Merci d'avoir proposé sur E-med ce sujet très intéressant, dans lequel il ne faut surtout pas mettre en opposition les traitements thérapeutiques à base d’ACT et les traitements par les produits issus de la phytothérapie. Je laisserai donc de côté dans mon commentaire le biais politique et économique autour des lobbies de l’industrie pharmaceutique.
Je comprends bien l’attitude des organismes internationaux, qui tentent depuis plusieurs années d’organiser le dépistage et le traitement du paludisme en instaurant les tests de diagnostic rapides et les ACT dans un cadre de santé adapté à chaque situation sanitaire. Cette approche fonctionne, surtout si les gouvernements des pays intègrent cette stratégie dans un programme global d’activité de soins. Dans les zones géographiques où les patients restent négligés, il faut bien qu’ils trouvent des solutions adaptées et les plantes représentent souvent l’unique solution efficace en accompagnement de l’immunité antipaludique dont l’activité doit être associée à l’efficacité thérapeutique dans les régions où la transmission est élevée.
Il est certain que reconnaitre l’activité d’extraits de plantes sans en avoir défini précisément les modalités de production et les limites des posologies dans l’ensemble des lieux de production, entrainera obligatoirement une désorganisation de l’approche thérapeutique, des échecs au traitement, et la multiplication de petites entreprises locales dont il sera impossible de contrôler la qualité de leur production.
Par contre, il est à mon avis très important de pouvoir avancer sur le potentiel thérapeutique constitué par l’ensemble des complexes moléculaires présents dans les plantes, certains ayant des activités anti-infectieuses indéniables, d’autres facilitant l’absorption et le métabolisme des principes actifs, et d’autres permettant d’éviter l’évolution des résistances.
Plutôt que de stigmatiser les promoteurs de l’utilisation de la phytothérapie, je proposerais plutôt aux instances internationales d’organiser un premier congrès scientifique autour des artemisia et de l’artémisinine, où les différents courants pourront confronter leurs résultats, et où il serait peut être possible d’engager un dialogue permettant d’avancer sur un consensus permettant à la recherche médicale d’avancer.
Pascal Millet
Université / CHU de Bordeaux