[e-med] Il est urgent de préserver les traitements médicamenteux de la pharmacorésistance

Il est urgent de préserver les traitements médicamenteux de la
pharmacorésistance
Journée mondiale de la santé 2011
http://www.who.int/mediacentre/news/releases/2011/whd_20110406/fr/

Communiqué de presse OMS

6 avril 2011 | Genève - La résistance aux médicaments augmente et de
nombreuses infections ne peuvent plus être guéries facilement, entrainant
des traitements prolongés et coûteux et un risque plus élevé de mortalité,
avertit l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) à l'occasion de la Journée
mondiale de la Santé.

Sous le thème «Lutter contre la résistance aux médicaments», l'OMS appelle à
une action urgente et concertée des gouvernements, des professionnels de
santé, de l'industrie, de la société civile et des patients en vue de
ralentir le développement de la résistance aux médicaments, d'en limiter l'impact
aujourd'hui et de préserver les progrès médicaux pour les générations
futures.

Le risque de perdre des médicaments miracles

«Le message en cette Journée mondiale de la Santé est fort et clair. Le
monde est sur le point de perdre ces médicaments miracles», a déclaré le
Directeur général de l'OMS, le Dr Margaret Chan. «Si l'on ne prend pas d'urgence
des mesures correctrices et protectrices, nous irons vers une ère
post-antibiotiques, au cours de laquelle de nombreuses infections courantes
ne pourront plus être soignées et recommenceront à tuer.»

Six recommandations pour vaincre la pharmacorésistance

Aujourd'hui, l'OMS publie un ensemble de mesures qui définit les mesures que
les gouvernements et leurs partenaires nationaux doivent prendre pour lutter
contre la résistance aux médicaments. Les mesures recommandées par l'OMS
sont les suivantes :

* élaborer et mettre en ouvre un plan national complet doté d'un
financement;
* renforcer la surveillance et les moyens de laboratoire;
* assurer un accès ininterrompu aux médicaments essentiels de qualité
vérifiée;
* réglementer et promouvoir l'usage rationnel des médicaments;
* renforcer la prévention des infections et la lutte contre celles-ci;
* favoriser l'innovation et la recherche ainsi que la mise au point de
nouveaux outils.

La découverte et l'utilisation des médicaments antimicrobiens pour traiter
des maladies comme la lèpre, la tuberculose, la gonococcie et la syphilis
ont changé le cours de l'histoire médicale et humaine. Or à présent, ces
découvertes et les générations de médicaments qui ont suivi sont en péril,
car des niveaux élevés de résistance aux médicaments en menacent l'efficacité.

La résistance aux médicaments est un phénomène biologique naturel à travers
lequel les germes acquièrent une résistance aux médicaments censés les
éliminer. Avec chaque nouvelle génération, le micro-organisme porteur du
gène de résistance devient toujours plus dominant, jusqu'à ce que le
médicament soit totalement inefficace. L'utilisation inappropriée des
médicaments destinés à lutter contre l'infection - qu'il s'agisse d'une
sous-utilisation, d'une sur utilisation ou d'une mauvaise utilisation -
favorise l'émergence plus rapide de la résistance.

Plusieurs maladies sont concernées

L'année dernière, au moins 440 000 nouveaux cas de tuberculose
multirésistante ont été décelés et des cas de tuberculose ultrarésistante
ont été signalés dans 69 pays à ce jour. Le parasite responsable du
paludisme acquiert une résistance même à la dernière génération de
médicaments, et des souches de gonocoques et de Shigella résistantes
limitent les options thérapeutiques.

Des infections graves contractées à l'hôpital peuvent devenir mortelles en
raison de la difficulté à les traiter et des souches pharmacorésistantes de
germes pathogènes se propagent d'une région géographique à une autre dans
notre monde interconnecté et globalisé. Une résistance aux médicaments
antirétroviraux utilisés pour traiter les personnes vivant avec le VIH
apparaît également.

Des mesures à mettre en oeuvre rapidement

Pour le Dr Chan, «En cette Journée mondiale de la Santé, l'OMS publie un
ensemble de mesures qui devraient mettre rapidement chacun, en particulier
les gouvernements et leurs systèmes de réglementation pharmaceutique sur la
bonne voie, en les dotant de mesures adaptées. Les tendances sont claires et
inquiétantes. Ne pas agir aujourd'hui c'est ne plus pouvoir se soigner
demain. Au moment où le monde est frappé par de multiples calamités, nous ne
pouvons permettre que la perte de médicaments essentiels - indispensables
pour guérir des millions de personnes - soit à l'origine de la prochaine
crise mondiale.»

«Depuis dix ans, l'OMS a mis sur pied de nombreuses initiatives visant à
mieux comprendre la résistance aux médicaments et à lutter contre celle-ci,
en particulier en ce qui concerne certaines des maladies infectieuses les
plus mortelles», a déclaré le Dr Mario Raviglione, Directeur du Département
OMS Halte à la tuberculose, qui a dirigé les préparatifs de la Journée
mondiale de la Santé 2011.

«Ces mesures doivent aujourd'hui encore être renforcées et mises en ouvre d'urgence
contre de nombreuses maladies et dans de nombreux secteurs. De nouvelles
collaborations, sous l'égide des gouvernements travaillant main dans la main
avec la société civile et les professionnels de santé, peuvent, si elles
sont tenues de rendre compte, mettre un terme à la menace que constitue pour
la santé publique la résistance aux médicaments.»

Tout le monde peut agir

Si les gouvernements doivent jouer un rôle directeur et élaborer des
politiques nationales pour lutter contre la résistance aux médicaments, les
professionnels de la santé, la société civile et d'autres groupes peuvent
également apporter une contribution importante. Ainsi les médecins et les
pharmaciens peuvent ne prescrire et ne délivrer que les médicaments
nécessaires pour traiter le patient, plutôt que de prescrire ou de délivrer
automatiquement les médicaments les plus récents ou les mieux connus. Les
patients peuvent cesser d'exiger que les médecins leur prescrivent des
antibiotiques alors qu'ils n'en ont pas besoin. Les professionnels de santé
peuvent aider à réduire rapidement la propagation de l'infection dans les
établissements de santé.

La collaboration entre santé humaine et santé vétérinaire et professionnels
de l'agriculture est également essentielle car l'utilisation des
antibiotiques dans la production des animaux destinés à la consommation
contribue à accroître la résistance aux médicaments. Près de la moitié de la
production actuelle d'antibiotiques est utilisée dans l'agriculture pour
favoriser la croissance et prévenir les maladies et pour traiter les animaux
malades. Avec cette utilisation massive, les microbes résistants aux
médicaments présents chez les animaux peuvent ensuite se retrouver chez l'homme.

Un enjeu pour la recherche

Les gouvernements et les partenaires doivent collaborer étroitement avec l'industrie
pour encourager des investissements plus importants dans la recherche et le
développement de nouveaux outils diagnostiques susceptibles d'aider à
améliorer la prise de décision, ainsi que de médicaments appelés à remplacer
ceux qui perdent de leur efficacité pour cause de résistance. À l'heure
actuelle, les antibiotiques représentent moins de 5% des produits en cours
de recherche-développement. Il importe donc de mettre en place des systèmes
d'incitation novateurs pour encourager l'industrie à rechercher et à mettre
au point de nouveaux médicaments antimicrobiens pour l'avenir.

Pour plus d'informations, veuillez prendre contact avec:
Glenn Thomas
Portable: +41 79 509 0677
Courriel: thomasg@who.int
Iain Simpson
Portable: +44 797 6090292
Courriel:iainsimpson.work@gmail.com