Cameroun: Un trafic de médicaments démantelé
Cameroon Tribune (Yaoundé)
8 Février 2007
Publié sur le web le 8 Février 2007
Mireille Onana Mebenga
La saisie a été opérée par la police lundi dernier au fret de l'aéroport
international de Douala.
Depuis 2002, des tonnes de médicaments entrent illégalement sur le
territoire camerounais via l'aéroport international de Douala. Informé de ce
trafic illicite et apparemment lucratif, le délégué provincial à la Sûreté
nationale du Littoral, le commissaire divisionnaire Joachim Mbida Nkili a
essayé de prendre les fraudeurs la main dans le sac. Lundi dernier, le
délégué reçoit une information selon laquelle une cargaison de médicaments
est en train de sortir du fret de l'aéroport. Aussitôt, il se rend sur les
lieux, accompagné du délégué provincial de la Santé publique Jérémie Solè et
du commissaire médecin Dzuikou.
Au total, cinquante cartons de médicaments sont saisis. Ces produits,
arrivés à bord de Kenya Airways ou de Ethiopian Airlines, proviennent de la
Chine, de l'Egypte et de l'Inde et sont en transit pour le Nigeria. A la
question de savoir pourquoi des produits pharmaceutiques en transit pour un
pays voisin sortent de l'aéroport sans aucune mesure, le principal concerné,
du moins pour le Cameroun, un certain Tiam Charles, fait savoir dans ses
premières déclarations que, après l'aéroport, les produits sont acheminés
par pirogue ou par bus vers le Nigeria. Pas du tout satisfait de cette
déclaration et malgré des documents fournis, le délégué et son équipe
décident de convoyer les médicaments à la police judiciaire de Douala pour
l'ouverture d'une enquête. Interrogé, Tiam Charles craque et confie aux
policiers que c'est un trafic qui existe depuis fin 2002 et que pour passer
outre le visa des autorités sanitaires, il paye une amende de 150.000 francs
Cfa, sans dire à qui.
Au final, il conduit les fonctionnaires de police à New Bell où un deuxième
maillon de la chaîne, Tanfu Paul, l'attend pour stocker la marchandise.
D'après ce Tanfu Paul, les importateurs, les nommés Robinson et Divine, sont
au Nigeria. C'est donc à eux que revient la charge des transactions au
Cameroun.
La police se pose une question : comment des personnes physiques sans
agrément, et en lieu et place des laboratoires pharmaceutiques agréés,
peuvent-elles faire rentrer des tonnes et des tonnes de médicaments
illégalement sur le territoire camerounais ? D'autre part, les médicaments
sont soumis à des procédés de conservation propres : 35° pour certains
produits, et une température de réfrigérateur pour d'autres. Alors, quand
des médicaments sont conservés à New Bell, cela suscite des inquiétudes.
Toujours selon nos informateurs, il ressort que ces produits utilisés pour
des problèmes de foie sont interdits au Nigeria et que le seul pays qui les
utilise, on ne sait à quelle fin, est l'Allemagne. L'enquête pilotée par le
délégué provincial à la Sûreté, le directeur de la police judiciaire et le
procureur de la République près les tribunaux de Douala, suit son cours.
Pendant ce temps, 116 autres colis restent saisis au fret de l'aéroport.