[e-med] (5)Sida et médicaments traditionnels

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Sida: la Zambie teste des remèdes traditionnels, questions sur la méthode
LUSAKA, 14 avr 2006 (AFP)
Par Jérôme CARTILLIER

La Zambie teste actuellement l'efficacité de remèdes traditionnels à base de
plantes sur une trentaine de personnes touchées par le VIH/sida, une
initiative saluée par les guérisseurs comme les médecins, mais entourée d'un
certain flou, source d'interrogations.

L'efficacité de "médicaments traditionnels" est un sujet sensible en Afrique
où la presse locale se fait régulièrement l'écho de faux-espoirs nés de
"potions miracles", vendues au prix fort, pour "guérir" du sida, pandémie
qui a tué 2,4 millions de personnes sur le continent en 2005.

Depuis fin octobre, trois "préparations" sont testées sur 27 personnes
séropositives, dans un lieu tenu secret. La composition de ces trois remèdes
à base d'herbes, sélectionnés parmi 79 proposés par des guérisseurs
zambiens, n'a pas été précisée.

"C'est le premier essai de ce type qui ait un soutien scientifique aussi
fort", affirme, dans un entretien à l'AFP, le Dr Patrick Chikuzu,
responsable de ce projet.

"Aucune piste ne peut être écartée a priori. Faisons des tests en utilisant
la médecine conventionnelle afin d'y voir plus clair", explique-t-il,
évoquant, sans autres précisions, des "résultats préliminaires",
encourageants qui "semblent indiquer qu'il existe une alternative aux
anti-rétroviraux".

Pour Rodwell Vongo, président de l'Association zambienne des patriciens de
la médecine traditionnelle (THPAZ), qui revendique 40.000 membres, cette
"décision courageuse" du gouvernement zambien constitue un "grand pas en
avant".

"Nous pouvons être vraiment utiles, et si nous continuons à être soutenus -
qui sait ? - peut-être qu'un médicament viendra de nous", explique-t-il,
convaincu que ces tests renforceront "la crédibilité" des guérisseurs
traditionnels et contribueront à "protéger les communautés des charlatans".

Mais un certain flou entoure les tests en cours, et, par conséquent, la
valeur exacte des conclusions qui pourront en être tirées.

Lors du lancement de cette initiative, en octobre 2005, la ministre de la
Santé, Sylvia Masebo, avait parlé 'd'essais cliniques historiques".

Mais les nuances de vocabulaire sont importantes.

"L'Organisation mondiale de la santé (OMS) soutient pleinement tout essai
clinique sur des médicaments traditionnels car nous savons qu'ils ont un
potentiel", explique le Dr Stella Anyangwe, représentante de l'organisation
en Zambie.

Mais, souligne-t-elle aussitôt, les informations qui lui ont été
communiquées lors du lancement de cette opération ne correspondent pas à des
"essais cliniques", en l'absence en particulier d'étude en "double-aveugle"
(ni le médecin ni le patient ne savent qui reçoit le traitement ou le
placebo).

"S'il s'agit d'une étude préliminaire, il n'y a pas de problème, mais ils ne
pourront en tirer aucune conclusion significative, ils ne pourront formuler
que des hypothèses", explique-t-elle.

Oliver Hazemba, président de la Société pharmaceutique de Zambie, souligne
en écho le besoin impératif de transparence sur un sujet aussi sensible:
"C'est une bonne chose, mais nous avons besoin d'un type de recherche plus
structurée, pour que les gens puissent avoir confiance dans les résultats".

Le Dr Chikuzu, qui qualifie l'étude en cours "d'essais cliniques
préliminaires", souligne que la méthodologie a été validée par le Comité de
recherche et d'éthique de Zambie, et que l'OMS aura accès à l'ensemble des
résultats qui doivent être annoncées "peu après" le 23 avril, date de la fin
de l'étude.

Selon lui, le lancement de ces tests a déjà eu un effet tangible: celui de
réduire sensiblement le nombre de revendications de "remèdes miracles"
contre le sida, car "il existe désormais une institution qui peut faire des
vérifications".

Sida: L'université simon Kimbangu de Bukavu( Est RDC) a lancé depuis plus d'une année une vaste campagne de collecte de toutes les recettes qui ont été utilisées pour soigner des maladies traditionnelles qui présentaient les mêmes traits que le sida et qui guérissaient les malades une fois soumis à temps au traitement. Ces recettes ont été tentées avec satisfaction chez quelques séropositifs. Reste à savoir s'ils agissent comme anti retro ou comme médicament. Il y a lieu de mettre les efforts ensemble en vue de trouver des cadres appropriés (Laboratoires d'expérimentation) dans lesquelles tous ces doutes doivent être dissipés.

Hubert Watongoka
watonglu@yahoo.fr