M. Nana qui n'est certainement pas pharmacien a une bonne lecture du
commerce illégal des médicaments. Cependant, ses propositions sont
difficilement applicables.
Interdiction, répression, saisie et destruction n'y font rien parce que
cette mise en scène n'est que de la poudre aux yeux. Juste pour faire
semblant d'exhausser la prière de ceux qui se plaignent. C'est justement et
surtout l'impunité d'une part et l'ignorance des populations d'autre part
qui font le lit de ce commerce. Les syndicats de pharmaciens ont toujours
estimé que le problème des médicaments de la rue est un problème politique.
Certains y voient un signe de malgouvernance. Il n'y a qu'à vouloir au plus
haut niveau et le phénomène à défaut de disparaître, connaîtra une baisse
sensible.
D'accord pour la révision des textes réglementaires. Mais aller dans la rue
avec des médicaments sains, je doute que ces médicaments demeurent de
bonne qualité au bout d'un certain temps avec une température ambiante qui
dépasse parfois 40°C. Les soins de santé sont organisés autour d'un système,
dans lequel ce sont les patients qui vont vers les centres de santé ou les
structures de vente des médicaments. Les patients y vont parce qu'il y a un
besoin de santé. Il n'est pas cohérent de proposer des médicaments à des
gens qui n'en n'ont pas besoin. À moins que chaque matin, des infirmiers ou
des médecins passent de concession en concession pour vérifier l'état de
santé de chaque citoyen.
Des médicaments sains dans la rue sont une incitation à la surconsommation
des médicaments, avec tout le corollaire de conséquences : appauvrissement
des ménages, résistance aux anti-infectieux, nombreux évènements
indésirables des médicaments, intoxications, etc. ce qui constitue d'autres
problèmes de santé publique.
Autant il faut sensibiliser les populations consommatrices de ces
médicaments, il faut également sensibiliser les autorités politiques
locales.
NANGA Clotaire
CEDIM
Burkina-Faso
cnanga@prescrire.org