Brevets sur les médicaments en Inde: MSF inquiète pour les malades du sida
NEW DELHI, 30 mars 2006 (AFP)
Médecins sans Frontières (MSF) s'est alarmé jeudi de l'application d'une loi
indienne interdisant la copie de médicaments brevetés qui risque selon
l'organisation humanitaire de rendre inaccessible l'accès aux traitements de
lutte contre le sida à des millions de pauvres.
Dans un communiqué, MSF s'inquiète de la demande de brevet émise par le
laboratoire GlaxoSmithKline pour le Combivir, combinaison de deux
antirétroviraux AZT/3TC, à laquelle des activistes indiens ont déposé une
opposition.
"Si cette demande de brevet devait être accordée, cela constituerait un
précédent extrêmement dommageable pour un accès à des versions génériques à
bas prix de médicaments contre le sida", écrit MSF.
"Pour MSF, si cette demande est accordée, le risque est ainsi énorme que
d'autres anciennes molécules contre le sida - tout comme les nouvelles -
soient protégées par un brevet, empêchant pendant 20 ans la production de
version générique. Et donc rendre encore plus difficile la possibilité de
soigner correctement des millions de malades du sida des pays en
développement", ajoute l'organisation.
Jusqu'à il y a un an, les sociétés indiennes pouvaient produire des
génériques, vendus à bas prix, de médicaments brevetés tant qu'elles ne
copiaient pas le procédé de fabrication.
En mars 2005, le Parlement indien avait adopté un amendement à la loi sur
les brevets stipulant notamment que les médicaments conçus à partir de 2005
seraient soumis à la règle du brevet d'exclusivité de vingt ans.
Les organisations de lutte contre le sida estiment que le Combivir n'est pas
une nouvelle invention mais qu'il combine deux molécules déjà utilisées.
Selon la loi indienne, la production de génériques peut se poursuivre pour
les médicaments sortis entre 1995 et 2005 à condition que des royalties
soient payées aux détenteurs des brevets après obtention d'une licence.