Pour information à Monsieur Fonkou
Il y a un marché parallèle de médicaments en France, marché gris ou noir.
Le marché gris concerne des médicaments légaux en france mais revendus hors du circuit pharmaceutique, sous contrôle d un pharmacien :
3 exemples de marché gris :
- le Subutex ou buprénorphine, substitut de l'héroine, la morphine ou la codéine, revendu par des usagers de drogues ou des dealers après l'avoir obtenu sur prescription médicale ou par vol.
- des médicaments légaux en France, obtenus en pharmacie et revendus auprès de personnes ans couverture médicale (personnes en situation irrégulière).
- des médicaments récupérés comme MNU et revendus parfois par certains confrères pharmaciens peu scrupuleux dans leur officine !! (plusieurs cas de condamnation sont parus dans la gazette publiée par le conseil de l'Ordre).
Le marché noir concerne des médicaments ou produits pharmaceutiques non autorisés en France; ils sont importés illégalement sur le territoire : par voie aérienne, terrestre ou maritime. Les commandes par internet développement l entrée par voie postale.
Ces médicaments ou produits pharmaceutiques rencontrés au marché noir sont :
- soit des contrefaçons ou des mal façons à prix inférieur (Viagra par exemple) de produits existant en France, qui sont onéreux et non prix en charge par le système de soins français.
- soit des médicaments étrangers, non commercialisés en France. Ils intéressent les populations migrantes qui les connaissent, et peuvent en lire la notice ou le mode d emploi car il est dans leur langue.
Je peux vous citer en exemple les marchés de Cayenne ou de Saint-Laurent du Maroni en Guyane française, dans lesquels j ai effectué des "relevés" de médicaments vendus illégalement. Beaucoup sont des médicaments en provenance du Brésil, qui est producteur et dont les emballages et notices sont en portugais. Ils suivent les flux de populations migrantes brésiliennes.
Bien sur, les revendeurs n installent pas de stand "par terre" ; ce sont en général des femmes, d'origine péruvienne ou bolivienne; elles circulent dans les marchés avec les produit dans des petits paniers afin d 'échapper à la vigilance de la police locale.
Il est difficile d entrer en contact avec ces revendeurs pour établir des listes exhaustives.
J' ai aussi effectué des relevés sur les marchés angolais dans la région de Huambo il y a quelques années afin d'établir des inventaires, de repérer les contrefaçons et de sensibiliser les revendeurs aux risques des produits qu ils vendaient.
L'avantage, même si le terme est inadéquat, de ces revendeurs par terre était leur visibilité et donc leur accessibilité, ce qui n'est pas le cas avec les revendeurs à la sauvette des marchés de Guyane.
En Europe, avec l'ouverture des frontière et la libre circulation des personnes, les médicaments non autorisés sur le territoire français suivent les flux migratoires de leurs consommateurs.
Il est ainsi fort intéressant d'entrer en contact avec des populations vivant dans des squats (habitats illégaux) afin de faire des relevés ; on voit ainsi que les bulgares circulent avec des médicaments bulgares, les roumains avec des médicaments roumains, ...etc, parmi ces médicaments, il faut ensuite pouvoir identifier ceux qui sont des contrefaçons dans le pays d origine.
Ainsi, même avec un système sous monopole comme cela est le cas en France, la disparition totale des marchés parallèle de médicament est utopique. Mais un niveau économique et de prise en charge social performant permet de limiter les dégâts.
Comme vous je pense que le niveau économique et éducatif des personnes est la clefs de la lutte contre l utilisation des médicaments contrefaits ou illégaux, dans le souhait de préserver nos concitoyens d accidents.
Une chasse répressive directe sur les revendeurs de rue n'est pas bonne ; le marché va se déplacer vers d'autres lieux que la rue donc moins visibles et moins faciles à contrôler.
L'utilisation des médias, radios et télévision et l'éducation par l'école qui permet ensuite de faire remonter l'information des enfants vers les parents sont des outils essentiels dans cette lutte.
S'il n est par ailleurs pas proposé d'activité lucrative de substitution aux revendeurs de rue, il est à craindre aussi qu'ils ne se tournent vers d'autres produits plus lucratifs, et dont l'approvisionnement suit les mêmes circuits. Pour un bon chimiste, il ast aussi facile de fabriquer de l’héroïne de la cocaine ou des amphétamines qu'un faux paracétamol.
Pour en savoir plus sur ces circuits vous pouvez consulter les travaux de Michel Koutouzis
Une pensée chaleureuse à nos amis centrafricains qui traversent une période difficile, en particulier pour les PVVS qui se retrouvent en rupture d'accès aux ARV.
Dr Sylvie Chiron
Pharmacien / Activiste contre le VIH