Chers e-médiens,
L'information transmise jeudi dernier sous le titre : "France : De plus en
plus de médicaments non utilisés rapportés en pharmacie" m'incite à réagir
car sous une présentation positive (prévention des risques domestiques,
préservation de l'environnement) elle occulte plusieurs problèmes de fond
particulièrement négatifs.
En effet, comment trouver positif la destruction de 14.730 tonnes de
médicaments dont une majorité a été financée par la solidarité nationale ?
Les caisses de sécurité sociale ne peuvent-elles pas légitimement
s'indigner sur ce gâchis et s'interroger sur ses origines ?
Une réflexion sur les mesures à mettre en ¦uvre (de la prescription à la
dispensation) pour prévenir cette surconsommation est urgente.
Peut-on présenter une incinération de médicaments comme une "valorisation"
des médicaments non utilisés (MNU) alors que cela représente un coût et un
risque pour l'environnement ?
N'est-il pas nécessaire de changer le nom de CYCLAMED qui suggère à tort
une forme de recyclage et de valorisation ?
Par ailleurs, si une augmentation de la collecte de 3,2% est observée
entre 2012 et 2013, elle fait cependant suite à une diminution de 2% entre
2011 et 2012 (collecte de 14565 tonnes en 2011).
En fait, les quantités collectées par CYCLAMED restent stables et ne
représentent qu'environ 22% des MNU.
Une majeure partie des MNU se retrouvent dans l'environnement et en
particulier dans l'eau qu'il faut dépolluer par des techniques de plus en
plus onéreuses. Il s'agit d'une double peine (sanitaire et
environnementale) qui intéresse des lobbies en amont et en aval.
La contamination de notre environnement par des traces de médicaments est
d'actualité. Un récent rapport parlementaire (rapport disponible ici :
http://www.assemblee-nationale.fr/14/europe/rap-info/i1828.asp?utm_source=r
ss&utm_medium=rss&utm_campaign=perturbateurs-endocriniens-rapport-dinformat
ion-de-la-commission-des-affaires-europeennes) indique à propos des
"perturbateurs endocriniens" dont plusieurs sont d'origine médicamenteuse:
"Ce n'est pas la dose d'exposition qui fait le poison mais la période
d'exposition. Les périodes les plus problématiques du cycle de vie, que
l'on peut qualifier de "fenêtre de vulnérabilité", sont la vie prénatale,
la petite enfance et la puberté".
La surproduction de médicaments qui entraîne une contamination de notre
environnement est devenue un véritable problème de santé publique qui doit
être traité.
Bien à vous
Alain Ragon
Assistance Publique - Hôpitaux de Marseille