E-MED: (2) Position et r�le de l'industrie du m�dicament
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Bonjour � tous,
Syndicaliste dans l'industrie pharmaceutique, je vous livre quelques
extraits d'un article qui sera publi� � la rentr�e, pour ouvrir le d�bat,
sur l'alternative � "big pharma".
"Revenons sur la notion de m�dicaments g�n�riques, et les diff�rences entre
Nord et Sud. Les m�dicaments fabriqu�s au Br�sil, en Inde par exemple
d�nomm�s g�n�riques sont des copies de m�dicaments encore prot�g�s. Par
contre, en Europe, le terme g�n�rique �voque des mol�cules dont le brevet a
expir�. Et en g�n�ral, les fabricants de ces g�n�riques sont des filiales de
grands groupes pharmaceutiques ! Il y a aussi une diff�rence dans le d�bat,
ce que font les br�siliens est l'appropriation de m�dicaments pour r�pondre
� des besoins de sant�, appropriation in�vitable face � Big Pharma.
Au nord, les gouvernements disent augmentons la part des g�n�riques, pour
diminuer les d�penses de sant�. Au del� de l'aspect contestable de cette
approche comptable, il faut �voquer �galement le marchandage avec les
industriels, qui est en gros, nous augmentons la pr�sence des g�n�riques, si
vous augmentez nos prix sur les mol�cules innovantes, avec le risque
d'aggraver encore l'�cart entre une m�decine pour les riches et une m�decine
pour les pauvres. Il ne faudrait pas qu'� terme on aille vers des
m�dicaments pour les pauvres les g�n�riques, et des m�dicaments pour les
riches avec des prix libres que seraient les mol�cules innovantes ! !
Et puis cette r�flexion sur le g�n�rique, cette mode devrai je dire, part
d'un principe contestable : consid�rer le m�dicament comme un produit
anodin. Enfin il serait illusoire de croire que dans un cadre exclusivement
priv�, sans r�forme des brevets, la concurrence entre grands groupes pour la
fabrication de g�n�riques ferait r�ellement baisser les prix de mani�re
durable. C'est un secteur o� pour prot�ger les profits, l'entente est de
mise. Prenons l'exemple de Pretoria, mais surtout la d�couverte r�cente aux
USA et en Europe d'un accord illicite entre trusts sur le prix des vitamines
! Il faut dire �galement qu'aujourd'hui les g�n�riques les moins chers
restent encore hors de port�e pour la plupart des habitants des pays
pauvres."
"En fait c'est bien de changements radicaux dont nous avons besoin. Il
s'agit tout d'abord de d�battre de la notion de propri�t� intellectuelle et
de son appropriation. Les brevets dans ce domaine ne sont qu'une
confiscation pour des int�r�ts lucratifs. Il faut sortir de ce syst�me. Je
rappellerai ce que disait le docteur Salk, cr�ateur du premier vaccin contre
la polio en 1955. Un journaliste lui demanda � qui appartenait cette
d�couverte, il r�pondit : � Eh bien au peuple, il n'y a pas de brevet.
Peut -on breveter le soleil ? �.
Il ne s'agit pas d'imposer aux labos de faire l'aum�ne mais bien de donner �
chaque �tre humain le droit � la sant� et cela repose la question du
m�dicament pour qui, pour quoi faire ? Je rajouterai avec quelle industrie
pharmaceutique ?
Le m�dicament n'est pas un produit comme les autres, il faut le consid�rer
comme partie int�grante de la politique de sant�, comme un bien public, au
m�me titre que l'eau, l'�nergie... La recherche, la production et la
distribution pharmaceutique ne doivent donc pas �tre r�gis par les lois du
profit, sous le contr�le exclusif de quelques grands groupes priv�s. Il
appara�t clairement que ceux ci doivent �tre plac�s sous contr�le public. En
France dans les ann�es 80, nous avons connu une nationalisation de
l'industrie pharmaceutique. Cela n'a pas emp�ch� il est vrai des scandales
comme l'Oltipraz, traitement contre la bilharziose d�couvert chez
Rh�ne-Poulenc mais jamais produit. Cela n'a pas permis la constitution d'un
grand p�le pharmaceutique permettant de r�pondre aux besoins. En fait cette
nationalisation a remis ces entreprises � flot, ce qui a permis des
privatisations juteuses ensuite. Ce contr�le public peut prendre plusieurs
formes.
Tout d'abord on peut �voquer la mise en place d'un v�ritable conseil
scientifique du m�dicament, ind�pendant de Big Pharma, qui en lien avec les
ONG �tablissent des priorit�s. Les conclusions de ce conseil pourraient
servir d'orientations tant � la recherche publique, j'y reviendrai qu'�
l'industrie priv�e. Comment ? Les aides publiques pourraient �tre soumises �
ces orientations, et on peut imaginer �galement l'obligation pour les trusts
d'utiliser une partie de leurs b�n�fices � des recherches et des productions
utiles et indispensables.
D'autres pistes peuvent �tre �voqu�es : fond aliment� par une taxe sur ces
b�n�fices, fond de soutien � la recherche publique et � des initiative de
solidarit� internationale. On peut penser �galement � la r�quisition des
unit�s de fabrication qui ne sont pas utilis�es afin de produire les
m�dicaments faisant d�faut aujourd'hui. Il y a �galement n�cessit� �
r�fl�chir sur la recherche publique, il faut la sortir de son asservissement
au priv�. Cela veut dire lui donner plus de moyens mais aussi lui donner une
autre dimension. Pour d�velopper un m�dicament apr�s sa d�couverte, elle est
quasi oblig�e de passer par Big Pharma, cela suppose donc la mise en place
d'un secteur de d�veloppement pharmaceutique public.
Cette derni�re proposition m'am�ne � pousser plus loin la r�flexion,
r�flexion que l'on pourrait r�sumer par une d�claration d'Yves Salesse,
pr�sident de la fondation Copernic : � La r�alit� d'aujourd'hui est que des
choix fondamentaux pour la vie imm�diate et l'avenir de nos soci�t�s,
rel�vent de d�cisions priv�es, alors qu'ils devraient �tre au coeur du d�bat
d�mocratique. �. Toutes les propositions �voqu�es pr�c�demment ne sont pour
moi que des mesures temporaires. C'est vers la constitution d'un grand p�le
public de recherche et de production pharmaceutique qu'il faut aller, mais
avec un mode de gestion qui ne soit pas calqu� sur le priv�, p�le public
g�r� par les chercheurs, les salari�s, impliquant les syndicats, les
associations de malades, les ONG, p�le public tr�s ouvert sur les
collaborations internationales notamment avec le Sud, p�le public dont les
d�cisions seraient impuls�es par le d�bat d�mocratique et non par le
profit."
Laurent Ziegelmeyer
Laurent.Ziegelmeyer@aventis.com
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