Burkina Faso: Menace de rupture d'ARV - On fait comment ?
Abdoulaye Tao
6 Décembre 2011
http://fr.allafrica.com/stories/201112071111.html
Des associations de lutte contre le Sida ont sonné l'alarme la semaine
dernière. Le Faso risque d'être en rupture d'ARV après mars 2012.
L'information a fait l'effet d'une bombe. Au Burkina, ce sont 36 000
personnes qui sont sous ARV, et qui bénéficient de la gratuité des ARV. On
dénombre également 1800 enfants dans ce cas. Ceux-là sont couverts jusqu'en
mars, selon les explications des représentants des associations.
Concrètement, cela veut dire que les structures de prise en charge gratuite
ne peuvent plus prendre de nouveaux patients maintenant jusqu'en mars. Après
? Ce sera l'inconnu pour tout le monde. Un scénario inimaginable pour les
patients qui seront sans assistance si rien n'est fait. Il ne faut cependant
pas céder à la panique.
Car, la sortie des associations de lutte contre le VIH, vise justement à
attirer l'attention de l'opinion, des autorités et des partenaires sur les
risques d'un assèchement des ressources dans la lutte contre la maladie, et
plus précisément au niveau de la prise en charge des ARV. Plus proches des
malades, ces associations connaissent mieux que quiconque les revers sociaux
encourus si le robinet venait à se fermer subitement. Les faits sont
pourtant têtus. Du fait de la crise qui secoue les principaux pays
contributeurs, les fonds se font de plus en plus rares. La preuve, le Fonds
mondial de lutte contre le Sida, le paludisme et la tuberculose ne financera
pas de nouveaux programmes avant 2014. Il faudra se résoudre, dans
l'urgence, à trouver des solutions endogènes pour gérer ces moments
difficiles.
A quelque chose malheur est bon, dit-on. Les pays pauvres comme le Burkina
se sont longtemps adossés à la générosité de la communauté internationale,
contrainte de mettre la main à la poche pour sauver une partie de l'humanité
qui, si rien n'avait été fait, aurait été décimée par la pandémie. L'espoir
de contenir le mal est réel. Il recule dans une certaine mesure. Et, c'est
au moment où il faut maintenir les efforts de la recherche et la prise en
charge et de la prévention que l'argent, le nerf de la guerre se fait
désirer. Il faut trouver des alternatives aux financements classiques. Nos
pays ont-ils jamais réfléchi à cela, aux financements innovants ? Pas si
sûr. Le Burkina a bien tenté, par le biais des associations, un « sidathon
», il y a quelques années. A peine 10 millions de F CFA récoltés. Trop
insignifiant face aux défis.
Le hic dans tout cela, les organisateurs, comme s'ils ont été découragés par
cette première expérience, n'ont plus rebelotté. L'action des activistes du
SIDA entre dans le cadre de leur plaidoyer et devrait donc interpeller les
Africains, leurs opinions publiques sur leur engagement et leur
participation financière à la lutte. On a trop longtemps tendu la sébile et
certains acteurs n'ont pas toujours été exemplaires dans la gestion de la
manne reçue.
De tous ces travers, il faudra tirer leçons, les bonnes, afin de resserrer
les rangs des acteurs de la lutte contre le VIH/Sida. Il en est de même pour
les gouvernements qui ont longtemps basé toutes leurs stratégies sur
l'argent venu d'ailleurs. Ils se retrouvent aujourd'hui dans un cul de sac,
et il faudra faire preuve d'ingéniosité pour en sortir. C'est une question
de responsabilité et de souveraineté.