[e-med] (2) Il est urgent de préserver les traitements médicamenteux de la pharmacorésistance

Message du Directeur Régional a l'occasion de la Journée Mondiale de la
Sante, 7 avril 2011
  http://www.afro.who.int/fr/rdo/allocutions/2834-message-du-directeur-regional-a-loccasion-de-la-journee-mondiale-de-la-sante-2011.html

J'ai le plaisir de me joindre à vous, une fois de plus, pour célébrer la
Journée mondiale de la santé, aujourd'hui 7 avril 2011. La célébration de
cette année a pour thème : Combattre la pharmacorésistance : « Pas d'action
aujourd'hui, pas de cure demain ». Il insiste sur le fait que la
surveillance de la pharmacorésistance contribue de façon cruciale au
traitement efficace des diverses maladies infectieuses et aux résultats
positifs obtenus en la matière.

Nous utilisons les antibiotiques depuis plus de 70 ans avec succès auprès
des patients. En raison de l'utilisation prolongée et parfois sous-optimale
de ces médicaments, les germes ciblées ont développé la résistance. Au
nombre des autres causes de la pharmacorésistance figurent l'utilisation de
médicaments faux et contrefaits, les mauvaises habitudes de prescription et
le non respect du traitement prescrit. S'ils ne sont pas gérés comme il
faut, les germes résistants peuvent se propager et provoquer des maladies
graves. Toutefois, des efforts ont été déployés pour vaincre la
pharmacorésistance en mettant au point de nouveaux médicaments et en
combinant plusieurs médicaments pour le traitement des germes simples.

Dans notre région, la surveillance de la pharmacorésistance est limitée à
quelques pays, si bien que nous ne disposons que de données incomplètes sur
l'ampleur réelle de ce problème. Malgré la capacité de laboratoire limitée
destinée à surveiller cette résistance, les données disponibles laissent
supposer que l'accroissement continu de la pharmacorésistance partout dans
le monde n'a pas épargné la Région africaine. Une résistance importante a,
par exemple, été signalée pour des maladies telles que la diarrhée sanglante
due à la dysenterie, la tuberculose, le paludisme et le SIDA.

Entre 2008 et 2009, sur les 451 isolats de germes de Shigella causant la
diarrhée sanglante, identifiés par 18 pays de la Région, 78% étaient
résistants aux médicaments principaux utilisés pour traiter cette affection.
Il a donc fallu utiliser de nouveaux médicaments qui coûtent relativement
cher.

En ce qui concerne la tuberculose, plus de 35 000 cas de résistance à
plusieurs médicaments efficaces utilisés ont été notifiés par plus de 35
pays de la Région depuis 2007. Même si le mode principal de transmission de
ces souches est connu, la cause la plus importante de cette résistance, c'est
le respect insuffisant ou médiocre du traitement de la tuberculose.

Au début des années 1990, la résistance généralisée à la chloroquine a été
détectée dans la Région. Cela a entraîné un changement des politiques de
traitement du paludisme menant à l'adoption de nouvelles combinaisons
médicamenteuses. A ce jour, on n'a pas constaté de résistance confirmée à
ces nouveaux antipaludiques dans la Région. Toutefois, nous devons rester
vigilants et contrôler régulièrement l'émergence de la résistance à ces
médicaments.

Par rapport au SIDA, une enquête récente, menée dans des cliniques
anténatales de plusieurs pays de la Région, a estimé que la résistance à
toutes les catégories de médicaments contre le SIDA se chiffrait à moins de
5%. Ce pourcentage augmentera probablement, étant donné que de plus en plus
de patients sont placés sous ces médicaments.

La surveillance est la principale stratégie qui permet de détecter la
résistance émergente au sein de la population ; elle permet de prendre
rapidement les mesures appropriées. Par conséquent, les pays doivent
renforcer leur capacité de détecter et d'identifier rapidement les germes
résistants qui provoquent des maladies importantes pour la santé publique.

De plus, les laboratoires nationaux chargés de la surveillance de la
pharmacorésistance doivent être dotés d'effectifs suffisants et entièrement
équipés afin d'être capables de produire des données significatives pour
appuyer cette surveillance. Les informations générées doivent être
régulièrement partagées entre les parties prenantes pour permettre aux
autorités nationales de prendre des décisions éclairées.

Si nous ne la maîtrisons pas, la montée incontrôlée des germes résistants
menacera nos vies et gâchera nos ressources limitées. Il faut mener une
action urgente et coordonnée à tous les niveaux pour réellement préserver
ces médicaments d'importance vitale à l'intention des générations futures.

Les gouvernements doivent élaborer et mettre en ouvre des politiques et des
stratégies qui prennent en compte la menace de la pharmacorésistance afin de
limiter l'évolution et la propagation éventuelle des germes résistants.

Je voudrais lancer un appel aux Etats Membres pour qu'à la lumière du thème
de cette année de la Journée mondiale de la santé, ils prennent conscience
de la réelle menace que constitue la pharmacorésistance dans la Région, afin
que nous puissions conjuguer nos efforts pour la combattre et mobiliser les
ressources nécessaires à cet effet. Pas d'action aujourd'hui, pas de cure
demain.

Je vous remercie.