[e-med] Act Up-Paris - Hépatite C : catastrophe sanitaire ! urgence planétaire !

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28 juillet 2013 : Journée mondiale des hépatites
Hépatite C : catastrophe sanitaire ! urgence planétaire !

A l'occasion de la journée mondiale contre les hépatites, Act Up Paris
dénonce l'inaction de l'OMS et des gouvernements en matière de lutte
contre l'hépatite C.

South is burning

Environ 185 millions de personnes dans le monde sont atteintes de
l'hépatite C, et la maladie connaît actuellement une progression
fulgurante : entre trois et quatre millions de personnes sont
nouvellement infectées chaque année. Pourtant l'hépatite C est une
maladie curable.

Traitements inabordables

Mais la plupart des personnes infectées vivent dans des pays à revenu
faible ou intermédiaire et n'ont accès ni aux diagnostics, ni aux
traitements. Ainsi, la grande majorité des personnes infectées ne se
savent pas porteuses du virus, et même si elles le savaient, elles
n'auraient pas accès aux médicaments en raison de leur prix.
En effet, deux laboratoires (Hoffman La Roche et Merck & Co) se
partagent le monopole sur les traitements contre l'hépatite C et
maintiennent des prix excessivement hauts, qui entravent très
fortement leur accès dans les pays du Sud. Le traitement est ainsi
vendu dans certains pays jusqu'à plus de 250 US$ par injection alors
même qu'en Egypte, où un traitement alternatif (le Xerovirinc®) est
commercialisé par le laboratoire Minapharm, il est disponible à 45 US$
par injection (1965 US$ pour un traitement de six semaines).

Quant aux nouvelles thérapies en développement, les laboratoires ont
laissé entendre qu'ils souhaitent les commercialiser aux alentours de
100 000 US$ le traitement de douze semaines, alors qu'une étude
présentée lors de la dernière conférence sur le sida à Kuala Lumpur
démontre que les coûts de production de ce traitement ne sont que de
100 à 200 US$ (1).

Discrimination des malades

Par ailleurs, l'hépatite C touche principalement les usagerEs de
drogues injectables, victimes d'une marginalisation et d'une
criminalisation qui les éloignent encore plus de l'accès aux soins
lorsqu'il existe : à peine 2 à 4 % d'entre elles ont accès au
traitement. Tout comme ce fut le cas pour l'épidémie sida, on assiste
à une catastrophe sanitaire amplifiée par l'inaction de gouvernements
qui ne veulent pas s'occuper de la santé de celles et ceux dont le
comportement est jugé immoral. Alors que la distribution de matériel
d'injection propre permet de prévenir l'infection au VIH et aux
hépatites, moins de 4 % des usagerEs y ont accès. Par ailleurs, les
usagEres de drogues sont particulièrement touchées par le VIH qui
multiplie par deux la progression de l'hépatite C.

OMS is missing

Face à cette épidémie, l'Organisation Mondiale de la Santé brille par
son inaction. Ce n'est que très récemment qu'elle a inscrit
l'interféron pégylé, composant central de la thérapie standard
actuelle du VHC, dans la liste des médicaments essentiels. Mais la
publication de recommandations en matière de dépistage et de
traitement se fait toujours attendre. Plusieurs associations de la
HepCoalition ont récemment lancé une campagne pour interpeller la
directrice de l'OMS Margaret Chan et lui demander d'assurer un réel
leadership dans la lutte contre l'hépatite C (signez la pétition sur
le site : http://hepcoalition.org/?lang=fr). En cette journée mondiale
contre les hépatites, l'association Act Up-Basel appelle les
communautés et les personnes infectées et/ou affectées à écrire
directement au bureau de l'OMS en charge de leur région : http://www.actupbasel.org/actupbasel/?Dr-Margaret-Chan-Fung-Fu-chun

A l'occasion de la journée mondiale contre les hépatites, Act Up-Paris
exige :
- que l'OMS exerce un réel leadership dans la lutte contre l'hépatite
C, et notamment qu'elle :
* publie dans les plus brefs délais des recommandations en matière de
dépistage et de traitement du VHC
* inscrive à la liste des médicaments essentiels les nouvelles
thérapies dès leur mise sur le marché
* accélère le travail en vue de faciliter la préqualification de
traitements alternatifs et biosimilaires
- que les laboratoires Merk et Roche cessent leurs profits criminels
sur la vie des malades et baissent le prix des médicaments
- que les gouvernements cessent de discriminer et criminaliser les
usagerEs de drogues et mettent en place des campagnes de prévention
ciblées, notamment la fourniture de matériel d'injection propre

(1) What is the minimum cost per person to cure HCV? http://pag.ias2013.org/abstracts.aspx?aid=3142

C'est le Brésil qui a introduit une résolution sur la dramatique épidémie
d'hépatites au niveau mondial lors de l'Assemblée mondiale de la Santé il y
a 3 ans, et c'est suite à cette Résolution que fut créé la Journée
mondiale. Ensuite un amendement dans cette Résolution, apportée par le
groupe AFRO, sous le leadership du Kenya, a ajouté la demande que la *sécurité
de l'injection en milieu de soins* fait partie du droit universel à la
santé et constitue un aspect essentiel de la lutte contre l'hépatite.
Act Up parle à juste titre du problème accès aux médicaments.. et plus bas
de la demande de matériel à injection pour les usagers de drogues, mais sur
les injections en milieu de soins, silence...
Pourtant vous mentionnez l'Egypte: ajoutons que l'Egypte est le pays au
monde le plus affecté par les hépatites C avec environ un quart de la
population contaminée, et cette terrible épidémie est venue, tout le monde
le sait, suite à la campagne par médicaments injectables conduite par l'ONU
contre la shistosomiase.
Aujourd'hui, comme cela a été annoncé lors du congrès ICPIC (control
infectieux) à Genève fin juin 2013, la direction de l'OMS a pris la
décision de lancer une campagne mondiale pour arrêter les quelques 6
milliards d'injections sales annuelles en milieu de soins dans le monde.
Que l'ONU et les gouvernements aient du retard en cette ère de l'austérité
pour tous, passe encore, mais pourqui ce silence des ONG?
Cette année le Brésil et l'Egypte organise une conférence mondiale sur les
hépatites. Espérons que la situation politique égyptienne consolidera une
gouvernance démocratique et que cela se fera.
Rappelons qu'un patient VIH+ qui contracte une hépatite en milieu de soins
(sales) ne pourra pas être mis sous ARV si on ne le guérit pas de
l'hépatite d'abord. Ainsi aussi, pourquoi ne pas dire que la survie des
PLWAs demande une stérilité absolue des conditions d'injections lors des
soins de santé? A quand une campagne sur ce sujet? A-t-on peur de dire que
le VIH AUSSI se transmets par les seringues et les aiguilles sales?
Voilà aussi une source importante de contamination des jeunes femmes plus
souvent patientes à cause de la grossesse, mais on préfère blamer la
'promiscuité' (sois disant) des Africains, argument raciste et bien commode.
Ensuite d'autres hépatites que la C peuvent, quant à elles, se transmettre
par l'eau contaminée. Or il y a déjà 5 ans le défunt français responsable
eau et assainissement à l'OMS Yves Chartier avait publié un document
historique avec USAID, montrant que s'il faut 20 litre d'eau propre par
patient, il faut 200 litre pour les patients SIDA et cela est essentiel
pour les soignants, essentiellement des femmes!
Bref,
Avant hier à Ecosoc, lors du Pannel sur Droit de la femme et VIH, à Genève,
Palais des Nations, quelqu'un a soulevé la question que les femmes sont
plus souvent patientes et plus souvant soignantes que les hommes (tant dans
le secteur formel de la santé que dans le cercle communautaire ou
familiale)- ainsi donc, la propreté des injections, et l'accès à l'eau
propre, est un sujet primordiale pour le droit de la femme, et de hauts
responsables des Droits de l'Homme aux Nations Unies ont exprimé leur
accord...
Alors, qu'attend ACT UP pour en parler?

Garance Upham

Chère Garance,

Merci pour ces compléments d'information sur les injections en milieu
de soins. Soyez sûre qu'à l'avenir nous inclurons cet aspect dans
notre plaidoyer.
Bien à vous,

Céline GRILLON
Coordinatrice plaidoyer international
Act Up-Paris

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