Une réponse à chaud sur cet article très bien rédigé par Barbara Mintzes,
c'est vrai qu'une information basée sur les données fiables parce que
vérifiables et provenant de sources indépendantes des enjeux politiques,
économiques et financiers, pourrait arranger la relative "liberté de choix
du malade" réclamée par l'industrie à travers la publicité, mais les
conflits d'intérêts sont là et il est difficile de les applanir d'un coup de
gomme. La publicité directe dirigée vers le patient viole les consciences
parce que :
1. elle trouble l'objectif thérapeutique de chaque traitement : elle vente
la seule diminution du taux de cholestérol comme facteur évitant les morts
par accidents cardio-vasculaires, ou la baisse de la pression artérielle
comme facteur évitant les accidents vasculaires cérébraux etc.. Elle
entraine des confusions entre des objectifs primaires et intermédiaires d'un
traitement, ce qui n'améliore pas le suivi thérapeutique et l'appréciation
du résultat thérapeutique par le malade, puis augmente les dépenses en
examens paracliniques pour vérifier des chiiffres sans prise sur l'évolution
de la maladie.
2. elle est dévastatrice dans les pays en développement, car elle interfère
avec la demande impérative en soins, parce qu'elle s'irrige en "Conseil"
devant un symptôme cachant une maladie grave et donc une intervention
immédiate, donc différant l'intervention thérapeutique et exposant les
malades à des complications invalidentes dans des pays aux populations
jeunes et qui sont la principale force de travail en dehors des surcoûts de
traitements retardés.
C'est pour cela qu'en Algérie un directeur général de la santé avait
interdit par une circulaire du ministère de la santé en 1978, toute
publicité directe ou indirecte (entendre par visiteur médical et par la
presse, radio, dépliant...). Cette mesure a duré pendant vingt ans (période
de la médecine gratuite aussi) et les résultats bien que non évalués
semblent en général encourageants, car le malade algérien en majorité refuse
l'automédication sur la base de la publicité et consulte toujours (l'absence
de publicité a éduqué le malade à aller vers le médecin sans attendre, donc
améliore sa revendication à l'accès aux soins).
La publicité sur les médicaments dans les PED est une catastrophe, surtout
qu'il n'existe pas de contre-pouvoirs régulateurs (des organisations de
malades actives, organisations de professionnels de santé ayant des organes
d'informations indépendants....) et en plus, avec nos strutures
d'enregistrement et de contrôle des médicaments peu performantes et trop
conciliantes pour dissuader des appétits insatiables.
A. Helali