[e-med] Aux origines de la pandémie de sida

Aux origines de la pandémie de sida
Le Monde.fr | 03.10.2014 à 17h08 € Mis à jour le 03.10.2014 à 22h09 |Par
Paul Benkimoun
http://lemonde.fr/sante/article/2014/10/03/aux-origines-de-la-pandemie-de-s
ida_4500103_1651302.html

Ce ne sont plus des soupçons, mais une démonstration, preuve à l¹appui. A
l¹heure où certains persistent à se livrer une révision de l¹histoire du
sida en lui attribuant une autre cause que le virus de l¹immunodéficience
humaine (VIH), une équipe internationale a reconstitué scientifiquement
dans le temps et dans l¹espace le début de l¹épidémie de sida. Elle montre
sa lente propagation à partir de l¹actuelle République démocratique du
Congo et de sa capitale, Kinshasa, à partir des années 1920,
principalement par le biais du chemin de fer. Le travail de Nuno Faria et
de ses collègues est publié vendredi 3 octobre dans la revue Science.

La première publication sur des cas de sida remonte à 1981, et
l¹identification du VIH de type 1 (VIH-1, le plus répandu dans le monde) à
1983. Le point de départ a été localisé en Afrique centrale, plus
précisément dans l¹ancien Congo belge, devenu Zaïre, aujourd'hui
République démocratique du Congo. Il ne faisait pas de doute que le VIH
était une forme ayant évolué à partir d¹un virus du singe, passé à
l¹homme, et sorti de la forêt. Cependant, des pans entiers du démarrage de
l¹épidémie restaient dans l¹ombre.

PLUSIEURS CENTAINES D'ÉCHANTILLONS DE VIH

Pour l¹éclairer, l¹équipe composée de chercheurs européens et
nord-américains a analysé les séquences génétiques de plusieurs centaines
d¹échantillons de VIH-1 prélevés dans l¹ex-Congo belge, ainsi que dans des
pays voisins, au cours du XXe siècle, et conservés au Laboratoire national
de Los Alamos (Nouveau-Mexique). Cela leur a permis de remonter le temps
en suivant l¹apparition des mutations du virus en même temps que sa
localisation. Ils ont confronté ces résultats à l¹histoire des activités
humaines dans ces régions pour essayer de comprendre les circonstances
ayant permis à l¹épidémie de se propager.

« Nous avons rassemblé les pièces du puzzle pour établir où et quand le
virus était passé de son réservoir animal pour passer à l¹homme, résume
Martine Peeters, virologue à l¹unité multidisciplinaire UMI 233 de
l¹Institut de recherche pour le développement (Montpellier) et
cosignataire de l¹article. Ce passage du singe à l¹homme s¹était sans
doute produit à plusieurs reprises sans qu¹une épidémie se déclenche, le
virus restant cantonné à la forêt, mais le virus s¹est trouvé au bon
endroit au bon moment, et l¹épidémie a démarré. »

En l¹occurrence, la souche à l¹origine de la pandémie avait pour hôtes des
chimpanzés vivant dans le sud-est du Cameroun. Aux alentours de 1920, un
homme contaminé (par consommation de viande de brousse ou par une blessure
alors qu¹il chassait) a voyagé jusqu¹à Kinshasa, qui allait être le
berceau de l¹épidémie. L¹examen des archives coloniales a montré le
développement intensif à cette époque des échanges commerciaux par voie
fluviale entre ces deux régions, notamment pour le commerce de l¹ivoire et
du caoutchouc.

LE RÔLE DU CHEMIN DE FER

Puis, des années 1920 aux années 1950, l¹urbanisation et les transports,
en particulier ferroviaires, ont pris leur essor, en lien notamment avec
l¹industrie minière. Kinshasa devenait alors une plaque tournante. En
1937, l¹ancêtre du VIH-1 pandémique a commencé à être retrouvé à
Brazzaville, la capitale de l¹ancienne colonie française du Congo, située
à 6 kilomètres de Kinshasa, de l¹autre côté du fleuve Congo. Vers la même
époque, le virus se dissémine à d¹autres grandes villes de l¹actuelle
République démocratique du Congo situées au sud-est de Kinshasa. D¹abord
Lubumbashi, pourtant plus éloignée, puis, environ deux ans plus tard, à
Mbuji-Mayi, le tout suivant la voie ferroviaire. Empruntée par plus de
trois cent mille personnes par an en 1922, cette ligne de chemin de fer,
traversant d'ouest vers le sud-est le pays, en transportait plus d¹un
million en 1948. Au cours de la décennie suivante, c¹est par la voie
fluviale que le virus gagne Bwamanda et Kisangani, dans le nord-est du
pays.

Les activités humaines, le travail migrant, le développement d¹activités
de prostitution et la pratique d¹injections de traitements contre les
infections transmises sexuellement avec du matériel non stérile (seringues
et aiguilles réutilisées pour plusieurs personnes) ont constitué les
facteurs d¹amplification de l¹épidémie naissante.

UN VIRUS QUI GAGNE LA PLANÈTE
La présence d¹Haïtiens venus travailler au Congo-Kinshasa, qui venait
d¹accéder à l¹indépendance en 1960, explique que certains d¹entre eux
aient importé le virus dans leur pays à leur retour, aux environs de 1964.
A partir de là, le virus a gagné les Etats-Unis, tandis que dans le même
temps, il se propageait à d¹autres pays d¹Afrique subsaharienne. La suite
est connue. Le virus a infecté 75 millions d'individus à travers le monde
et a causé la mort de 36 millions de personnes.

Les chercheurs ont confirmé la prédominance dans l¹épidémie du VIH-1 du
groupe M (majoritaire), au détriment du groupe O. « Un virus passé de
l¹animal à l¹homme doit pouvoir s¹adapter à ce nouvel hôte, explique
Martine Peeters. Le VIH-1 du groupe M devait posséder des caractères qui
l¹ont favorisé. » Une fois adapté, le virus devait pouvoir se répliquer
chez l¹hôte, et il fallait que ce dernier puisse le transmettre à d¹autres
individus, sans quoi il ne peut y avoir d¹épidémie.

La reconstitution de l¹itinéraire chronologique de ce virus sorti de la
forêt, passé de l¹animal à l¹homme et se propageant sous forme d'épidémie
prend une résonance particulière au moment où l¹épidémie d¹Ebola sème la
mort et la terreur en Afrique de l¹Ouest. « Il existe un parallèle entre
les deux épidémies, souligne Martine Peeters, mais personne ne s¹attendait
à ce que le virus Ebola sorte et se transmette aussi vite, beaucoup plus
vite que le VIH. Il faut dire que les voies de transmission ne sont pas
les mêmes, celle-ci étant plus facile pour Ebola, et que l¹incubation est
nettement plus courte que pour le VIH ».

Le VIH a mis soixante ans pour devenir épidémique, le virus Ebola à peine
quarante.

Pourquoi la prevalence est tres elevee en frique australe?
Je n'ai pas encore eu de reponse a travers cet article
Cordialement.
Arsène OUEDRAOGO

Pourquoi tous ces virus commencent en RDC: poliovirus, VIH, Ebola?
Simon Kaboré