Comme Philippe Eono, et à l'encontre de la rigueur des principes administratifs, je pense que la vente des médicaments de la rue est devenue un phénomène incontournable, un fait, non seulement dans la rue en Afrique, mais sur la voie publique qu'est le net au niveau mondial.
On ne peut pas l'ignorer, on ne peut pas le combattre par des décrets ou des règlementations, encore moins par des actions de répression.
Il vaut donc mieux tenter de l'exploiter, pour pouvoir le maitriser ou le canaliser.
Je propose par exemple d'offrir aux vendeurs de rue les préservatifs, moustiquaires imprégnées, et autres produits inoffensifs à usage préventif, en leur fixant un prix de vente, en échange d'un contrat par lequel ils renonceraient à vendre des médicaments ?
Ils assureraient efficacement la distribution des produits préventifs, ce que nos systèmes ne parviennent pas à organiser. Ils en tireraient leur bénéfice immédiat. Et participeraient à la lutte contre le médicament de la rue qui tue, au lieu d'en être les boucs émissaires.
Naïf ?
GUEVART Edouard
guevart_edouard@yahoo.fr
Je voudrais quant à moi savoir ce que nous appellons médicaments de la rue. Pour moi cette assertion concerne tout médicament qui emprunte les voies illicites quelque soit les personnes qui concourent à cet acte. Je constate que malheureusement, dans mon pays c'est plus qu'évident, ce sont des cols blancs qui s'adonnent avec délectation à la distribution des produits prohibés, de contrefaçon ou périmés comme don notamment. Aussi les humanitaires, avec un chantage à peine voilé, distribuent dans des conditions généralement douteuses, quantité de médicaments de mauvaise qualité au motif qu'ils font déjà quelque chose là où les dirigeants ne font rien. Les agences du système des Nations unies ne sont pas en reste, la plupart ont abandonné leurs missions pour se mettre à dispenser les médicaments qui finissent par être sur la rue d'une manière ou d'une autre. La responsabilité des pouvoirs publics; par des politiques approximatives n'est plus à démontrer. Actuellement à Lubumbashi des
ARV viennent des pays limitrophes où ils sont distribués gratuitement, ils sont négociés jusqu'au quart des prix des "partenaires" du Gouvernement.
Les médicaments de la rue c'est tout ça, les combattre est bien possible. Mais, il faut une volonté politique d'abord et le reste suivra.
KALONJI JB
jbkalonji@yahoo.fr
Des expériences ont été tentées au Togo et au Bénin je crois, avec les agents des services à base communautaire. Il s'agissait essentiellement de recruter d'anciens vendeurs de médicaments de rue et de les transformer en distributeurs de produits contraceptifs et moustiquaires etc.. je crois que la marge pratiquée pour ces produits et le turn over ne suffisaient pas pour combler le manque à gagner.
On a alors ajouté si je ne m'abuse 5 produits jugés "indispensable et peu dangéreux (si bien utilisés) puisque souvent utilisés en auto médication par les mamans" (chloroquine, paracétamol, mébendazole..). Ces personnes ont été formées à l'explication de l'utilisation.
je n'ai pas suivi depuis mais il semble que comme d'habitudes ils sont devenus des "petits docteurs" allant jusqu'à faire des injections.
Le Togo est même allé plus loins en autorisant officiellement l'ouverture de "dépôt de pharmacie" par des agents de santé et des vendeurs ayant une expérience dans une pharmacie sans obligatoirement un background médical dans des zones mal déservies. Cela n'a pas diminué la vente de médéicament dans les rues.
Lors d'une évaluation de la mise en place des mutuelles de santé au Cameroun, on a surpris un trésorier en train de se faire injecter des usbstances incounnues par un vendeur ambulant à 50 m de la formation sanitaire au Cameroun. C'est dire le degré d'encrage de ces pratiques dans les moeurs.
Je crois comme M. Eono et M. Guévart que les textes ne suffisent pas. Il faut en outre travailler sur la disponibilité des médicaments qui est une question non résolue malgré les efforts. Par ailleurs, la confiance dans nos systèmes de santé n'est pas un acquis. On ne peut pas forcer les gens à utiliser des services dont ils se méfient. Il faudra énormément travailler sur la qualité des soins pour convaincre les populations de n'utiliser que le circuit formel des médicaments.
Je termine en pensant que certains médicaments sont désormais des produits de grande consommation et il faudra trouver les moyens de les rendres plus disponibles et moins coûteux que ceux vendus dans les rues. Je suis persuadé que ça ne gènerait que les pharmaciens de voir une gamme limitée de médicaments vendus au porte à porte par des personnes bien formés. La population trouvera cela pratique.
Dr AHAWO K. M. Alain
Conseiller Technique GTZ
Programme Germano-Camerounais de Santé SIDA
B.P 7814 Yaoundé
Tel + 237 221 18 17
Fax + 237 221 91 18
Email : aahawo@yahoo.fr