[e-med] Côte d'Ivoire: Médicaments de rue : les vendeuses défient les autorités

Nimatoulaye Ba , Côte d'Ivoire: Médicaments de rue : les vendeuses défient les autorités
Fraternité Matin (Abidjan), 16 Juin 2006, Publié sur le web le 19 Juin 2006
Formellement interdite, la vente de produits pharmaceutiques en plein air se poursuit. Et elle gagne de l'ampleur.
Des produits en tout genre sont exposés sur les étals de Roxy à la merci de la poussière, la pluie. Le danger est réel.
Adjamé Roxy. Derrière un grand coffre rempli d'ordures de toutes sortes, des préaux de fortune faits avec des parasols en plastique noir. C'est là que se trouve la pharmacie à ciel ouvert d'Adjamé. Sur des tables, sont superposés des flacons de diverses couleurs. Des sachets transparents contenant des gélules rouges, jaunes ou blanches, des comprimés blancs, des ampoules buvables etc. Dyclosa 50, Penicilin -V tablets, Efferalgan, Sulfatrim, Super Pepti, Iducal Plus etc. Tout y est. Dans des conditions précaires. Les produits sont exposés au soleil, en contact avec les mouches et la poussière. Situation qui ne gêne guère les vendeuses. Et Diomandé Saly qui exerce la profession depuis sept ans à Adjamé-Roxy de dire : " Nous ne pouvons rien contre la poussière. Car, nous sommes installées aux abords du trottoir où passent à tout moment des véhicules".
Traoré Awa, une autre vendeuse à Adjamé-Roxy depuis plus d'un an, tente de rassurer sur le conditionnement des médicaments. Selon elle, toutes les vendeuses protègent leur marchandise par des sachets. " Les gélules sont conservées dans des sachets et les ampoules, dans des seaux que nous refermons hermétiquement ", dit-elle avant de préciser : " Certains médicaments sont gardés dans les magasins et ne sortent qu'à la demande des clients ".
Autre lieu, même décor. Au grand marché d'Abobo, la pharmacie plein air gagne du terrain. " Ma chérie vient payer médicament. Monsieur vient voir. Tantie, tu cherches quoi ? Tu veux quoi ? ". C'est par ces appels que les vendeuses hèlent avec insistance tous ceux qui passent dans leur périmètre. Assises sous des parasols comme leurs collègues d'Adjamé-Roxy, elles proposent toutes sortes de médicaments pharmaceutiques à leurs clients. Entre appels de clients, ces jeunes filles bavardent entre elles. Ici, il n'y a pas de coffre à ordures. Mais, lorsqu'il pleut, une boue noire envahit les places où sont installées ces vendeuses. Les clients sont obligés de patauger.
A Adjamé comme à Abobo, les clients ne manquent pas. Certaines personnes présentent leurs ordonnances pour acheter les médicaments qui leur sont prescrits par des médecins. Pour l'ensemble de ceux-ci, le conditionnement n'est pas un problème. Seul le prix les oriente vers ces pharmacies de rue. Yéo Ousmane, un client fidèle l'explique en ces termes : "Les médicaments coûtent moins cher ici qu'à la pharmacie ". Ces habitués des pharmacies " par terre " sont devenus fervents adeptes de l'automédication. " Je n'achète que des remontants lorsque je me sens fatigué ", explique Yéo Ousmane. Amédé, quant à lui, est venu au grand marché d'Abobo, acheter un " remède très efficace contre la grippe " que lui a conseillé une soeur. Mixagrip, le médicament en question, ne coûte que 150 francs. "Aucun médicament ne peut coûter 150 francs à la pharmacie. Et par ces temps qui courent, on est obligé de venir ici en fermant les yeux sur le conditionnement", dit-il. Et Mme Diaby Massandjé, une autre cliente, d'ajouter: "Pour une ordonnance qui coûte 25000 francs à la pharmacie, on peut débourser15000 francs seulement ici. D'ailleurs, ce sont les mêmes médicaments que ceux vendus en pharmacie".
Ces propos sont confirmés par T. Awa, vendeuse à Abobo qui précise que certains médicaments leur sont livrés par des employés des pharmacies. "Je ne sais pas comment ils parviennent à les faire sortir, mais ils nous vendent des produits des pharmacies ".
Traoré Awa affirme qu'en dehors des produits qui sortent des pharmacies, il y a ceux qui proviennent du Nigeria, du Ghana, de la Chine et de la Guinée. Ces marchandises sont livrées à elles par des grossistes. Qui leur expliquent le mode d'emploi (posologie, indication, contre-indication etc.).
Pour cette vendeuse, la date de péremption ne pose pas problème. Car, la plupart des vendeuses "très peu instruites" servent de prescripteurs aux clients. Celles qui ne le sont pas du tout, travaillent en collaboration avec des personnes instruites qui leur lisent la notice d'utilisation. "Lorsque nous achetons les médicaments, les grossistes nous expliquent les maladies que soigne chaque produit", indique Traoré Awa..
Diomandé Saly, qui ne sait pas lire, affirme qu'elle arrive à mémoriser les noms et les indications des médicaments. Par ailleurs, la plupart des clients prennent le soin de vérifier la date de péremption avant d'acheter ces médicaments.

La situation n'est guère enviable dans d'autres pays d'afrique, la vente illicite de médicaments dans différents états fait des émules.
La démission, le laxisme des Etats africains portent à faire croire que ce fléau est soutenu par les forces politiques et économiques mafieuses et, comme en Colombie, ces renégats ou délinquants s'organiseront demain en véritables bandes de tueurs et controleront les circuits de distribution et d'approvisionnement.

Depuis 2005, nous avons déja organisé deux semaines de lutte contre la vente illicite de médicament dans différents pays, le concours apporté par remed est à apprécier à sa juste valeur, mais la question que je me pose est la suivante: sommes nous écoutés par nos Etats?
Ne serait il pas nécessaire de faire l'évaluation des deux premières semaines(chaque pays apportant son temoignage) et après ce bilan élaborer d'autres stratégies ou poursuivre l'intensification de cette lutte par la création des comités nationaux de lutte contre la vente illicite de médicaments qui seront composés des cadres de tous les départements concernés(finances, commerce, santé, justice, et intèrieur).
Il est à rappeler que l'ispharma à adopter cette résolution au cours du forum.

DR BONIFACE OKOUYA
PDT ISPHARMA
Okouya Boniface <boniok2000@yahoo.fr

Bonjour,

Le phenomene médicaments de la rue est dans
beaucoup de pays africains. Il suffit de sillonner les
alentours de l'avenue Bas-congo à Kinshasa qui
regorgent la majorité des depots pharmaceutiques pour
s'en rendre compte. On citera de plus un cas du Marché
de Kadutu au Sud-Kivu. Bref c'est un problème, mais je
pense qu'il n'y a que la volonté politique en appui
aux efforts des inspecteurs qui resolvera le problème.
Je peux citer par exemple entre 1997 et 1998 avec le
gouvernement de l'AFDL la volonté d'un ministre de
santé pour ne pas citer Dr SONJI a pu faire deguerpir ces
vendeurs de rue qui entouraient les depots
pharmaceutiques de Kinshasa. Les inspecteurs nous
faisons tout le travail, mais il nous arrive parfois
des influences d'autres niveaux du système étatique
auxquels on doit se soumettre sous peine des fois de
disparaitre.
Que les gouvernements montrent vraiment qu'ils ont la
volonté de protèger la santé de leurs populations.

Merci,

Phcien François.M.R.TSHITENGE
Inspecteur du Nord Kivu/RD CONGO
fmrtshimal@yahoo.fr

Chers EMEDIENS,

Il y a quelques mois nous avions abordé ce problème de
vente illicite qui se géneralise de manière
innéxorable dans la plupart de nos pays.
Ce qui est dramatique est de voir l'indifférence de
tout le monde y compris les professionnels de santé
qui auraient dû constituer un bloc pour faire bouger
les autorités qui ne semblent ne pas considérer ce
problème comme un vrai danger vis à vis des
populations.
Tout les jours on apprend dans la plupart de nos pays
les gréves des medecins,infirmiers... pour les
conditions salariales.
Pourquoi il n'a jamais eu des
gréves pour les conditions acceptables de
travail?
Pourquoi pas une gréve pour la lutte contre
les faux médicaments ou de qualité douteuse qui
reduisent à néant les efforts de prise en charge des
malades avec toutes les chances de voir ces derniers
mourrir devant nous...

En RDC une enquète sur l'évaluation du secteur
pharmaceutique vient de commencer avec l'appui de
l'OMS et nous ésperons que les résultats pourront
permettre de faire ressortir les priorités et les
stratégies à même de répondre aux besoins de
population d'avoir accès au bon médicament, au bon
moment, au bon endroit, de bonne qualité, avec des bons conseils.

Franck Biayi
Pharmacien
Kinshasa
biayifranck@yahoo.fr

[Pour accéder aux archives mentionnées dans ce message : www.essentialdrugs.org/emed/archives.php]

Salut à tous,
   
Je pense que, pour rappel, ce phénomène a fait l'objet des reflexions et d'un débat au cours du mois de mai 2006 dans l'intervalle du 16 au 20 , sous le thème: CAMPAGNE D'INFORMATION SUR LES DANGERS DU MARCHE ILLICITE DES MEDICAMENTS.
   
A mon avis tous les intervenants et tous les concernés peuvent sans hésiter se référer aux archives de ce forum aux jours et mois ci haut cités pour prendre de différentes propositions faites afin de les appliquer à chaque niveau de décision.
   
Amicalement vôtre.
   
Elite MUSENGE
Directeur ai CEDIMEK
musengeelite@yahoo.fr

Dr Tshitenge
   
Je viens de lire votre message concernant les ventes illicites, et les vendeurs qui entourent les depots pharmaceutiques.
Je voudrais savoir si chez vous les Depots pharmaceutiques sont-ils geré par les techniciens qualifies (les Preparateurs ou les techniciens superieur en pharmacie),ou simplement par les vendeurs, ou les Ballados ?avec ou sans l'autorisation du ministere de la Santé.
   
Raphael Borger
Congo Brazza
borger504@yahoo.fr