[e-med] (4)Un banquier à la tête du Fonds mondial ? Communiqué d'Act Up-Paris

chers tous,

je n'ai pas les éléments pour réagir sur la nomination à la tête du
Fonds mondial de la personne contestée par Act Up;

je voudrais réagir sur ce passage de la position d'Act Up en réaction:

"la lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme a besoin de
personnes expertes, engagées, proches des malades et capables
d'interpeller publiquement les responsables politiques, les
administrations, l'industrie pharmaceutique. La lutte contre le sida,
la tuberculose et le paludisme a besoin d'une personne qui défende la
qualité des soins contre la rentabilité."

il faut bien comprendre que ces aspects ne relèvent justement pas du
Fonds mondial, et c'est parce que le CA du FM, et la communauté
internationale toute entière depuis 10 ans, y compris les
associations, ont mélangé tous les mandats, que cette institution se
trouve dans une impasse de gouvernance aujourd"hui, les uns et les
autres ayant attendu d'elle ce qui ne lui revenait pas de faire et ce
qu'ils étaient de leur côté dans la difficulté de faire, chacun pour
des raisons différentes

la question de l'implication du FM sur le financement des systèmes de
santé en est une des plus belles illustrations, systèmes qui devraient
être pensés par les pays en tête, avec l'appui technique de l'OMS et
financés par des instruments "systèmes" financés à l'échelle nationale
(swap,aides sectorielles, aides budgétaires) tels ceux (en dons ou en
prêts selon) de l'Union européenne, de la Banque mondiale, de l'aide
bilatérale notamment les britanniques et les pays du Nord de l'Europe,
ou de l'AFD , dont il faudrait certes augmenter les volumes, améliorer
les procédures et simplifier beaucoup de mécanismes comme l'évaluation
des programmes santé de la Banque mondiale en Afrique ou PED, sur 10
ans, l'a dit, dans un rapport IEG World Bank, ainsi qu'accompagner
d'expertise pour s'assurer de la qualité

aide bilatérale, en synergie avec les financements du FM, de GAVI, ou
autres financements ciblés, dont le mandat est précis, et qui doivent
avant tout s'atteler à atteindre leurs objectifs précis, plutôt que de
partir dans tous les sens, ce que le CA du FM n'a pas su maîtriser,
malgré plusieurs rapports qui l'y invitaient, dont l'évaluation du FM
à 5 ans, en ligne sur le site du Fonds mondial, en particulier l'étude
sur l'impact (3) et l'étude 2

voir les rapports de Macro international qui a réalisé les études,
avec d'autres, (et pas ceux du TERG (comité de pilotage de
l'évaluation) qui ont été présentés au CA)

http://www.theglobalfund.org/en/terg/evaluations/5year/sa3/

voir aussi l'article ici en anglais, ou dans la revue de médecine
tropicale en français
  http://factsreports.revues.org/635

je ne crois pas qu'il y ait eu d'évaluation de la contribution du FM,
de Pepfar ou d'autres au financement ou à l'amélioration des systèmes
de santé depuis 4 ou 5ans qu'ils y sont, je ne pense pas que les
résultats soient très satisfaisants de ce que j'ai pu en voir, car
cela reste toujours finalement des approches partielles et
momentanées, très peu pérennes, et des contrats signés avec un
bénéficiaire, assez peu systémique par nature en général, on tourne en
rond;

il revient d'abord aux autorités sanitaires et à leurs partenaires
dans les pays, aux institutions de l'ONU dont c'est le mandat,
notamment Onusida et OMS, de contribuer à la pertinence politique,
stratégique et à la qualité des interventions financées par le Fonds
mondial ou d'autres bailleurs; les contributions de l'Onusida et de
l'OMS sur ce qui relève de leurs mandats dans les pays sont -elles
satisfaisantes, évaluées? Qui s'en soucie?

il revient aussi aux institutions de l'aide bilatérale de fournir aux
pays l'expertise attendue, nationale, locale ou internationale, ce en
quoi elles ont largement failli depuis 10 ans

ce n'est pas au Fonds mondial de palier les échecs des autres
institutions; la réponse ne viendra pas non plus du seul FM évidemment,

il s'agit de reconnaître qu'on s'est trompé, de repenser et refonder
la façon dont on pense le développement et le développement sanitaire,
ainsi que les critères d'efficacité de l'aide, qui se sont focalisés à
coacher des bailleurs indisciplinés, et qui ne comportent pas même la
question de l'analyse de l'équité de la répartition d'une aide censée
bénéficier à ceux qui en ont le plus besoin; qui se soucie d'une aide
parfaitement inéquitable, et par là même très inefficace?

tant qu'on ne resitue pas les positions de chacun, notamment à
l'échelle nationale, on continuera à dériver, et priver les
populations de tout ce dont elles ont besoin, alors que des milliards
d'euros ou de dollars sont mobilisés tout de même

bon courage à tous

Dr Dominique Kerouédan,
d.kerouedan@skynet.be

Bonsoir

Je n'ai pas l'expertise du Dr Dominique par rapport au Fonds Mondial, mais
je me permettrais de relever des limites du développement qu'elle a fait sur
le communiqué de Act Up.

Je suis tout à fait d'accord avec Act Up que "la lutte contre le sida, la
tuberculose et le paludisme a besoin de personnes expertes, engagées,
proches des malades et capables d'interpeller publiquement les responsables
politiques, les administrations, l'industrie pharmaceutique. La lutte
contre le sida,la tuberculose et le paludisme a besoin d'une personne qui
défende la qualité des soins contre la rentabilité."

Act Up sait de quoi il parle parce que ce ne sont pas les banquiers qui ont
poussé à la mise en place du Fonds Mondial, mais bien plutôt ces activistes
du monde entier qui ont su faire prévaloir l'intolérance de la mort de
millions de personnes à cause du VIH/Sida.
Tout comme l'idée de sa création, la reforme du Fonds Mondial n'a pas
besoin d'un banquier à sa tête. Comment voulez-vous atteindre des résultats
socio-sanitaires avec un décideur qui ne se préoccupe que des balances
financières?

Les difficultés actuelles du Fonds ne sont nullement dues au fait qu'on ait
attendu beaucoup de lui. Elles sont plutôt dues au fait justement que la
rigueur de la gestion financière a pris le pas sur l'atteinte des
résultats. Bien sûr, ma réflexion ne justifie pas l'irresponsabilité des
gestionnaires et décideurs qui ont détourné les ressources du Fonds. Ils
sont bien sûr à condamner, mais il faut dénoncer également les dérives
gestionnaires des banquiers du Fonds Mondial, qui étaient tapis dans
l'ombre et qui ont décidé maintenant de se révéler au grand jour.

Si le fonds mondial doit être géré par un banquier, ne gagnerait-on pas en
termes d'économie de charges de fonctionnement de le dissoudre et affecter
son mandat à la Banque Mondiale. Je m'inscris simplement dans la logique du
raisonnement des banquiers.

Le fait de dire que "ce n'est pas au Fonds mondial de palier les échecs des
autres institutions; la réponse ne viendra pas non plus du seul FM
évidemment" découle d'une mauvaise compréhension de la nature du FM par Dr
Dominique. Le FM ne saurait être seul en quoi que ce soit parce qu'il est
justement un partenariat dynamique entre tous les acteurs y compris des
"autres institutions". La formule actuelle favorisait le dynamisme de ce
partenariat, mais la nouvelle va certainement la détruire. Déjà que les
propos d'Act Up suscitent de telles réactions dans ce groupe, j'imagine
aisément ce qu'un banquier répondra à un activiste qui essaiera, lors d'une
instance décisionnelle du Fonds, de mettre plus en avant les intérêts des
malades en lieu et place de la régularité des courbes financières.

A mon sens, solidairement avec Act Up, les activistes du monde entier
doivent se mobiliser pour dénoncer le détournement du Fonds Mondial.
Cordialement!

--
Simon KABORE
PCA du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
04 BP: 8038 Ouagadougou 04 Burkina Faso
Tel: bur (226) 50 37 70 16
         Cel: (226) 70 24 44 55
E-mail alternatif: simonkabore@rame-int.org

Bonjour à tous,

Merci à Dominique d'avoir réorienter le débat et apporter des clarifications afin d'aborder les véritables causes des évènements que nous vivons actuellement.
Toutefois, je voudrai insister et rebondir sur sa conclusion : "tant qu'on ne restitue pas les positions de chacun, notamment à l'échelle nationale, on continuera à dériver...".

Ces propos m'amènent à partager avec vous les constats suivants, au niveau des pays :

1. Le monde de la Finance (je ne fais allusion à rien !! pas même à un discours prononcé au Bourget...) a cherché à prendre le contrôle de la Santé Publique et a échoué... Au niveau des pays, nous nous confrontons à des chargés de portefeuille qui ont qu'une approche financière de la gestion des subventions, souvent dénuée de toute approche santé publique.

Je pense que :
(i) le FM ne doit rester qu'un gestionnaire de portefeuille, au sens financier et comptable, veillant à la Bonne Gouvernance, et un mobilisateur de ressources,
(ii) les LFA devraient être purement santé publique et considérés comme un PTF au niveau national (souvent les réunions de PTF se tiennent sans aucun représentant du LFA/FM, alors que ce dernier représente qqfois 60 à 90% des ressources),o eil du FM avec une forte compétence en SP,
(iii) les RP doivent émanés de la partie nationale (MS ou un Ministère du pays), appuyés si nécessaire par une ONG internationale (actuellement, nombre de RP sont des ONG internationales complètement déconnectées des Ministères et sur lesquelles les Programmes du MS n'ont plus aucun contrôle... Dans certains pays, pour avoir les données du pays concernant une maladie, il est recommandée de se rapprocher du RP plutôt que du Programme national... est ce normal ?)

2. Pourquoi ne pas promouvoir un "bicéphalisme" au niveau de la Direction du Fonds : un gestionnaire et un expert SP ?? en quoi cela devrait il être choquant ?? il est très rare de trouver un expert SP, pouvant en même temps être un bon gestionnaire !!

Agréable journée à tous les e-médiens

Très confraternellement

Christophe

Christophe ROCHIGNEUX
Pharmacien - Conseiller Technique - OMS IST/WA
Ouagadougou - Burkina-Faso

Chers tous,

Lors des causeries éducatives dans les communautés, pour présenter le Fonds Mondial,nous avons coutume à dire que c'est pas parce qu'il y a mondial que c'est comme la Banque Mondiale ou pas parce qu'il y a le mot Fonds donc argent que cela veut dire que c'est la Banque Mondiale. Nous faisons ces explications pour rassurer les communautés et leur expliquons que c'est l'unique instance au monde où les bénéficiaires ne sont pas des figurants. C’est l’unique « banque » qui donne du crédit à taux zéro et sans remboursement etc. Oui nous nous permettons de dire cela parce que cela se vérifie sur le terrain.

Le Fonds Mondial n’est pas parfait, mais personne ne peut aujourd'hui nier la contribution du Fonds Mondial dans la relève des systèmes de santé rendu exsangues par la Banque Mondiale avec des milliers de jours d'ajustement structurel sous le regard impassibles/complices/impuissant des « ayants droits » que vous citez, les partenaires, OMS, les Nations Unies ONUSIDA (pour rappel ce sont les nations unis à travers le SG de l’époque qui en sont à l’origine). Où étaient-ils quand nous n’avions même pas un comprimé d’ARV ? Pour des millions de
malades le fonds mondial n’est pas différent de ce que certains personnalités sont pour les croyants.

Pour les résultats satisfaisant je crois que cela dépend de où est
ce que l’on se place pour voir, car en dehors des résultats sanitaires stricts je rappelle que le Fonds Mondial a donné la place qu’il mérite à toutes les parties prenantes sans exclusives favorisant/contribuant ainsi la promotion de l’esprit démocratique (chose dont on parle peu).
Je partage votre point de vue sur le fait de repenser le Fonds
Mondial, mais pas le repenser pour nous laisser à la merci des Banques de
développement (AFD, UE etc.), qui vont continuer à travers leur « aide » à hypothéquer nos générations futures.

Oui il est urgent de le repenser afin comme le dit si bien Act Up "la
lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme soit menée par des personnes expertes, engagées, proches des malades et capables d'interpeller publiquement les responsables politiques, les administrations, l'industrie pharmaceutique. La lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme ait des personnes qui défende la qualité des soins contre la rentabilité."

Le Fonds Mondial ne peut pas tout, mais il peut contribuer à ce que les choses changent positivement or depuis quelque temps ce n’est pas dans ce sens qu’il va. Des millions de malades sont aujourd’hui laissé à la merci du désespoir et à la fortune d’un Banquier, quand on sait ce qu’on fait les banquiers ces dernières années on a froid au dos.

Bonne journée,

FOGUE FOGUITO,Executive Director | Positive-Generation- PG | Office located atYaoundé Ngoa Ekelle (Near University of Yaoundé I)| P.O. Box: 8908 Yaoundé 14, Cameroon| Office: +237 22238860 or +237 22036327| Mobile: +237 99738930|ffoguito@yahoo.fr |www.camerounaids.org

Totalement d'accord avec Christophe et Dominique.
A cela il faut ajouter le volume des papiers que les financiers à la tête du FM font remplir aux pays dans le cadre des requêtes sans que cela apporte une plus value à la qualité des documents. Dans certains cas, ils ne font qu'édulcorer le contexte sans traduire la vrai réalité.
Adrien

Dr A. Kisi Mundiete
Master in Public Health
Programme/Project Manager