Cameroun - trafic de médicaments : Des ARV dans les pharmacies du poteau
http://www.camer.be/index1.php?art=6815
Les produits seraient disponibles en quantités suffisantes dans les
hôpitaux, mais la présence de stocks dans les circuits informels préoccupe
les autorités.
Joseph Beti Assomo, préfet du département du Mfoundi, a une nouvelle fois
frappé un grand coup hier. Un stock de médicaments de la rue a été saisi et
détruit dans la capitale à linitiative du ministre de la Santé publique.
Mais cela aurait pu être classé dans les activités de routine si dans cette
cargaison on navait pas retrouvé des antirétroviraux (ARV) destinés aux
hôpitaux publics. Dès lors, des interrogations fusent, pour comprendre
comment ces médicaments, pourtant gratuits, ont pu se retrouver dans le
commerce, quel quil soit. La situation mondiale des personnes vivant avec
le Vih/sida nétant guère des plus tranquilles en ce moment.
En effet, de récentes estimations de la Banque mondiale indiquent que le
traitement antirétroviral de 1,7 million de personnes est menacé, 15 pays
étant "hautement exposés" au risque d'interruption de traitement. Par
conséquent, très concerné par ce rapport, le conseil d'administration du
Fonds mondial pour la lutte contre le Sida, le paludisme et la tuberculose,
lors de sa 19e session, a demandé aux dirigeants de déléguer aux Comités
adéquats la mission de présenter au conseil d'administration, lors de sa
vingtième réunion, un rapport d'actualisation sur cette question. Ce rapport
devant comprendre une analyse menée en urgence par le Secrétariat, en
collaboration avec les partenaires désignant les pays bénéficiaires du
soutien du Fonds mondial pour le traitement du VIH/SIDA, de la tuberculose
et du paludisme exposés à un risque d'interruption de traitement en
2009/2010. Par ailleurs, il y a nécessité daccroître la mobilisation des
ressources, étant entendu que lintérêt suscité par les innovations en
matière de traitement et de soins pourrait se traduire par une hausse
initiale des coûts. Cest pourquoi une étude visant lamélioration des
résultats et la réduction du coût de traitement et susceptible dentraîner
des changements de protocoles, a été commandée.
Au Cameroun, on nen est pas encore là. Le Dr Jean Bosco Elat Mfetam,
secrétaire permanent du Comité national de lutte contre le Sida rassure : «
Le Cameroun est toujours éligible au financement du Fonds mondial. Nous
venons de déposer notre dossier de candidature pour le 9e round et sommes
dans lattente des résultats ». Quant à la chaîne de distribution des ARV,
elle semble ne souffrir daucune perturbation. Selon un responsable de la
Centrale nationale dapprovisionnement en médicaments essentiels et
consommables médicaux (CENAME), les stocks sont suffisamment fournis. Et
concernant les ARV commercialisés, « il sagit des produits de contrefaçon.
En fonction des étiquettes que nous avons pu vérifier, certains de ces
médicaments ont été spécialement fabriqués pour un pays voisin », affirme
notre source. A lhôpital du jour de lHôpital central de Yaoundé,
principale unité de prise en charge de la région, on ne se plaint pas non
plus. Selon le Dr Charles Kouanfack, responsable de ce service, tous les
protocoles de traitement sont disponibles, et en quantité suffisante. Mais
personne ne semble au fait du mécanisme conduisant les ARV dans la rue,
alors que le ministre de la Santé a invité, il ny a pas longtemps, les
populations à dénoncer toute personne surprise en train de vendre les ARV.
© Cameroon Tribune : Jocelyne NDOUYOU-MOULIOM