*L'accès aux traitements dans le monde menacé par ACTA *
Communiqué de presse – 31 janvier 2012
*Alors que la mobilisation contre ACTA ne cesse de prendre de l'ampleur,
Act Up-Paris rappelle la menace que représente ce traité pour la
fabrication et l’exportation des médicaments génériques, donc pour l'accès
aux traitements dans le monde, et notamment dans les pays les plus pauvres.
L'Union Européenne vient de signer cet accord, ACTA doit désormais être
ratifié par le parlement européen. Un tel accord doit être refusé.*
ACTA, signé la semaine dernière à Tokyo par l'Union Européenne entretient
l'amalgame entre les faux médicaments, et les médicaments génériques à bas
prix, ces copies légales des molécules, moins chères, dont la diffusion a
rendu possible l’accélération des mises sous traitements de personnes
vivant avec le VIH partout dans le monde, notamment dans les pays les plus
pauvres. Si ACTA est appliqué, des médicaments génériques, par exemple en
provenance d'Inde, pourront être saisis aux douanes. La charge de la preuve
est inversée – aux dépens de tout principe démocratique : ce seront aux
producteurs de génériques de prouver leur bonne foi. Des stocks entiers de
médicaments pourront être détruits ou renvoyés à leur expéditeur à leurs
frais sur simple suspicion. L'ensemble des acteurs de la distribution sera
soumis à des pressions juridiques afin de les dissuader de faire circuler
les médicaments génériques.
Aujourd’hui, 90% des personnes vivant avec le VIH ayant accès à un
traitement contre le sida dans le monde bénéficient d’un traitement
générique. Sans les médicaments génériques à bas prix (1), il n’aurait
jamais été possible de mettre 6,6 millions de personnes d’être mises sous
traitement.
Plutôt que d'accélérer les efforts pour faire baisser le prix des
traitements et sauver les vies de plus de personnes, les négociateurRICEs
d'ACTA et de l'Union européenne signent un chèque en blanc aux
multinationales du médicament afin de garantir des jours radieux aux
actionnaires de Sanofi-Aventis, Novartis, Pfizer ou Roche.
Faut-il le rappeler ? Les pays riches se sont engagés à assurer l'accès
universel aux traitements contre le sida pour 2010. Deux ans plus tard, à
peine 40 % des malades qui en ont besoin aux accès à ces soins vitaux.
L'application d'ACTA représenterait une véritable régression, et coûterait
la vie à des millions de personnes.
*Act Up-Paris demande aux Parlementaires européen-nes de refuser en bloc
ACTA. Nous exigeons par ailleurs que tout accord bi ou multilatéral
touchant à l'intérêt public soit soumis à des débats publics et
transparents, et soient négociés par des élus, et non par des technocrates
déconnectés des enjeux de santé publique : cela aurait dû être le cas avec
ACTA, cela doit être le cas pour les accords de libre-échange négociés par
l'Europe avec de nombreux pays, et qui menacent eux-aussi les génériques.
Nous demandons que les autorités françaises organisent enfin ce débat en ce
qui concerne ACTA.*
(1) Le prix d’un médicament baisse de 40 à 80% dès l’entrée sur le marché
d’une version générique et il continue à baisser avec l’arrivée d’autres
acteurs. Par exemple, les versions génériques préqualifiées des
antirétroviraux de seconde ligne pour le traitement du VIH/sida coutent
annuellement quelque 140 $ contre 30 000 $ par an pour leur version
brevetée. (Druce, N.: «Access to Medicines in Under-Served Markets», DFID
Health Resources Center, Londres, 2004)