[e-med] (4)De Alma Ata au Fonds Mondial : l'histoire de la politique de santé internationale

Chers tous,
Les préoccupations soulevées par Serge restent pendantes.
Après Alma Ata et l'initiative de Bamako qui a rappelé le principe de financement de soins de santé primaires par les bénéficiaires, nous rentrons petit à petit à la gratuité des soins.
Il est donc important aux gouvernements africains d'accompagner la santé publique par des efforts de réduction de pauvreté et au besoin promouvoir les mutuelles de santé.
Quid de l'après Fonds Mondial? Que deviendront toutes les personnes vivant avec le VIH sous HAART après le Fonds Mondial? Au délà des moustiquaires imprégnées d'insecticide, où sont les programmes d'assainissement du milieu?

Charly MAMPUYA, B. Pharm
Responsable Provincial Chargé de l'Atténuation de l'impact
Coordination Provinciale Bas-Congo/PNMLS
Tél:+243997910875/+243898616581
www.pnmls.cd
cmampuya@yahoo.fr

Je pense qu'il est bon de poursuivre le débat. La plupart des économistes
reprochent à l'Initiative de Bamako d'avoir échoué en particulier sur le
volet des indigents.
Ces mêmes économistes parlent de mutuelles de santé. Moi, ma question ,
c'est : est-il possible de faire payer une cotisation quelconque à des
indigents pour adhérer à une mutuelle. Ne faut-il pas réfléchir à une
structure qui rembourserait les structures de santé ayant délivré un paquet
de soin gratuit?
Ne faut-il pas que l'aide internationale qui se focalise sur du don de
médicament en venant perturber les financements des systèmes de santé et les
circuits financiers qui accompagnent les circuits de distribution des
médicaments, n'envisage pas de participer à ces structures de remboursement
de la gratuité. Ces structures pourraient recevoir dans un premier temps une
forte aide internationale renforcée avec des lignes budgétaires des Etats(
lignes PPTE, Fonds de compensation....)
Aujourd'hui, l'aide internationale (solidarité internationale?) se focalise
sur l'offre de médicaments. Pourquoi ne pas envisager de s'occuper de la
demande?

Le débat doit s'ouvrir. Il me semble que la mobilisation financière de
l'aide internationale n'atteint pas son but et pourrait certainement être
mieux utilisé. En un mot, l'efficience m'apparait bien mauvaise.

Serge Barbereau

En Mauritanie, le Ministère de la santé vient de lancer une expérience pilote qui consiste en la création d'un fonds financé par l'Etat pour la prise en charge des indigents au niveau des services des urgences de l'Hôpital National et de l'Hôpital cheikh Zayed à Nouakchott.
Ce fonds est ouvert aux autres bonnes volontés (Zakat: sorte d'aumone musulmane, dons, etc...).
La gestion de ce fonds sera confiée à une équipe composée d'agents de la communauté urbaine, des municipalités, etc... et permettra de rembourser les Hôpitaux pour les soins des patients admis au niveau des urgences.
La question du financement de la santé se pose et il est urgent de trouver des mécanismes nouveaux car nos populations s'appauvrissent jour après jour et les maladies ne reculent pas; mais les financements à eux seuls ne règlent pas le problème.
Il est nécessaire de faire une analyse critique des défaillances de nos systèmes de santé et d'adapter les actions à ces problémes et ceci avec le concours des nouveaux partenaires (BM;FM;UE;CF;etc...) qui doivent avoir une vision globale et non focalisée seulement sur le VIH, Tuberculose et palu seulement.

Mr Dah Ould El Hadj Sidi
Pharmacien,
CT du Ministre de la Santé chargé du secteur
de la pharmacie et des laboratoires
dhajs@hotmail.com

En ce qui me concerne, je ne crois pas du tout en un système de gratuité. En Afrique, c'est ce système qui a prévalu, depuis le temps colonial et durant les deux décenies qui ont suivi les indépendance. et qui a lamentablement échoué. C'est ce constat d'échec qui a été à l'origine des réflexions ayant abouti à l'initiative de Bamako. Aujourd'hui donc, il n'est plus question de parler de gratuité. Chacun doit payer à la mesure de ses moyens dans un système de solidarité vrai. Pour cela, des études très poussées devraient permettre de mesurer le degré d'indigence. De savoir qui peut payer et qui ne le peut pas réellement. On sait que près de 70 % des revenus en afrique sub saharienne proviennent du secteur informel et sont parfois saisonniers pour les paysans. Ce qui les rend non pas indigents permanents mais plutôt indigents saisonniers. Dans ces conditions il faut bien calibrer la période de l'année à laquelle ils contribuent à leur frais de santé.

Ceci bat en brèche la théorie selon laquelle, l'Iniative de Bamako aurait échoué du fait du problème des indigents. A la place de cette affirmation, je dirais que c'est plutôt le paiement direct et immédiat au moment de l'utisation des services qui a posé le vrai problème et qui a constitué une mort prématurée du système actuelle de recouvrement des coûts dans un continent où les usagers sont plus vulnérables au moment des soudures (en dehors des périodes de recolte et de vente des produits agricoles)

Il faut seulement, au regard des systèmes de solidarité existant en Afrique, ressortir un modèle qui réponde mieux au besoins des populations.

Dr Sosthène DOUGROU, MD-MPh
Directeur ExecutifAlliance Nationale contre le SIDA en Côte d'Ivoire
08 BP 2046 Abidjan 08
Tél.:00225 22 52 85 70
Fax: 00 225 22 52 85 72
Mobile: 00225 05 20 32 36

Que l'on ne croit pas à la gratuité , c'est le droit de chacun. mais je
reviens à mon premier message. De Alma Ata au Fond mondial, ou j'ajoutai le
retour de la gratuité. Le problème c'est que nous sommes devant un fait
accompli. Je reprends pour le Burundi. Les ARV, les ACT, les médicaments
pour la Tuberculose, la Lèpre, l'Onchocercose, les Shistosomiases sont
gratuits, les vaccins sont gratuits, les médicaments pour les moins de 5 ans
et les femmes qui accouchent sont gratuits. Que reste t-il réellement dans
le système payant du recouvrement des coûts?
Pourtant nous savons qu'il faut un circuit financier efficace pour
accompagner un circuit de distribution. Moi, je pense que les ruptures de
stock ne sont pas le fait d'erreurs de gestion. Dans la plupart des cas
c'est le circuit financier qui est en cause.
Alors que proposer. Dans un premier temps, il est necessaire de faire
comprendre la necessité d'une logistique intégrée .
Je vous joins le texte que j'ai écrit pour le Burundi. Il peut s'appliquer
dans nombre de pays.

C'est pour répondre au souci d'une utilisation optimale des ressources et d'une pérennisation du système d'approvisionnement des produits de santé qu'il faut opter pour une intégration de la filière de gestion des produits de santé.

Le transfert progressif des missions d'approvisionnement des intervenants en
Santé à la CAMEBU est un des préalables à la réussite du système de gestion
logistique intégrée, cela incluant l'appui de toutes ses institutions au
renforcement des capacités de cette structure.

C'est pourquoi, un appel doit être lancé à tous les partenaires /donateurs
pour participer à la mise en ouvre de cette intégration, gage d'une
meilleure coordination et d'une pérennisation de la fourniture des produits
de santé.

Un système intégré à 100 %, gère en principe l'ensemble des produits du
secteur santé.

Il comprend les fonctions suivantes :

· L'estimation des besoins

· La planification des achats

· Les achats

· Les procédures de transit et de dédouanement standardisées

· Le stockage

· La distribution

· La dispensation

· Le suivi et monitoring

· L'information sur la distribution / consommation

Actuellement il y a de multiples sources d'approvisionnement, créant des
systèmes parallèles. Cela entraîne un gaspillage des ressources existantes.

Mais à mon avis , il y a aussi une deuxième étape.

L'aide internationale doit concentrer son appui au soutien de la demande
(Structures dispensatrices) si l'objectif est de développer les capacités
des centrales.

Il faut envisager l'arrêt des dons en médicaments. Ils sont un facteur de
déstabilisation et ne résolvent que des problèmes ponctuels et n'assurent
aucune pérénité.

Par contre il faut imaginer un système financier pour payer les soins et
les médicaments des plus pauvres . C'est ce que propose christian. C'est
certe plus difficile à mettre en oeuvre qu'un don trés médiatique.

Serge Barbereau

Bonjour

La gratuité: un problème en Afrique
Constatez avec moi que cette formule est dédiée plus au système de santé qu'à tout autre système.

Même l'école se capitalise, soit par des photocopies, des livres et des contributions ou par les financements à partir des taxes imposées sur les articles.

Les ventes de pagnes sont capitalisées dans cette même Afrique. Aucun fabricant ne parle de gratuité, mais cela s'achète.

Au nom du sacerdoce, la santé est inconsidérée dans les budgets des africains, surtout dans ceux de la majorité des personnes de mon Pays.

Observez un fait: les communautés très laborieuses ne lésinent pas sur les moyens pour s'assurer une bonne santé, en tout cas à la limite de leurs moyens. Ces mêmes communautés sont traitées à tort ou à raison par leurs paires comme des personnes qui ne savent pas s'habiller et sont déconsidérées.

Que retenir alors de ces observations?
La valeur accordée à la santé est associée à l'importance accordée au travail.

Le système de santé doit faire son propre marketing et rappeler la relation économique qui la lie à toute autre activité de la vie.

Merci

Acakpo Alfred

Tout à fait d'accord avec Serge, il faut d'urgence se préoccuper d'un
système qui puisse se pérenniser et non pas créer d'avantage de dépendance.
Jean-Yves Videau

Parlant de perenniser le système de distribution, il faut mettre en place un système de subvention dégressive qui tiendra compte du niveau économique de la population en question.

Renald Charles