Guerre aux Labos
La politique européenne tue
publié en ligne : 1er avril 2011 dans Action 127
Les accords de libre-échange menacent les génériques et donc l’accès aux
soins.
http://www.actupparis.org/spip.php?article4459
Par le passé, les États-Unis ont signé avec des pays en développement des
accords de libre-échange (ALE), aux effets désastreux sur les coûts des
médicaments. Depuis quelques années, c’est au tour de l’Europe, sous l’impulsion
de la France, du Royaume-Uni et de l’Allemagne, de prendre le relais de
cette politique bilatérale, lourde de conséquences pour les malades. Si les
gouvernements des pays pauvres signataires de tels accords y trouvent un
intérêt pour leur économie locale à court terme, ils compromettent ainsi
leurs systèmes de santé, et les intérêts de leurs populations à moyen terme.
Outre l’absence de consultation de la société civile tout au long du
processus de négociation, ces accords proposent une extension du droit de
propriété intellectuelle. En augmentant la durée de protection des données
de recherche, ils repoussent ainsi le moment où les fabricants de
médicaments génériques pourront y avoir accès et en produire des copies. Ces
accords défendent avant tout des intérêts privés au nom d’intérêts
prétendument publics.
L’Europe souhaite signer un accord de libre-échange avec l’Inde au
printemps. Si cet accord est conclu, cela créera un précédent et il sera
extrêmement difficile pour les autres pays en négociation avec la commission
européenne de conserver une marge de manœuvre suffisante pour refuser de
céder aux desiderata des pays riches. Depuis un an, des ONG dénoncent avec
Act Up-Paris la multiplication de ces accords.
Début mars, une grande marche activiste s’est déroulée en Inde (photo) pour
protester contre les accords cruciaux actuellement négociés entre l’Inde et
l’Union Européenne. L’Inde dispose aujourd’hui de la plus grande capacité de
production de médicaments génériques à bas prix au monde ; plus de 90% des
personnes séropositives au VIH sous traitement à travers le monde utilisent
un générique importé d’Inde.
Rico Gustav PhotographyEn signant des accords avec l’Europe, l’Inde semble
prête à sacrifier son industrie du générique au profit de son industrie
informatique. De son côté, l’Europe entend protéger les intérêts des firmes
pharmaceutiques européennes, qui sont pourtant loin de connaître la crise
(au contraire, par exemple en France, le secteur pharmaceutique est passé
devant le secteur du pétrole, en profits nets).
L’accord négocié actuellement entre l’Inde et l’Union Européenne est une
réelle menace pour les génériques et une remise en cause évidente des
objectifs d’accès universel aux traitements fixés par la communauté
internationale.
Comment garantir l’accès aux soins des 4 millions de personnes bénéficiant
actuellement d’un traitement antirétroviral si le coût des traitements
augmente fortement à cause de ces accords ? Comment, dans ce contexte,
faire accéder aux soins les 11 millions d’autres qui n’ont pas de traitement?
La Commission européenne, après l’échec des négociations avec la région
ASEAN, a décidé de concentrer ses efforts sur la signature d’un accord avec
l’Inde. La Thaïlande, le Vietnam, la Malaisie, l’Indonésie sont chacun sur
le point d’entrer dans un nouveau processus de négociations avec l’Europe.
Après la signature d’accords avec la Bolivie, l’Europe a également entamé
une négociation avec la Colombie et le Pérou l’année dernière.
En mars, des organisations ont également annoncé le début de négociations
entre la région Mercosur et la Commission européenne.
Dans le cadre de sa campagne "guerre aux labos", Act Up-Paris continuera à
se mobiliser et à dénoncer ces accords, en réclamant des comptes au
gouvernement français et à la Commission européenne.
Si vous voulez vous battre pour l’accès aux soins et la défense des
génériques, rejoignez nous.