chers tous,
je n'ai pas les éléments pour réagir sur la nomination à la tête du
Fonds mondial de la personne contestée par Act Up;
je voudrais réagir sur ce passage de la position d'Act Up en réaction:
"la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a besoin de
personnes expertes, engagées, proches des malades et capables
d'interpeller publiquement les responsables politiques, les
administrations, l'industrie pharmaceutique. La lutte contre le sida,
la tuberculose et le paludisme a besoin d'une personne qui défende la
qualité des soins contre la rentabilité."
il faut bien comprendre que ces aspects ne relèvent justement pas du
Fonds mondial, et c'est parce que le CA du FM, et la communauté
internationale toute entière depuis 10 ans, y compris les
associations, ont mélangé tous les mandats, que cette institution se
trouve dans une impasse de gouvernance aujourd"hui, les uns et les
autres ayant attendu d'elle ce qui ne lui revenait pas de faire et ce
qu'ils étaient de leur côté dans la difficulté de faire, chacun pour
des raisons différentes
la question de l'implication du FM sur le financement des systèmes de
santé en est une des plus belles illustrations, systèmes qui devraient
être pensés par les pays en tête, avec l'appui technique de l'OMS et
financés par des instruments "systèmes" financés à l'échelle nationale
(swap,aides sectorielles, aides budgétaires) tels ceux (en dons ou en
prêts selon) de l'Union européenne, de la Banque mondiale, de l'aide
bilatérale notamment les britanniques et les pays du Nord de l'Europe,
ou de l'AFD , dont il faudrait certes augmenter les volumes, améliorer
les procédures et simplifier beaucoup de mécanismes comme l'évaluation
des programmes santé de la Banque mondiale en Afrique ou PED, sur 10
ans, l'a dit, dans un rapport IEG World Bank, ainsi qu'accompagner
d'expertise pour s'assurer de la qualité
aide bilatérale, en synergie avec les financements du FM, de GAVI, ou
autres financements ciblés, dont le mandat est précis, et qui doivent
avant tout s'atteler à atteindre leurs objectifs précis, plutôt que de
partir dans tous les sens, ce que le CA du FM n'a pas su maîtriser,
malgré plusieurs rapports qui l'y invitaient, dont l'évaluation du FM
à 5 ans, en ligne sur le site du Fonds mondial, en particulier l'étude
sur l'impact (3) et l'étude 2
voir les rapports de Macro international qui a réalisé les études,
avec d'autres, (et pas ceux du TERG (comité de pilotage de
l'évaluation) qui ont été présentés au CA)
http://www.theglobalfund.org/en/terg/evaluations/5year/sa3/
voir aussi l'article ici en anglais, ou dans la revue de médecine
tropicale en français
http://factsreports.revues.org/635
je ne crois pas qu'il y ait eu d'évaluation de la contribution du FM,
de Pepfar ou d'autres au financement ou à l'amélioration des systèmes
de santé depuis 4 ou 5ans qu'ils y sont, je ne pense pas que les
résultats soient très satisfaisants de ce que j'ai pu en voir, car
cela reste toujours finalement des approches partielles et
momentanées, très peu pérennes, et des contrats signés avec un
bénéficiaire, assez peu systémique par nature en général, on tourne en
rond;
il revient d'abord aux autorités sanitaires et à leurs partenaires
dans les pays, aux institutions de l'ONU dont c'est le mandat,
notamment Onusida et OMS, de contribuer à la pertinence politique,
stratégique et à la qualité des interventions financées par le Fonds
mondial ou d'autres bailleurs; les contributions de l'Onusida et de
l'OMS sur ce qui relève de leurs mandats dans les pays sont -elles
satisfaisantes, évaluées? Qui s'en soucie?
il revient aussi aux institutions de l'aide bilatérale de fournir aux
pays l'expertise attendue, nationale, locale ou internationale, ce en
quoi elles ont largement failli depuis 10 ans
ce n'est pas au Fonds mondial de palier les échecs des autres
institutions; la réponse ne viendra pas non plus du seul FM évidemment,
il s'agit de reconnaître qu'on s'est trompé, de repenser et refonder
la façon dont on pense le développement et le développement sanitaire,
ainsi que les critères d'efficacité de l'aide, qui se sont focalisés à
coacher des bailleurs indisciplinés, et qui ne comportent pas même la
question de l'analyse de l'équité de la répartition d'une aide censée
bénéficier à ceux qui en ont le plus besoin; qui se soucie d'une aide
parfaitement inéquitable, et par là même très inefficace?
tant qu'on ne resitue pas les positions de chacun, notamment à
l'échelle nationale, on continuera à dériver, et priver les
populations de tout ce dont elles ont besoin, alors que des milliards
d'euros ou de dollars sont mobilisés tout de même
bon courage à tous
Dr Dominique Kerouédan,
d.kerouedan@skynet.be