirme la revue dans un éditorial.

Principal instrument grâce auquel les dirigeants africains espéraient
atteindre ce but, RBM, partenariat de 90 organisations dont l'OMS, l'Unicef
et la Banque mondiale, a "non seulement failli à ses objectifs mais pourrait aussi leur avoir nuit", affirme Lancet.

Faisant notamment état d'une hausse des taux d'infection et "d'opportunités
manquées" dans la lutte contre la maladie, la revue britannique appelle à
"une action urgente" pour arrêter d'ici 2015 l'extension du paludisme,
objectif que s'est fixé l'OMS.

Le paludisme tue plus d'un million de personnes par an dans le monde,
"probablement trois", selon Richard Feachem, directeur exécutif du Fonds
mondial pour la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, qui a
récemment insisté sur l'"holocauste" qu'entraîne chaque année la maladie
"surtout parmi les enfants". 90% des décès surviennent en Afrique.

"Il y a un grand défi à relever dans la lutte contre le paludisme", a
déclaré à l'AFP, le Pr Awa-Marie Coll-Seck, secrétaire exécutif du RBM,
reconnaissant le retard pris, tout en faisant état de succès.

Ainsi, au Togo des "distributions massives de moustiquaires imprégnées" ont
été assurées à 98% des familles ayant des enfants de moins de 5 ans. En
Erythrée, "tous les objectifs fixés ont été dépassés", a-t-elle assuré,
évoquant notamment l'accès rapide aux soins (en huit heures au plus) pour au moins 60% des malades souffrant d'une crise de paludisme.

"C'était une maladie qui était négligée, c'est une maladie qui a aujourd'hui au moins la chance d'être à l'ordre du jour du développement (...) beaucoup d'efforts sont en cours, même s'il n'y a pas assez de moyens", a-t-elle ajouté.

Il faudrait 3 milliards de dollars par an, soit cinq fois plus que les "600
millions de dollars par an" actuellement disponibles à l'échelle
internationale pour lutter contre le paludisme, a-t-elle relevé.

"On aura peut-être pas atteint en 2005 tous les indicateurs", les objectifs
intermédiaires fixés à mi-parcours, "ce sera peut-être en 2006", a-t-elle
poursuivi, assurant que les "choses s'accélèrent" et qu'il ne faut surtout
"pas baisser les bras".

Les statistiques sanitaires difficiles à obtenir, souvent "sous-estimées",
a-t-elle précisé, permettent aussi difficilement d'apprécier les résultats.
Ainsi, a-t-elle relevé, le nombre de personnes souffrant du paludisme est
évalué à 350 à 500 millions.

Révisant à la hausse les estimations de l'OMS, plusieurs experts avaient
déjà relevé, en mars, dans la revue scientifique britannique Nature, la
nécessité pour les agences internationales de revoir en priorité leur
collecte de statistiques pour mesurer "l'ampleur du défi" qu'elles se sont
fixé.

De même que l’accent mis sur le traitement est important avec la recherche sur des nouvelles combinaisons thérapeutiques, qui est à encourager. Le volet de la prévention semble prendre du retard avec l'utilisation de la moustiquaire imprégnée qui reste un des moyens de prévention sûr et efficace. Mais, qui reste toujours peu accessible et peu diffusé.

Cordialement.

Mouala Christian
mouala_chris@yahoo.fr

J'attire votre attention sur un article paru dans le journal Le Monde du
mercredi 27 avril 2005 à Paris, page 24 dans la rubrique "Aujourd'hui
médecine" qui retranscrit un entretien avec Pierre Druilhe (chef de
l'unité de parasitologie biomédicale de l'Institut Pasteur). P. Druilhe
y dit (je cite) : "L'OMS était considérée voici quelques années comme
l'une des agences des Nations Unies les plus efficaces. L'accent a été
mis sur les moustiquaires imprégnées d'insecticide comme moyen de
prévention numéro un contre le paludisme. Cela s'est fait sur la base
d'études menées sur deux ans. [Ces études ne sont pas citées] Or, des
études conduites sur des périodes plus longues paraissent retrouver un
même nombre de crises que sans moustiquaires imprégnées, voire, pour
l'une d'entre elles, une augmentation du nombre de cas chez les
individus les utilisant. Il faudrait évaluer la pertinence des outils
déployés contre le paludisme en fonction de leur impact sur le terrain…"

Après vérification de la validité de ces études et dans l'affirmative,
il faudrait aussi se poser la question des stratégies à mettre en œuvre
à partir de partenariats renouvelés entre responsables des systèmes de
santé, praticiens et usagers du système de santé.

Dr Pascal Revault
conseiller continuité des soins et réseaux sociaux ESTHER
36, rue de Charenton 75012 Paris-France
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