BURKINA FASO: Inondations - Fermeture de lhôpital et du laboratoire de
référence VIH
http://www.irinnews.org/fr/ReportFrench.aspx?ReportId=86063
Photo: Brahima Ouedraogo/IRIN
A Ouagadougou, après les dernières pluies. Lhôpital de Yalgado Ouédraogo a
suspendu ses activités
OUAGADOUGOU, 8 septembre 2009 (IRIN) - Les récentes inondations ont provoqué
la fermeture de lhôpital principal du Burkina Faso, interrompant les
dialyses, empêchant les diagnostics de VIH, et conduisant à la saturation
des autres centres de santé, qui sont insuffisamment équipés pour prendre en
charge les cas chirurgicaux, daprès le ministère de la Santé.
A ce jour, sept personnes auraient perdu la vie et plus de 100 000 habitants
seraient sans abri à cause des tempêtes. La plupart des déplacés auraient
trouvé refuge dans des dizaines de sites à travers la capitale, Ouagadougou.
Seydou Bouda, ministre de la Santé, a dit à IRIN le 7 septembre que les
trois services de lhôpital qui navaient pas été fermés maternité,
oto-rhino-laryngologie et ophtalmologie ne prenaient en charge que les
urgences.
« En temps normal, [lhôpital] Yalgado [Ouédraogo] avait déjà besoin dune
réhabilitation lourde », a indiqué le ministre de la Santé. « Maintenant que
cette situation est venue sajouter, la nécessité est encore plus
impérieuse. »
M. Bouda a dit à IRIN que lhôpital devait suspendre ses activités afin de
reconstruire les locaux et remplacer le matériel. « La situation actuelle
[
] nécessite quon ne se précipite pas pour rouvrir comme si de rien
navait été ». Lors du déluge du 1er septembre, un quart des précipitations
annuelles habituelles sest déversé sur la ville en quelques heures.
Soins du VIH
Les inondations ont détruit le matériel du laboratoire de référence VIH de
lhôpital, qui était utilisé à léchelle nationale pour établir les
diagnostics. Trois des cinq principaux laboratoires de référence capables
deffectuer des diagnostics avec un degré de précision élevé non seulement
pour le VIH, mais aussi pour dautres maladies ont été endommagés, a dit à
IRIN Adama Traoré, Secrétaire général du ministère de la Santé.
« Actuellement, nous contactons les fabricants des appareils de numération
des CD4 [utilisés dans le suivi biologique du VIH] de lhôpital afin de leur
demander comment réparer le matériel, ou quelles sont les solutions
envisageables ».
Daprès lui, il serait souhaitable que lhôpital contacte les patients
suivant un traitement antirétroviral, au cas où ces patients auraient perdu
leurs médicaments dans la destruction de leur maison, mais la plupart des
coordonnées des patients ont été perdues. « Si un patient se présentait à
moi aujourdhui, je ne pourrais rien savoir de son historique car nous
navons plus aucun registre. Ils ont été emportés par les eaux. Les
ordinateurs ont été endommagés, les dossiers papier détruits ».
En juin 2009, le pays comptait environ 10 000 patients sous traitements ARV,
daprès le Conseil national de lutte contre le sida et les infections
sexuellement transmissibles, un organisme gouvernemental.
Le ministre de la Santé, M. Bouda, a indiqué à IRIN que le gouvernement
avait sollicité une aide durgence du Fonds mondial de lutte contre le sida,
la tuberculose et le paludisme.
Dialyses
Lansande Bagagné, directeur général de lhôpital, a dit à IRIN le 6
septembre que certains patients sous dialyse étaient dans un état critique,
et avaient commencé à vomir au bout de plusieurs jours de traitement
discontinu. « Nous avons réussi à faire fonctionner trois générateurs pour
continuer à leur dispenser des soins ».
Au total, 50 patients sous dialyse ont dû interrompre leur traitement
lorsque les appareils ont été détruits, a indiqué M. Traoré, du ministère de
la Santé. « Nous ne savons plus quoi faire. Nous sommes désemparés. Aucune
autre structure nest suffisamment équipée pour les prendre en charge ».
M. Traoré a dit à IRIN que lhôpital comptait sur les messages diffusés par
la radio et la télévision pour orienter les patients vers dautres centres
de santé. « Nous nous efforçons de gérer la crise, et le système de santé
sest montré capable de réagir rapidement, mais nous navons pas encore
terminé dévaluer les pertes ».
Daprès M. Traoré, si la majeure partie des stocks de médicaments financés
par les dons comprenant les traitements antipaludéens et les thérapies
antirétrovirales destinées aux patients séropositifs était conservée à
labri à lextérieur de lhôpital, en revanche, tous les médicaments qui se
trouvaient dans lhôpital ont été détruits.
A la question de savoir quels étaient les plans daction prévus pour les
centres de santé en cas de nouvelles pluies, M. Traoré a déclaré : « A long
terme, nous ne devrions pas construire des structures de santé dans des
zones inondables. A court terme, nous conserverons les dossiers dans des
locaux plus en hauteur et plus secs ».