Je ne suis pas parmi ceux qui sont à l'origine de ces
termes, mais je pourrais partager avec vous mon avis sur
le sujet.
Il me semble que dans notre volonté d'en finir au plus
vite avec la "marché illicite des médicaments", à cause
de ses ravages divers et multiformes, nous avons confondu
le signifié et le signifiant, ou encore l'objet et la
procédure. En effet, il me semble qu'il ya un problème
essentiel de sémantique là-dedans, même si nous avons
affaire au même problème. En effet, un marché "illicite"
ou "parallèle" peut bien concerner de "Bons médicaments"
au sens commercial du terme, mais actionné par des
acteurs non autorisés, c'est-à-dire des non
professionnels de la filière. C'est ainsi que l'on peut
qualifier de marché parallèle, voire "illicite" de
médicaments, ce que l'ACAME (l'Association Africaine des
Centrales d'Achats de Médicaments Essentiels) a dénoncé à
travers sa Déclaration de Dakar; autrement dit la volonté
de certains partenaires de court-circuiter les centrales
d'achats de médicaments pour approvisionner les pays en
médicaments entrant dans le cadre de la lutte contre
certaines maladies comme la Malaria, la Tuberculose etc.
Or le terme de marché illicite peut aussi s'appliquer
dans le cas oû il s'agit de "Faux médicaments", de
"médicaments de contrefaçon", fabriqués et mis en
circulation sous couvert de certains circuits de
distribution apparemment normalisés. Dans ce cas, il
s'agit de "marché des médicaments illicites". C'est le
cas le plus connu aujourd'hui avec ces produits
multicolores qui sont vendus, sous le soleil, la pluie et
le vent, par n'importe qui, dans les rues de Ouaga,
Yaoundé, Dakar ou Kinshasa, pour ne citer que ces
quelques exemples.
Alors "marché illicite des médicaments" ou "marché des
médicaments illicites"?
Les deux cas me semblent très pervers, car dans si le
2ème cas l'illégimité du marché est avéré, l'absence de
contrôle de qualité dans le circuit de distribution dans
le 1er cas ne permet pas non plus de certifier de la
qualité des produits vendus et consommés. Et on aboutira
aux mêmes conséquences sur la Santé Publique. Merci.
Bérenger B. KIEMA
kbasga@yahoo.fr
--- Gabriel BUKASA <g_bukasa@yahoo.com> a écrit :
Chers confrères,
J'avais lancé ce débat pour qu'au niveau de chaque
pays nous puissions nous rabattre sur des actions
concrètes devant nous permettre d'être efficace sur
terrain.
Il se fait que de ce débat surgit un autre sur la
terminologie à adopter. Je demanderai à ceux qui sont à
l'origine de la conception des termes "vente illicite
des médicaments de nous éclairer en donnant leur points
de vue.
Merci
Gabriel Bukasa Kaleka
B.Pharm.,MPH
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Ce sujet est intéressant. Le marché illicite est en
fait un problème de développement. Partout où les
systèmes de solidarité sont fonctionnels, notamment les
systèmes de sécurité sociale, le marché illicite
n'existe pas même si le parallèle, lui, peut exister.
Depuis 2 à 3 année, j'ai estimé que la terminologie de
lutte contre le marché illicite n'était plus adaptée,
en raison du fait que cette lutte est perçue comme une
bataille rangée pour la défense des intérêts d'une
catégorie professionnelle et non comme une défense de
la santé publique. Cette terminologie ne permet pas de
mobiliser tout le monde. Les prestations des
professionnels ne tranchent pas totalement avec celles
des vendeurs des boutiques de médicaments dans certains
pays. Vous pouvez trouver des boutiques climatisées
avec des gens souvent plus attentifs aux clients qu'ils
reçoivent alors que dans certaines officines, c'est à
peine si les mêmes patients se font remarquer par les
professionnels. La pauvreté extrême en relation avec
notre culture amène les gens en grande majorité à
sauver la face morale en se disant qu'il vaut mieux
intervenir en faveur d'un parent malade en payant en
fonction de leurs bourses dans les boutiques de
médicaments plutôt que ne rien
faire. Ainsi ils se font le sentiment d'avoir fait
quelque chose pour leurs malades.
Un autre aspect est que quelle que soit la forme de
solidarité il faut que les adhérents payent. Ce qui ne
permet pas forcément d'inclure tout le monde. Il y aura
toujours des exclus.
Les systèmes de solidarité étant souvent déficitaires
et les budgets des pays en développement jamais bouclés
(toujours en attente de l'aide des partenaires au
développement), comment faire pour répondre aux besoins
de financement du déficit des systèemes de solidarité
qui seraient mis en place?
Quant aux mutuelles, elles n'incluent souvent que
quelques aspects de santé mais ne couvrent pas
suffisamment les besoins exprimés par les populations
comme c'est le cas des systèmes de couverture dans le
cas des Programmes de Maternité sans risque.
Très souvent les populations et les gouvernants sont
focalisés sur les aliments de base, l'eau et
l'électricité plutôt que sur le médicament surtout
quand ils peuvent reprocher aux professionnels de santé
d'être responsables de la chèreté des prix des
médicaments.
Je pense que ce serait intéressant de parler d'un
"Programme d'accès aux médicaments pour tous" plutôt
que de lutte contre les médicaments de la rue. Nous
serions mieux écoutés. Depuis plus de vingt ans nous
luttons contre les médicaments de rue sans beaucoup de
succès. Les résultats sont en cas maigres dans la
majorité des pays concernés.
Sidiki Diakité, Inspecteur général de la santé et
ancien DPM.
diakadam@yahoo.fr>
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Dr Bérenger B. KIEMA
Logisticien National PEV_Burkina
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