[Remerciements à CR pour la traduction de ce message de e-med.La video est en effet intéressante.. CB]
La course contre la résistance aux médicaments
----------------------------------------
[Le BMJ analyse un nouveau rapport sur la résistance mondiale, publié le 15
juin par le Centre pour le développement global. Voyez aussi des images
saisissantes du rapport sur
http://www.cgdev.org/section/initiatives/_active/drugresistanceglobalhealth
Un très bon documentaire de 16 minutes sur cette inquiétant problème est
disponible à
http://www.youtube.com/watch?v=3KggflMCx24&feature=player_embedded
WB]
Voici quelques conclusions du rapport:
Nous perdons rapidement notre capacité à traiter un nombre alarmant de
maladies sérieuses ou moins sérieuses dans les pays en développement à cause
d'un adversaire invisible: la résistance aux médicaments.La résistance est
inévitable, mais le manque de précautions dans la fourniture et l'emploi des
médicaments l'accélère inutilement. Sans un effort mondial immédiat pour
conserver longtemps l'efficacité des traitements, la résistance va devenir
rapidement une menace vitale, qui augmentera les coûts des traitements des
malades et rendra les générations futures de plus en plus vulnérables à des
maladies mortelles qui étaient facilement traitées auparavant.
Le Groupe de travail sur la résistance du Centre pour le développement
global demande à l'industrie pharmaceutique, aux gouvernements, aux
bailleurs de fonds, aux institutions de la santé, aux fournisseurs de soins
et aux malades d'arrêter tous ensemble et immédiatement cette menace
mondiale en mettant en place les quatre mesures suivantes:
. Recueillir et partager les informations sur la résistance grâce à des
réseaux de suivi des maladies.
. Sécuriser la chaîne de la fourniture des médicaments pour garantir la
qualité des produits et des pratiques.
. Renforcer les autorités nationales d'enregistrement des médicaments dans
les pays en développement.
. Catalyser la recherche et l'innovation pour accélérer le développement de
technologies de lutte contre la résistance
On peut télécharger l'étude à
http://www.cgdev.org/content/publications/detail/1424207/
http://www.cgdev.org/files/1424207_file_CGD_DRWG_FINAL.pdf
---
Article associé du BMJ:
Publication du 17 juin 2010 c3234 BMJ 2010;340:c3234
Un meilleur accès au médicaments accélère la résistance à ces derniers (par
Susan Mayor, Londres)
L'amélioration de l'accès aux médicaments pour traiter des maladies
sérieuses courantes dans les pays en développement, comme la malaria, le
SIDA et la tuberculose a un effet inattendu d'accélération du développement
de la résistance microbienne aux médicaments, avertit ce nouveau rapport.
Le rapport, publié le 15 juin par le Centre pour le développement global,
montre un lien étroit entre le volume des médicaments utilisés et
l'émergence de souches résistantes, notamment dans les endroits qui manquent
de conditions appropriées à l'emploi des médicaments Ainsi, dans les pays
ayant le plus fort taux d'emploi des antibiotiques, de 75% à 90% des souches
de streptococcus pneumoniae sont résistantes aux antibiotiques d'usage
courant. L'absence de système pour monitorer la résistance ne fait
qu'ajouter au problème: les données du rapport montre qu'un peu moins de
10% des cas de résistance à la tuberculose sont diagnostiqués et que moins
encore sont traités.
L'augmentation de la résistance va conduire à une perte rapide de
traitements efficaces pour un certain nombre de maladies et à une
augmentation des coûts des traitements liés à la fourniture de nouveaux
médicaments dans les pays en développement, telle est l'opinion des
auteurs¹.
Nancy Birdsall, présidente du Centre pour le développement global, un
groupe de réflexion indépendant sur la réduction de la pauvreté dans le
monde, a déclaré : "la résistance aux médicaments est un problème grave qui
ne reçoit pas l'attention qu'il mérite".
"Il est difficile de voir des gens mourir à cause de la résistance, mais
c'est ainsi. Nous connaissons les actions à entreprendre pour régler la
question, mais nous manquons d'incitations, d'institutions et de leadership
mondial pour avancer sur ce sujet".
Les recherches conduites dans le cadre de ce rapport montre que plusieurs
facteurs ont augmenté la prévalence de la résistance dans les pays en
développement. Parmi eux on compte des technologies insuffisantes, l'usage
inapproprié des médicaments, l'absence de procédures dans les systèmes de la
santé pour assurer la meilleure utilisation du médicament et pour gérer la
résistance aux médicaments, la mauvais qualité des médicaments, et
l'utilisation abusive des antibiotiques dans l'agriculture.
L'OMS devrait rapidement se présenter comme le meneur de l'action et
présenter des mesures visant à réduire le risque de la résistance, demandent
les auteurs, et elle devrait encourager les principaux partenaires
concernés, dont les labos, les gouvernements, les agences d'aide au
développement qui achètent et distribuent des médicaments, les fournisseurs
de soins et les malades, à agir.
Ils suggèrent d'adopter une approche unifiée et multifacette entre le public
et le privé pour réduire l'augmentation de la résistance, comme :
* Suivre la résistance en temps réel : les bailleurs internationaux et les
agences de coopération comme l'OMS devraient travailler avec les pays en
développement pour créer un réseau de laboratoires de surveillance pour
suivre l'apparition et l'extension des souches résistantes et rapidement
diffuser l'information
* Sécuriser la chaîne d'approvisionnement : les labos devraient développer
des normes volontaires pour maintenir la qualité des produits depuis la
fabrication jusqu'à la fourniture aux malades, et les organisations qui
fournissent des médicaments devraient promouvoir les bonnes pratiques de
prescription et de dispensation
* Renforcer la réglementation: les bailleurs devraient travailler avec des
commissions économiques régionales pour soutenir les réseaux régionaux
existants ou nouveaux d'autorités réglementaires nationales pour suivre la
qualité des médicaments, et
* Accélérer le développement de nouveaux médicaments: les bailleurs de
fonds pour la recherche devraient établir des systèmes encourageant la
recherche et la dissémination de l'infirmation.