[e-med] Cameroun/CENAME: des tonnes de médicaments détruits chaque année

CAMEROUN,CENAME : DES TONNES ET DES TONNES DE MÉDICAMENTS DÉTRUITS CHAQUE ANNÉE

http://www.camer.be/47718/11:1/cameroun-cename-des-tonnes-et-des-tonnes-de-medicaments-detruits-chaque-annee-cameroon.html

La Centrale Nationale Approvisionnement en Médicaments et consommables Essentiels dénommée CENAME est érigé en entreprise publique le 30 Juin 2005 par décret présidentiel. Cette entreprise publique contribue à la mise en œuvre de la politique pharmaceutique nationale en matière d’Approvisionnement en médicament et dispositifs médicaux essentiels. En d’autres termes, c’est la CENAME qui est chargée de l’achat et de l’approvisionnement des médicaments et consommables médicaux dans toute l’étendue du territoire national.

Pour mener à bien cette mission, la Direction Générale de la CENAME doit forcément faire preuve de rigueur dans la gestion de ses stocks et l’approvisionnement équitable et rationnel dans ses Centres d’Approvisionnement Régionaux et dans les hôpitaux publics. Comme le stipule le décret portant création de cette structure, elle a l’obligation de fournir et mettre à la dispositions de ses clients des produits pharmaceutique et consommables médicaux au meilleurs prix .Autrement dit, les médicament de la CENAME doivent être au niveau moyen du prix et accessible à tous. Avec les recettes issues de la vente des médicaments et autres dispositifs médicaux ajoutés à cela les subventions de l’Etat, la CENAME dispose suffisamment de moyens pour approvisionner le circuit sanitaire national.

Or tel n’est pas le visage que présente le milieu hospitalier public en termes de disponibilité en médicaments. Depuis quelques années, la tension des stocks en médicaments est devenue régulière dans les structures sanitaires publiques au Cameroun. Les médicaments essentiels manquent de plus en plus, pire encore dans en zones rurales où les structures sanitaires de base que sont les CSI et CMA manquent cruellement presque de tout. Il est encore étonnant de trouver aujourd’hui en zones rurales, des Centres de Santé Intégrés(CSI) et les Centres Médicales d’Arrondissement(CMA) sans pharmacie c’est à dire sans aucun comprimé encore moins un réactif. Un manque cruel de médicament en sommes

Cependant, et de l’autre coté, l’opinion publique nationale est sidérée de voir ce rituel qui est presque devenu une tradition à la CENAME. A l’insu de tous, Cette structure détruit chaque année par incinération plusieurs tonnes de médicaments avec pour raison principale, la péremption de ses produits. Cette action sans être illogique manque de sens. Elle suscite plutôt des questionnements comme par exemple, comment peut-on laisser courir un médicament vers la péremption alors que ce même produit manque dans les différents Centre de Santé et hôpitaux ? Pourquoi incinéré les produits périmés au lieu de les distribués gratuitement avant péremption dans les différents centres de santé et hôpitaux qui sont peut être incapables de s’en offrir ? Pourquoi pousser un produit acheté par l’argent public à la péremption, à la destruction alors que la population a besoin de ce médicament pour se faire soigner ?

Cette action de destruction de médicaments périmés à la CENAME ne voile t- elle pas des pratiques obscures eu sein de cette entreprise ? Ces questions ne peuvent qu’être posées, mais les réponses se trouvent ailleurs chez eux, eux qui dirigent cette entreprise publique.

Il est utile de rappeler que la CENAME existe depuis plusieurs années avant l’arrivée du décret de sa création en 2005. Elle avait les prérogatives et les mêmes missions. Le décret de 2005 est juste venu officialiser le statut officiel de cette structure. Vivement que la nouvelle équipe dirigeante change la donne.

© Source : Publié en collaboration avec Secteur Santé

Bonjour,

Il me semble important de connaitre l'origine des produits détruits.
Ont-ils été commandés par la CENAME ?.
De mon expérience, toutes les centrales d'achats ont à détruire chaque année
des médicaments correspondants à des dons inapropriés. S'agit-il de celà ?

Serge Barbereau

Hello Serge

Si c'est le cas, éternel recommencement

Nous nous demandons a quoi servent tous les cours de gestion de stock
auxquels participent nos gestionaires de pharmacies d'approvisionment.

Cordialement

--

*Dr Sosthène DOUGROU, MD-MPh*
*Expert en Politiques de Santé /VIH et Renforcement des Capacités*
*Tél. (Genève): +41.779.09.69.80 *

Bonjour,cher Collegue SOSTHENE,

Très bonne question.

Dr Moussa Coulibaly
MD MPH PhD
Health & Nutrition Specialist
Sartrouville Yvelines France

Bonjour Sosthène,

J'ai été vraiment content de t'avoir enfin rencontrer à ICASA à Hararé. Il
y a beaucoup de choses à dire sur la situation de la CENAME qui a été
exposée. Déjà , il y a la question de Serge qui attend toujours précision:
quelle est l'origine de ces produits, est-ce des produits de donation ou
des produits achetés par la centrale elle-même?

Pour ta question, je dirai que l'Afrique ne manque pas vraiment de
compétence technique pour gérer correctement les chaines
d'approvisionnement des médicaments. Il lui manque surtout la culture de la
conscience professionnelle et des hommes prêts à privilégier l'intérêt des
populations au détriment de leur propre intérêt. Quelque soit les
formations qu'un gestionnaire suivra, tant qu'il a dans sa tête qu'il va
s'enrichir par les ristournes des commandes et se prélasser après aux frais
de ces ristournes au moment de la distribution, nous vivrons toujours ces
genres de situations. Vous lui enverrez autant d'experts africains et
européens que vous voudrez; il fera semblant d'apprendre des choses, il
prendra des engagements dans des rapports "très intéressants". Mais à la
fin de la même année et celle qui suivra, il brulera des tonnes de
médicaments, sans aucun remord.

Passons sérieusement de l'assistance technique (qui doit bien sur
continuer) à la bonne gouvernance dans nos systèmes de santé, qui passe par
des enquêtes et des sanctions dans des cas d'espèces de la CENAME, s'il
s'avérait surtout que ce sont des produits payés par la centrale.

Cordialement!

--
Simon KABORE
Directeur Exécutif du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
04 BP: 8038 Ouagadougou 04 Burkina Faso
Tel: bur (226) 50 37 70 16
         Cel: (226) 70 24 44 55
E-mail alternatif: simonkabore@rame-int.org

Bonjour Simon

Tout le plaisir a ete aussi pour moi de rencontrer un des principaux
contributeurs de emed.
Si la situation est vraiment comme tu la decris, alors Je pense qu'une des
solutions est l'integration de la bonne gouvernance dans nos structures de
gestion, et nos structures de sante, sous forme de bonus et de malus
attribue aux animateurs de ces structures. Un bon gestionnaire doit
pouvoir etre recompense et voir son merite reconnu, tandis qu'un pietre
gestionnaire devrait etre sanctionne.
C'est parce qu'en Afrique nous avons hisse l'impunite au rang de valeur que
nous en sommes encore la.
A ce sujet Je voudrais prendre l'exemple suivant. Que risque un conducteur
qui "grille" un feu rouge a Abidjan, Ouagadougou, ou a Yaounde ? Rien et
meme s'il est arrete par la police un billet de 500 Fcfa suffit pour
continuer son chemin. Mais ce meme conducteur ne le ferait jamais ni a
Paris , ni a Geneve ou il risque meme et retrait de son permis et sans
possibilite de proposer 20 euros ou 20 francs Suisse a qui que ce soit.

Voici la verite.

Ceci prouve que l'environnement dans lequel nous evoluons influence notre
action, nos reactions et nos interactions avec le systeme en place dans le
pays ou dans l'organisation concernee.

Bien a tous

--

*Dr Sosthène DOUGROU, MD-MPh*
*Expert en Politiques de Santé /VIH et Renforcement des Capacités*
*Tél. (Genève): +41.779.09.69.80 *

Bonjour,

Avant d'accuser, j'attends des précisions sur l'origine des produits. Mais
il ya aussi d'autres possibilités qui peuvent dédouaner la centrale et c'est
plus pervers. Je vous site un exemple que j'ai vécu dans une centrale
d'achat ou j'étais assistant technique.

Vous préparez votre appel d'offre annuel et effectuez la meilleure
estimation des besoins possible. Vous passez votre commande.
Dans intervalle un organisme international, estimant qu'il y a une rupture de
stock , sans vous consulter, livre dans le pays une quantité équivalente à
celle que vous avez commandé. Bien sur ce don se retrouve dans vos stocks et
suite à pression politique sont distribués en premier. Ceux qui ont été
commandé par vous vont se retrouver périmés l'année suivante et c'est sur
vous que se reportera l'opprobre !!!

Attendons d'avoir des explications .

Serge

Bonjour Dr Barbereau

Nous n'accusons pas de prime à bord. Nous émettons des suppositions sur des
réalités que nous vivons malheureusement. Quand Dougourou parle
l'environnement, je pense que cela rejoint l'exemple que vous citez.
Assainir l'environnement de nos systèmes d'approvisionnement ne concernera
pas seulement les acteurs nationaux, mais sera également valable aux
partenaires techniques et financiers. Quelles sont les motivations qui ont
poussé cet organisme à faire une commande pour un bénéficiaire à qui il n'a
pas sollicité l'avis ou prévenu de son action? Certainement, elles ne sont
pas saines et ne visaient pas réellement à aider d'une manière
désintéressée.
Cordialement!

--
Simon KABORE
Directeur Exécutif du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
04 BP: 8038 Ouagadougou 04 Burkina Faso
Tel: bur (226) 50 37 70 16
         Cel: (226) 70 24 44 55
E-mail alternatif: simonkabore@rame-int.org

Chers tous,

Je suis d'accord avec vous Serge, l'insuffisance de capacité de
coordination au niveau national aggravée par un double jeu des partenaires
qui disent contribuer à renforcer les systèmes nationaux et dans les faits
les détruisent par les achats et distributions des mêmes médicaments qui
sont dans les réseaux nationaux, sont à la base de cette situation vécue
dans plusieurs pays africains ou la gouvernance est une denrée rarissime.

Par ailleurs il faut souligner également le manque intérêt par les acteurs
nationaux à défendre leurs systèmes parce qu’ils n'ont pas "des intérêts"
ou alors ils ont des "intérêts " bien sûrs qui ne sont pas les mêmes que
ceux des bénéficiaires (population).

Les causes sont connues........ et si on commençait à suivre l'indicateur
sur les pertes des médicaments venant de divers "dons ", il y aura des
surprises.

Franck Biayi
Pharmacien
Kinshasa/RDC

Bonjour,

Oui Serge. Sans oublier que les centrales régionales peuvent créer des circuits parallèles d'approvisionnement et ainsi plomber votre planning de distribution.
Donc attendons d'avoir les explications des concernés.

Francis Patrick KOUESSEU
Pharmacien Titulaire
PHARMACIE DE L'HORIZON SARL
CAMEROUN
Tél: 00237 233408781/699880429/654170017
Fax: 00237 233408781

Bonjour Franck,

Pour avoir travaillé sur les bonnes pratiques de dons de l'OMS depuis 1996, je suis surpris et souvent désappointé de voir que ce sont les principaux signataires qui ne les appliquent pas... Le premier jet de ce document date de 1996. Il ya eu ensuite une deuxième version en 1999.

Les directeurs des centrales sont malheureusement mis devant le fait accomplit. Ils subissent et cela en silence.

J'ai moi même connu ces destructions devenues inévitables.

Je ne prendrai que des exemples que j'ai vécu. Détruire un don de l'Unicef, du HCR,ou par exemple du gouvernement Chinois est toujours une opération délicate. C'est pour cela que je demande d'avoir des explications avant de mettre en cause la gestion des stocks de nos confrères.

Serge Barbereau

Chers tous,

Il est bon que l'on nous fixe sur l'origine de ces produits de la CENAME pour mieux comprendre la situation mais il est clair que la perte de médicaments est à une erreur d'appréciation quelque part, ajouté à cela une faiblesse dans la coordination des partenaires impliqués dans les approvisionnements. Un cadre de coordination opérationnel permet toujours de résoudre les problèmes de ce genre.

Merci,
Gabriel Bukasa
Kaleka+243 97 625 98 90B.
Pharm., MPH
Kinshasa - DRCÂ

Chers tous,

Je confirme, il faut que nous ayons plus d'information sur l'origine des produits qui sont détruits. S'agit-il de produits achetés, gérés et vendus/distribués par la centrale ou de produits de bailleurs de fonds pour les quels la centrale ne joue souvent qu'un rôle de stockage et de distribution sur la base d'un plan défini et imposé par le programme de santé.

Nous parlons beaucoup de ruptures de stock mais nous sommes entrain de faire face à une augmentation très inquiétante de sur-stocks et de produits périmés dans les pays.

Sous la pression des bailleurs de fonds qui évaluent principalement les pays sur leur capacité à décaisser les fonds, le manque de coordination entre les bailleurs de fonds, et la paranoïa des ruptures de stocks, nous voyons de plus en plus de commandes de médicaments largement surévaluées et ne tenant pas compte des stocks disponibles dans les pays, de la durée de vie des médicaments et de la capacité des pays à diagnostiquer et à mette les patients sous traitement.

La situation de sur stocks et de risque de péremption est devenue si critique dans certains pays qu'ils se mettent à annuler massivement les commandes ou à chercher désespérément des pays qui accepteraient de racheter leur stock avant qu'ils ne périment. Mais parfois, malheureusement, aucune solution n'est trouvée et l'histoire se finie par un feu de joie sous le regard effaré des populations.

Ne jamais juger avant d'avoir des preuves ou des faits vérifiés. On a parfois de grosses surprises.

Magali Babaley
Genève

(c'est une nouvelle équipe à la CENAME mais l'Ordre des pharmaciens de Cameroun est inscrit sur e-med et est membre de Conseil d'administration de la CENAME. S'ils peuvent nous en dire plus... merci. Patience, nous finirons bien par savoir...CB)

Merci Magali
Mais il n'y aurait pas du personnel de la CENAME inscrit sur e-med pour
nous fixer et nous éviter de spéculer?

Dr Sosthène Dougrou (je m'excuse, j'avais écorché son nom dans un précédent
mail) avait fait des propositions concrètes sur l'évaluation de toutes ces
péremptions, l'introduction des indicateurs de gouvernance dans nos
systèmes de gestion, ...

D'antan, l'ACAME jouait un grand rôle pour défendre les centrales contre
leur substitution par des institutions internationales voir onusiennes.
L'écho avait été favorable. Que peut faire aujourd'hui cette institution
face à cette situation vécue par les centrales?

Ce que je trouve navrant ce n'est pas toujours la survenue des problèmes,
mais c'est le manque de dynamiques pour les résorber, l'absence d'acteurs
pour les insuffler malgré la pléthore des institutions.

Cordialement!

--
Simon KABORE
Directeur Exécutif du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
04 BP: 8038 Ouagadougou 04 Burkina Faso
Tel: bur (226) 50 37 70 16
         Cel: (226) 70 24 44 55
E-mail alternatif: simonkabore@rame-int.org

Chère Magali,

En vous lisant, j'ai l'impression de me retrouver en plein dans une analyse
situationnelle du secteur du médicament, tant ce que vous décrivez lui
ressemble à s'y méprendre.

Vous parlez si bien de problèmes tels que *les sur-stocks*, les* tonnes de
périmés, la pression des bailleurs de fonds couplées à l'absence de
coordination, la paranoïa des ruptures ruptures de stocks avec
comme corollaire une surévaluation des prévisions et des commandes......ne
tenant pas compte des stocks disponibles, de la durée de vie des
médicaments.... et de la capacité du pays à diagnostiquer et à mettre les
patients sous traitement.*

Tous les problèmes que vous énumérés pourraient constituer une épreuve de
planification de projet pour des étudiants en CES de Santé publique, où les
questions seraient:
1. Comment qualifiez-vous un tel système d'approvisionnement et de gestion
de stock ?
2. Énumérez les principaux problèmes et le problème central du système
d'approvisionnement et de gestion de stock de ce pays ?
3. Construire à partir des Problèmes et identifier un arbre à Solutions
4. Proposer un projet d'amélioration de la situation du système
d'approvisionnement et de gestion des stock de médicaments de ce pays...

Ce qui ressort des débats que nous avons depuis quelques jours, c'est que
personne ne veut assurer le leadership et que la mauvaise gouvernance, je
le dis encore est hissée au rang de vertu. Sinon comment comprendre qu'un
pays qui regorge d'autant de techniciens respectables et respectés ne
puisse pas, du moins résoudre, sinon atténuer ce problème.

Je me demande aussi, si les bailleurs de fonds auxquels nous faisons
allusion utilisent les indicateurs de performance de leur évaluations pour
une prise de décision éclairée. Car à quoi sert une évaluation basée sur un
recueil d'informations, si cela ne sert pas à prendre des décisions pour
changer les choses et améliorer la situation du système en place.

Encore une fois, rupture de stock ou sur-stock, si de telles situations
surviennent ou subsistent de façon endémique, elles sont presque toujours
la résultante d'une faible institutionnelle qui trouve ces racines dans* la
mauvaise gouvernance et le manque de leadership.*

Bien à tous

*Dr Sosthène DOUGROU, MD-MPh*
*Expert en Politiques de Santé /VIH et Renforcement des Capacités*
*Tél. (Genève): +41.779.09.69.80 *

Petit rappel: Qui peut nous donner des détails sur l'origine de ces
médicaments ???

Serge