Ce 20 octobre 2016 résonna comme une alarme face à l’expansion sans limite des faux médicaments et des médicaments de la rue, au Centre des Congrès duMinistère des Affaires Etrangères à Abidjan.
Dr Raymonde Goudou Coffie, Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, présida une conférence sur la thématique « Pour une action conjointe contre les faux médicaments et les médicaments de la rue, en Afrique de l’Ouest et en Côted’Ivoire », en présence de personnalités mandatées par les différents Ministères du Gouvernement ivoirien, et d'un représentant de la Présidence de la République.
A cette occasion, le corps diplomatique se mobilisa aux côtés du Gouvernement. Son Excellence Monsieur Serre, Ambassadeur de France, Monsieur Willaert, chargéd’affaires à la Délégation de l’Union Européenne, et Monsieur Yeskoo, chargéd’affaires à l’Ambassade des Etats Unis d’Amérique, sans oublier les représentants des Ambassades de Guinée, du Mali, du Maroc, de Tunisie et de Grande Bretagne, ont marqué leur unité et leur solidarité avec l’Etat de Côte d’Ivoire dans ce combat, face à un fléau, décrété priorité de santé publique.
Les faux médicaments et les médicaments illicites représentent de 15 à 20% du marché pharmaceutique en Côte d’Ivoire, et sont à l’origine probable de nombreux décès de patients. C’est une activité en pleine expansion car 20 fois plus rentable que le trafic de drogue pour des risques légaux bien moindres. Au niveau mondial, l’Organisation mondiale de la Santé évalue à près de 700 000 par an, le nombre de dé cès, suite à l’usage de faux médicaments lors de la dispensation.
De plus, ce sont entre 20 et 30 milliards de francs CFA, en Côte d’Ivoire, qui échappent ainsi au système légal de distribution des produits pharmaceutiques.
L’Afrique de l’Ouest est devenue une plaque tournante des trafics de tous genres et plus particulièrement des faux médicaments. Le commerce illicite des médicaments et ceux de qualité inférieure et la contrefaçon des produits pharmaceutiques entravent sérieusement le progrès sanitaire des pays de l’Afrique. Ce trafic criminel mine les efforts pour l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement (OMD) dans le domaine de la santé. Sur le plan économique et social, les pertes des industries pharmaceutiques légales, pourvoyeuses d’emplois se chiffrent à des dizaines de milliards de francs CFA. Sur le plan sanitaire, les échecs thérapeutiques liés à ces faux médicaments, l’apparition de résistanceaux traitements et les handicaps physiques et autres complications réversiblesou irréversibles, inquiètent et interpellent.
C’est dans ce contexte et pour faire suite à l’Appel de Cotonou contre les faux médicaments du 12octobre 2009, la résolution de Montreux de la francophonie d’octobre 2010 et la résolution des Etats membres du groupe ACP de novembre 2010, qu’il a été décidé la tenue d’une semaine thématique sur les faux médicaments et les médicaments illicites du 17 au 21 octobre 2016 à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Cette conférence, placée sous la Présidence de Dr Raymonde Goudou Coffie, Ministre de la Santé et de l’Hygiène Publique, est le produit d’une collaboration fructueuse et exemplaire entre la Délégation de l’Union Européenne, l’Ambassade de France en Côte d’Ivoire et le Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique de Côted’Ivoire, ainsi qu’avec de nombreux partenaires techniques et financiers.
Pour confirmer l'obligation d’une intervention multi-sectorielle, ce sont des représentants de tout horizon qui prirent part à cette conférence. Aux côtés de nombreux représentants du Ministère de la Santé et de l’Hygiène Publique, nous pouvions noter la présence de représentants des Ministères de l’Intérieur et de la Défense, ainsi que du Budget et de sa Direction Générale des Douanes. La Haute Autorité pour la Bonne Gouvernance et également le Conseil Economique et Social furent également représentés.
Le mercredi 19 octobre, veille de la Conférence, se tenait, à l’Institut Français de Côte d'Ivoire, une projection-débat sur les faux médicaments, en présence de près de 500 jeunes étudiants de l’Institut National de Formation des Agents de Santé (INFAS) ainsi que de l’Université Félix Houphouet Boigny d’Abidjan (des facultés de Pharmacie, de Médecine et de Droit).
Evènements, animés par Igor Strauss,journaliste de RFI et de Marcelline Gnéproust de Fraternité Matin, en présenced’experts nationaux notamment du Laboratoire National de Santé Publique, de la Direction de la Pharmacie, du Médicament et des Laboratoires, de la Nouvelle Pharmacie de la Santé Publique, et d’experts internationaux notamment de la Fondation Chirac, de l’Institut international de Recherche Anti-Contrefaçon deMédicament, du Conseil de l’Europe et de l’Institut de Recherche pour leDéveloppement.
Sur proposition du Conseil de l'Europe, s'instaurera une coopération sud-sud, entre la Côte d'Ivoire et le Maroc, dans le cadre d'un tutorat autour du processus d'adhésion puis de ratification de la Convention MédiCrime. Le Maroc a ratifié récemment cette Convention ; la Guinée étant le seul pays d'Afrique subsaharienne à l'avoir ratifié.
A l’issue de cette semaine thématique d’importantes résolutions ont été prises concernant :
- l’initiation par la Côted’Ivoire, du processus d’adhésion puis de ratification de la Convention Médicrime qui permettra de pénaliser le trafic de faux médicaments ;
- l’adhésion des professionnels dela santé ivoiriens, ainsi que des Autorités, à la lutte contre les faux médicaments et les médicaments de la rue ;
- la mobilisation des Autorités politiques ainsi que des Partenaires Techniques et Financiers pour la mise enœuvre du Plan de Travail du Gouvernement et du plan d’action national de lutte contre les faux médicaments, piloté par le Comité de lutte contre le Trafic illicite et la contrefaçon des Médicaments, COTRAMED.
très confraternellement
Christophe
Christophe ROCHIGNEUX
Docteur en Pharmacie - Assistant Technique
Projet d'Appui à la Redynamisation du Secteur de la Santé Ivoirien - PARSSI
Abidjan - COTE D'IVOIRETel : 00 225 78 19 67 66
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