[e-med] AFRIQUE : L'abstinence n'est pas la réponse la plus efficace contre le VIH/SIDA

[on s'en doutait, mais c'est mieux quand c'est l'ONU qui le dit...CB]

N A T I O N S U N I E S
Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA)
Réseaux d'Information Régionaux Intégrés (IRIN)

SOMMAIRE:

1 - AFRIQUE : L'abstinence n'est pas la réponse la plus efficace contre le
VIH/SIDA

1 - AFRIQUE : L'abstinence n'est pas la réponse la plus efficace contre le
VIH/SIDA

ABUJA, le 12 décembre (IRIN) - Les Etats-Unis financent de plus en plus la
lutte contre le VIH/SIDA en Afrique, mais la politique de prévention promue
par les autorités américaines a des conséquences désastreuses sur les
initiatives en cours, selon les activistes.

Dans le cadre du plan d'urgence pour la lutte contre le sida, financé à
hauteur de 15 milliards de dollars par le président des Etats-Unis George
Bush (Pepfar), quinze pays en développement vont bénéficier des programmes
en faveur de l'accés aux traitements, de la prévention, des orphelins et des
soins palliatifs.

Cependant, selon le Centre pour la santé et l'égalité entre les sexes
(Change), une ONG basée aux Etats-Unis qui étudie l'impact des politiques
américaines sur la santé et les droits des femmes et des jeunes filles des
pays du sud, cette aide financière s'accompagne de conditionnalités d'ordre
moral et remet en cause certains aspects de la prévention.

Ainsi, les programmes d'abstinence se taillent la part du lion alors que le
budget accordé à l'approvisionnement et à la distribution de préservatifs
«est au point mort et n'a pas reçu un dollar supplémentaire», a indiqué Jodi
Jacobson, le directeur de Change, qui a analysé pendant trois ans l'impact
du Pepfar en Afrique, en Asie et en Amérique du sud.

<b>L'Ouganda fait marche arrière</b>

Les conséquences de ce plan sont d'ores et déjà visibles en Ouganda, un pays
qui avait réussi à mettre en place des stratégies de lutte contre le
VIH/SIDA efficaces et qui désormais s'enlise dans la controverse.

L'Ouganda est parvenu à faire chuter le taux de prévalence du VIH/SIDA parmi
sa population adulte de 30 pour cent au début des années 1990 à moins de six
pour cent en 2004.

Ce succès est en grande partie due au président Yoweri Museveni, l'un des
premiers hommes politiques à informer son peuple sur la nécessité de lutter
contre l'épidémie qui ravage le continent.

Cependant, selon la militante ougandaise Beatrice Were, le changement de
position du président Museveni face à l'utilisation des préservatifs et son
plaidoyer en faveur de l'abstinence, comme moyen efficace de lutter contre
la pandémie - un message qu'il a tenu lors de la Conférence internationale
sur le sida de Bangkok, en Thaïlande, en 2004, a choqué les acteurs de la
lutte contre le sida.

Dès lors, les plus importants responsables ougandais ont fait campagne
contre l'utilisation des préservatifs, tout le pays se concentrant sur cet
aspect de la réponse avec pour résultats la multiplication de messages
encourageant l'abstinence et une baisse drastique des stocks de
préservatifs.

L'Ouganda utilise entre 120 et 150 millions de préservatifs par an, mais
seuls 32 millions ont été distribués depuis le mois d'octobre 2004, a
indiqué Change.

Change a également souligné la montée en puissance de groupes évangéliques
inexpérimentés, qui reçoivent un soutien financier de la part des Etats-Unis
et qui tirent avantage de leur arrivée récente dans l'activisme en Ouganda.

Ces groupes de fondamentalistes religieux «ont déclenché une nouvelle vague
de stigmatisation» qui ont entraîné de profondes divisions au sein des ONG
de la lutte contre le sida.

«Avant la mise en place du Pepfar, nous avions les mêmes idées sur la
question, mais maintenant nous sommes divisés», a affirmé Beatrice Were en
marge de la 14e Conférence internationale sur le sida et les maladies
sexuellement transmissibles en Afrique (Cisma), qui s'est tenue cette
semaine à Abuja, au Nigeria.

Selon Jodi Jacobson, la plupart de ces organisations ont été créées à des
fins religieuses et non pas de santé publique.

<b>Un nouvel alphabet pour la prévention</b>

Rolake Odetoyinbo, coordinatrice nationale du Mouvement pour l'accès au
traitement au Nigeria (Tam), a demandé aux groupes religieux de mettre de
côté leurs inclinaisons morales, s'interrogeant sur l'impact des programmes
en faveur de l'abstinence.

En conseillant les jeunes d'attendre d'être mariés avant d'avoir des
rapports sexuels, il est évident que les Etats-Unis se sont servis du
mariage comme un moyen de lutter contre le sida, a déclaré Sharonann Lynch,
le directeur de la politique internationale auprès de HealthGap, un syndicat
basé aux Etats-Unis.

Cependant, selon Rolake Odetoyinbo, ces stratégies ont échoué. «En ce qui me
concerne, moi une femme africaine, j'ai été contaminée dans le lit marital,
alors que j'étais fidèle à mon mari», a confié la jeune femme à PlusNews.

A l'inverse, les préservatifs ont, eux, prouvé leur efficacité, a-t-elle
ajouté.

Mme Odetoyinbo, qui est également membre du Mouvement panafricain pour
l'accès au traitement (Patam), a souligné qu'il était temps de mettre en
place un nouvel alphabet pour la prévention.

«A : il faut admettre que les gens ont des rapports sexuels. B : il faut
faire preuve de réalisme. C : il faut laisser les personnes choisir. D : il
faut retarder les premiers rapports sexuels. E : il faut délivrer une
meilleure information et F : il faut encourager l'indépendance financière»,
a-t-elle détaillé.

Patam a publié une déclaration, exigeant que les gouvernements africains
résistent à la pression exercée par les Etats-Unis et s'assurent que les
programmes de lutte contre le VIH/SIDA encouragent une prévention
intelligible pour les populations, via la promotion de l'accès aux
préservatifs masculins et féminins.

[ENDS]

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