[e-med] A propos de la pharmacorésistance du VIH

AFRIQUE: Il faut tester systématiquement la pharmacorésistance du VIH
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NAIROBI, 11 février (IRIN) - Un diagnostic de VIH est déjà suffisamment
traumatisant, mais quand on est contaminé par une souche de VIH résistante à
certains médicaments qui permettent de prolonger la vie, les options de
traitement sont limitées. Une nouvelle étude révèle que la
pharmacorésistance du VIH transmise est peut-être en hausse en Afrique et si
la surveillance de la résistance n'est pas accentuée, avertissent les
auteurs, les programmes de traitement du continent pourraient s'en
ressentir.

L'étude, menée par l'Initiative internationale pour un vaccin contre le
sida (IAVI) dans cinq pays africains, a découvert que la prévalence de la
pharmacorésistance transmise au Rwanda, en Ouganda et en Zambie était
considérablement plus élevée que les chiffres précédents ne le laissaient
supposer.

Sur les 408 personnes étudiées au Kenya, au Rwanda, en Afrique du Sud, en
Ouganda et en Zambie, 19 présentaient des mutations de résistance transmise.
La prévalence de la résistance s'est considérablement accrue durant l'étude
en Zambie et est restée élevée durant toute la durée de l'étude d'Entebbe
(Ouganda).

« La leçon à tirer de cette étude est qu'il est urgent d'établir une
surveillance régulière de la pharmacorésistance, qui n'existe pas
actuellement, » a dit Omu Anzala, directeur de l'Initiative kenyane pour un
vaccin contre le sida, le Kavi. « Si nous pouvons repérer une résistance
transmise dans une étude aussi limitée, alors on peut imaginer qu'il s'agit
d'un problème bien plus fréquent.

Nous avons vu ce qui s'est passé au fil des années avec le paludisme, avec
la résistance qui s'est développée contre plusieurs médicaments. Il nous
faut réagir rapidement pour nous assurer que les gouvernements sont
conscients [du problème] et mettent en place une surveillance de la
pharmacorésistance afin d'éviter que la même chose ne se reproduise avec les
ARV, » a t-il ajouté.

En 2009, le Kenya a lancé un plan quinquennal national concernant la
pharmacorésistance du VIH, la prévention, le suivi et la surveillance.

Une étude indépendante menée en 2010 par la PharmAccess Foundation - une
organisation non gouvernementale (ONG) néerlandaise oeuvrant dans le domaine
de la santé - pour évaluer la résistance en Afrique (projet PASER), a révélé
que près de 6 pour cent des patients sur le point de commencer un traitement
VIH pour la première fois présentaient déjà une résistance aux ARV courants
de première intention.

Au cours d'un atelier sur la pharmacorésistance du VIH qui s'est tenu en
Ouganda en décembre 2010, Christine Watera, coordinatrice du Groupe de
travail ougandais sur la pharmacorésistance du VIH [Uganda's National HIV
Drug Resistance Working Group], a mis l'accent sur la nécessité de
poursuivre la recherche, afin d'établir à l'échelle nationale une carte de
la prévalence de la pharmacorésistance du VIH.

Elaboration de stratégies

L'organisation mondiale de la Santé (l'OMS) recommande que les pays mettent
en place des stratégies destinées à évaluer et à prévenir la
pharmacorésistance, en menant par exemple des enquêtes et en développant des
mécanismes d'alerte précoce fondés sur des indicateurs comme les ruptures de
stocks de médicaments et les dossiers d'observance du traitement des
patients.

« L'une des implications majeures de la pharmacorésistance transmise est
que très souvent le régime médicamenteux de deuxième choix est plus limité
dans certains de ces pays ; par exemple, il peut y avoir des problèmes avec
la chaîne du froid. ce qui rend le traitement plus délicat, » a dit Matt
Price, l'auteur principal de l'étude de l'IAVI.

« Les gouvernements doivent fournir le soutien nécessaire et garantir que
les patients aient droit à un suivi adéquat, de façon à pouvoir changer de
médicaments si leur traitement commence à ne plus être efficace, » a t-il
ajouté « La détection précoce de l'échec chez un patient est cruciale, de
même que le conseil régulier et le comportement de réduction des risques. »

M. Price a noté qu'en théorie, les résultats de l'étude pourraient avoir un
impact sur le traitement utilisé comme prévention que l'ONUSIDA est en train
de promouvoir avec sa nouvelle stratégie du Traitement 2.0.

"Si j'utilise une PrEP [prophylaxie pré-exposition] et que je suis exposé à
une souche de VIH résistante au médicament que je prends, il se peut que
j'aie un plus grand risque d'être infecté que si j'étais exposé à une souche
non-résistante," a t-il dit. « Mais la recherche dans ce domaine doit être
approfondie. Nous ne savons pas encore grand chose à propos de la résistance
dans le traitement utilisé comme prévention. »

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