[e-med] (2)La "violation des droits humains" dans la mise en oeuvre des programmes supportés par le Fonds mondial

Bonjour Céline,

Merci pour cette information. Si on ne peut que souscrire à la volonté de
faire progresser les droits humains partout, bien que leur universalité
constitue un débat sans fin, on peut néanmoins poser un certain nombre de
questions.

Quelle est la liste des droits humains reconnus par le fonds mondial ?
Quelles sont les conditionnalités fixées pour chacun d'eux ?

L'application de la peine de mort est-elle par exemple un droit humain
bafoué ? A titre personnel, je n'ai jamais vu une moindre sanction
économique ou autre appliquée aux USA, à l'Arabie Saoudite ou à la Chine
parce qu'ils l'appliquaient.

Concernant les lanceurs d'alerte, le cas le plus important ces derniers
mois est celui de Snowden de nationalité américaine, qui encourt de très
graves sanctions par son pays.

J'aurais donc aimé avoir plus d'explications sur ce que le fonds mondial
entend par droits humains, lanceurs d'alerte, etc... Qui définit les
droits et principes, et quels seront les pays qui seront pénalisés ?

Le fonds mondial "s¹engage à protéger et à promouvoir des droits de
l¹homme...", "Par notre engagement, nous devons également veiller à ce que
les programmes soutenus par le Fonds mondial ne contreviennent pas aux
droits de l¹homme.' Oui mais lesquels ?
http://theglobalfund.org/fr/about/humanrights/

"Il importe dès lors de lever les barrières en matière de droit de l¹homme
qui entravent l¹accès aux services de santé pour les femmes et les jeunes
filles, les professionnels du sexe, les consommateurs de drogues, les
hommes ayant des rapports sexuels avec d¹autres hommes, les personnes
transgenres, la population carcérale, les migrants, les peuples
autochtones, et toutes celles et tous ceux qui sont tout particulièrement
touchés par une ou plusieurs de ces trois maladies.". Est ce que les
personnes discriminées et infectées par d'autres maladies que les trois
mentionnées ne sont pas concernées ? Une jeune fille mono-infectée par une
hépatite sera t-elle concernée par ces droits de l'homme ? Quid du
prisonnier qui a un diabète grave ? Qui de l'enfant pygmée drépanocytaire,
est-il concerné par les procédures qui seront appliquées ? L'accès aux
soins de santé primaires n'est-il pas un droit humain ? Etc...

La lutte contre les inégalités sociales fait-elle partie de la panoplie
des droits à surveiller par le fonds mondial ?

Autre question. Le fonds mondial peut-il être financé par des pays qui ne
respecteraient pas certains droits humains ou certains droits de l'homme ?
Par exemple les USA qui appliquent la peine de mort ou traquent les
lanceurs d'alerte.

Je crois que le fonds mondial diffuse régulièrement des messages sur
e-med. Il serait intéressant d'avoir leur opinion sur un sujet à très
large spectre et où à ma connaissance il n'y a pas de consensus
international.

Merci et bonne journée,
Bertrand

Bonjour Bertrand,

Les questions que vous soulevez sont pertinentes, quelques remarques
néanmoins :

vous vous référez au site internet http://theglobalfund.org/fr/about/humanrights
  où l'on peut lire : "Pour vaincre le VIH, la tuberculose et le
paludisme, nous devons nous concentrer sur les personnes les plus
vulnérables. Il importe dès lors de lever les barrières en matière de
droit de l’'homme qui entravent l’accès aux services de santé pour les
femmes et les jeunes filles, les professionnels du sexe, les
consommateurs de drogues, les hommes ayant des rapports sexuels avec
d’autres hommes, les personnes transgenres, la population carcérale,
les migrants, les peuples autochtones, et toutes celles et tous ceux
qui sont tout particulièrement touchés par une ou plusieurs de ces
trois maladies."
Au Nord comme au Sud, le VIH touche plus violemment les populations
dites vulnérables, vulnérables en vérité parce que discriminées par
les pouvoirs publics et les sociétés.

Contrairement à ce que vous semblez dire, il ne s'agit pas de
pénaliser des pays mais d'essayer de protéger les personnes qui, par
leur engagement dans la lutte contre le sida, se mettent en danger. Il
s'agit là d'enjeux réels et urgents et l'on ne peut que se féliciter
que le Fonds mondial souhaite y répondre en garantissant un minimum de
protection aux personnes exposées.

Vous parlez dans la suite de votre message d'une vision plus globale
des droits humains (accès aux traitements contre les hépatites, aux
soins de santé primaire, lutte contre les inégalités sociales, etc.).
Je suis bien évidemment d'accord avec vous que ces droits également
doivent être garantis. La question est : mieux vaut-il décrier
l'initiative du Fonds mondial car elle ne répondra pas, c'est évident,
à l'ensemble des problématiques ; ou l'utiliser comme précédent et
comme exemple - si tant est qu'elle fonctionne bien - pour le reste
des combats qu'il nous reste à mener ?

Quant au fait que dans les pays du Nord également des droits humains
sont bafoués et les lanceurs d'alertes traqués, je suis bien d'accord
avec vous. Devons nous dès lors refuser leur argent au vu des
conséquences que cela engendrerait ?

Bien à vous,

Céline Grillon
international@actupparis.org