[e-med] Médicaments de la rue : Les enfants, premières victimes (Burkina-Faso)

Médicaments de la rue : Les enfants, premières victimes
http://www.lefaso.net/article.php3?id_article=22063&id_rubrique=4
jeudi 12 juillet 2007.

« Les médicaments de la rue, ça tue », ne cesse-t-on de répéter. Depuis cinq
ans, l’ordre national des pharmaciens du Burkina, le syndicat national des
pharmaciens du Burkina, la centrale d’achat des médicaments génériques
s’activent pour combattre la vente des médicaments illicites.

Le 05 juillet 2007, ils étaient à Ouahigouya dans le cadre d’une journée de
sensibilisation à ce fléau, auquel sont sutout exposés les enfants.

‘’Gros bébé’’, ‘’la vieille mère joue ballon’’, ‘’super appétit’’, ‘’4 coups
sur place’’ ; les qualificatifs ne manquent pas pour qualifier ces
médicaments illicitement vendus, véritables menaces pour la santé publique.
Les conséquences de la consommation des médicaments de la rue sur la santé
des populations sont indénombrables : résistances aux antibiotiques et aux
antipaludiques, intoxications, destruction du foie, du cœur et des reins. La
circulation de ces produits et celle des amphétamines et autres drogues vont
de pair.

Plus grave, les enfants utilisés le plus souvent pour la vente de ces
médicaments obscurs en sont les premières victimes. C’est pourquoi à
Ouahigouya, la journée de sensibilisation a été placée sous le thème «
Médicaments de la rue et protection des enfants ». Selon l’Organisation
mondiale de la santé (OMS), le marché des médicaments illicites dans
certains pays représente 60% des volumes des produits pharmaceutiques
vendus.

« Pour être commercialisé au Burkina, le médicament doit obtenir une
autorisation de mise sur le marché (AMM) délivrée par l’autorité compétente,
qui est le ministère de la Santé », a déclaré le ministre d’Etat, ministre
de la Santé, Alain Yoda.

Le code de la santé publique, en son article 183, fait « interdiction à
toute personne, même munie du diplôme de pharmacien, d’entretenir tout
débit, étalage ou distribution de médicaments sur la voie publique, dans les
foires ou marchés ». Malgré la prise de ces dispositions, le fléau a
toujours la peau dure.

Au moment où on attirait l’attention du public à la place de la nation de
Ouahigouya sur les maux que suscitent ces produits hors normes, certains
marchands les vendaient à quelques pas du lieu de sensibilisation en plein
cœur du grand marché de la ville sans se soucier de rien.

« Je voudrais rappeler que la répression n’est pas une prérogative du
pharmacien, mais de la puissance publique qui est l’Etat », a relevé la
présidente de l’Ordre national des pharmaciens du Burkina, Victoire Bénao.
Le choix du ministre comme parrain de la cérémonie est loin d’être un fait
du hasard.

« C’est l’occasion pour nous d’attirer l’attention des autorités sur
l’exploitation des enfants, et de souhaiter des prises de mesures énergiques
de répression de ce trafic qui, à terme, décimera la jeunesse, avenir de la
nation ; vous comprendrez alors, monsieur le ministre de la Justice,
pourquoi nous vous avons demandé d’être le parrain de cette journée », a
relevé la patronne de l’Ordre national des pharmaciens.

Le ministre de la Justice a effectivement invité sur- le- champ l’ensemble
des procureurs du Faso à veiller à la stricte application de la circulaire
n°05-134/MJ/SG/DACPS du 25 mai 2005, relative aux conditions d’exercice de
la profession de pharmaciens au Burkina. "Il nous faut renforcer la
répression policière et judiciaire contre les trafiquants tout en renforçant
les capacités des autorités de réglementation pharmaceutique", a -t-il
proposé.

Pour Alain Yoda, l’engagement de son ministère s’est traduit par la création
du plan national de développement sanitaire (PNDS), où il est défini un axe
stratégique qui est vise à améliorer la disponibilité des médicaments
essentiels de qualité et leur accessibilité.

C’est ce qui explique la mise en place de dépôts MEG dans la plupart des
formations sanitaires. « La lutte contre le marché illicite de médicaments
exige une prise de conscience de tous les acteurs et un engagement politique
affirmé », a conclu le patron de la santé.

Notons que cette offensive contre les médicaments de la rue à Ouahigouya a
été marquée par l’incinération d’une importante quantité de produits nocifs
au sortir de la ville.

Emery Albert Ouédraogo

L’Observateur Paalga

Chers emediens,
   
  Je suis un peu gêné de pouvoir aborder le sujet sur la vente illicite des médicaments ou sur les médicaments de la rue.
  En effet, après 8 forums pharmaceutiques, et plusieurs rencontres et débats sur ce forum sur la vente illicite des médicaments, nous avons l'impression que les progrès enregistrés ne sont pas documentés ou alors ces progrès n'existent pas du tout (J'espère que la deuxième assertion n'est pas vrai).
  Par ailleurs, l'autorité de régulation des médicaments dans nos pays est dirigée par les pharmaciens. Pourrions-nous nous demander quelles mesures concrètes ont été prises pour que ce fléau soit maîtrisé? J'ai été scandalisé de me rendre compte qu'au grand marché de Yaoundé les médicaments sont vendus sous le soleil avec la bénédiction des autorités administratives et sanitaires! Faudra-t-il continuer à distribuer des Galien d'honneur sans que nous puissions mesurer l'impact de nos actions sur la vente des médicaments dans la rue? Faudra-t-il célébrer la journée de lutte contre la vente illicite des médicaments sans que les progrès palpables ne soient enregistrés?
  Chers confrères, ne pensez-vous pas qu'il faille refléchir sur les stratégies de lutte au niveau de chaque sous-région et de chaque pays pour que cessent les beaux discours?
Pouvons nous nous y pencher un peu?
  
Gabriel Bukasa Kaleka
  B.Pharm.,MPH
   +243(0)999301015
  +243(0)999005024

Gabriel Bukasa Kaleka,

Voici l'intervention que j'attendais c'est dire si cela faisait longtemps
que je n'avais lu un message si réaliste et sein.
Je vous rejoins parfaitement dans tout ce que vous proposez et ce forum
n'est-il pas la meilleure caisse de résonance que nous ayons.
Votre proposition doit être entendue par tous les pharmaciens:
- quels sont les moyens qu'ils mettent en œuvre pour inciter les autorités à
plus de vigilance et d'information sur les ventes illicites de médicaments
les marchés et dans les rues
- quelles stratégies ont-ils déjà mise en œuvre dans la région et sous
-région
- quelles sont les moyens nécessaires en termes bugdétaires et humains.
- qui pourrait se charger de créer de la mise en place de "points contact"
dans chaque région avec lancement d'une conférence annuelle d'échanges de
bonnes pratiques et amélioration tangibles constatées sur le terrain.
Les beaux discours comme vous le précisez ne sont plus suffisants pour
endiguer cette mort programmée d'enfants et d'adultes, il convient d'agir de
manière pragmatique et collégiale.
Bien à tous

José Manuel BOUDEY
Expert Sectoriel Biotechnologie et Industrie Pharmaceutique
MobileTunisie + (216 )21 43 26 62
Mobile +33 (0) 6 84 528 550
Fixe +33 (0) 5 40 91 07 28
jose.boudey@libertysurf.fr

Chers confères et chers e-médiens

Le 8ème Forum internationnal pharmaceutique de Lomé
(TOGO) en Juin dernier a encore formulé des
recommandations dans le cadre de la lutte contre le
marché illicite des médicaments, adressées non seulement
aux professionnels de santé en général et de la Pharmacie
en particulier, mais surtout aux autorités politiques et
administratives de nos pays, de même qu'aux partenaires
qui interviennent pour le financement de certains
programmes prioritaires (VIH/SIDA, TB, Malaria). Car il
faut le reconnaître, la lutte contre le marché parallèle
des médicaments en Afrique, pour être efficace, déborde
largement la compétence des seuls professionnels de la
Pharmacie, qu'ils soient autorités de régulation ou non.
Il s'agit à mon avis d'un problème hautement politique
pour ne pas dire juridique. En effet, depuis plus de 15
ans, aucun rassemblement des professionnels de la
Pharmacie n'a manqué d'aborder ce fléau et énoncé des
stratégies de lutte, mais à ce jour, non seulement le
problème demeure, mais on a même l'impression qu'il se
renforce et s'étend d'année en année. Pourquoi? Parce que
ceux qui peuvent interdire la circulation de ces
médicaments et leurs manipulations par des mains non
expertes (nos autorités politiques), n'ont pas
suffisamment perçu ce problème comme étant un problème de
santé publique préoccupant. Pourquoi ne rencontre-t-on
pas des cabinets d'avocats ou d'experts-comptables
pirates çà et là? Les professionnels de ces corps de
métiers sont-ils plus conscients, plus organisés ou plus
"puissants" que nous autres Pharmaciens? Non, je ne le
crois pas. Seulement là, la Loi portant réglementation de
ces professions est appliqué de manière stricte, ce qui
n'est pas le cas de la profession pharmaceutique hélàs!!
Ne dit-on pas que c'est de la peur du Gendarme que
commence la Sagesse? Alors si on cessait un peu de
vouloir toujours sensibiliser (et qui même?) pour
appliquer strictement le Code de la santé publique, au
besoin par une forte répression des contrevenants, on
verrait bien que ce fléau disparaîtrait en un temps
record.

Bérenger B. KIEMA
Ancien DPM, Burkina Faso
E-mail: kbasga@yahoo.fr

Cher Berenger,
   
  Sans préjudice à tes propos, j'ai comme l'impression que les recommandations commencent à remplir nos tiroirs et je suis entrain de me demander où l'on va arriver si nous devons nous arrêter à formuler des recommandations aux politiques.
  A mon humble avis, il est plus important qu'au cours d'un forum chaque pays puisse identifier les problèmes liés à la vente illicite des médicaments, les prioritiser, envisager les stratégies et activités à mener. Un plan opérationnel ainsi commencé au cours d'un forum ou d'un atelier sous régional pourra être finalisé au niveau national et présenté aux politiques par une équipe dirigée par la direction de la pharmacie, l'ordre et le syndicat des pharmaciens. L'implication des politiques ne peut se faire que grâce à une action dirigée par la direction de la pharmacie avec l'implication d'autres acteurs ayant un lien avec ce domaine comme la ligue des consommateurs ou autres.
  A moins que je pense de travers, je ne suis pas partisan de trop de discours. Nos populations ont besoin des oeuvres.
  Je m'en vais pour illustration la dernière campagne de lutte contre la vente illicite des médicaments: en RDC, nous n'avons assisté qu'à une cérémonie de remise de Gallien d'honneur aux personnalités qui, paraît-il, se sont distingués dans la lutte contre la vente illicite des médicaments. Sommes-nous conscients que ces cérémonies ne produisent aucun effet dans la population? Sommes-nous conscients qu'après une telle manifestation la situation reste la même?
  N'est-il pas possible de constituer dans chaque pays ou ville des comité de lutte contre la vente illicite des médicaments?
  Chers PHARMACIENS, vous êtes les seuls à mettre en place une petite planification à présenter aux politiques pour obtenir des résultats concrets en rapport avec les recommandations formulées par les différents forums auxquels vous avez pris part active.
  Puissions-nous en prendre conscience.
  
Gabriel Bukasa Kaleka
  B.Pharm.,MPH
  
  +243(0)999301015
  +243(0)999005024
g_bukasa@yahoo.com

Chers tous
Je ne me tromperai pas en disant qu'après avoir exprimer notre ras le bol
des discours, déclarations et recommandations sans suite sur le marché
illicite des médicaments, nous en ferons autant bientôt pour nos mails sur
le même sujet. Ce que nous écrivons aujourd'hui a déjà été dit hier, peut
être aussi le jour avant. Jusqu'à présent quelles sont les chances de
réduction du phénomène? Quasiment rien! Cela n'est pas prêt à changer quand
tu considères l'attitude des deux acteurs clés capables d'inverser la
tendance: le politique et les professionnels.
Pour le cas par exemple du Burkina, le politique trouve qu'il a déjà joué
son rôle. Dans l'article de l'Observateur Paalga repris dans e-med qui
ressuscité ce débat, le ministre de la santé estime que "l’engagement de son
ministère s’est traduit par la création du plan national de développement
sanitaire (PNDS), où il est défini un axe stratégique qui vise à améliorer
la disponibilité des médicaments essentiels de qualité et leur
accessibilité". Que peut-on encore attendre de lui? Il a la conscience
tranquille de quelqu'un qui a joué correctement son rôle. L'interpellation
de la présidente de l'Ordre des pharmaciens ne le touche, ni aussi son
collègue de la justice. « C’est l’occasion pour nous d’attirer l’attention
des autorités sur l’exploitation des enfants, et de souhaiter des prises de
mesures énergiques de répression de ce trafic qui, à terme, décimera la
jeunesse, avenir de la nation ; vous comprendrez alors, monsieur le ministre
de la Justice, pourquoi nous vous avons demandé d’être le parrain de cette
journée », avait dit la présidente de l'Ordre. Le ministre de la justice en
réaction a juste "invité sur- le- champ l’ensemble des procureurs du Faso à
veiller à la stricte application de la circulaire n°05-134/MJ/SG/DACPS du 25
mai 2005, relative aux conditions d’exercice de la profession de pharmaciens
au Burkina". Et la messe est dite. Rien à attendre de ce coté non plus.
Peut-être alors du coté des professionnels qui ont mené jusqu'à présent des
campagnes de sensibilisation avec peu de portée. Malheureusement, ils ne
peuvent pas faire plus que cela, parce que selon la présidente de l'Ordre:
"..la répression n’est pas une prérogative du pharmacien, mais de la
puissance publique qui est l’Etat ». Voilà, les pharmaciens veulent réprimer
mais ne peuvent pas, les autorités peuvent réprimer mais ne veulent pas. Ne
nous leurrons pas tant, tant que cet équilibre maléfique ne sera pas brisé
aucune avancée ne sera enregistrée sur le phénomène des médicaments
illicites.
Comment briser cet équilibre maléfique me demanderez vous? "Même si le
pharmacien n'a pas la prérogative de la répression, il a au moins la
prérogative de la pression pour exiger la répression" vous dirais-je.
Autrement dit, les pharmaciens et tous les professionnels de santé doivent
mener des activités de pression dans tous les pays concernés, de manière
unitaire sur les autorités publiques, afin qu'elles jouent leurs rôles. Il
faut savoir limiter les activités "Baume magique" telles que cérémonies
officielles présidées par le ministère de la justice, sous la présidence du
ministère de la santé, parrainée par la première Dame et sous le haut
patronage du Président de la République chef du gouvernement et des armées.
Quelqu'un se posait la question à savoir pourquoi des activités illicites de
ce genre ne se rencontre pas dans certaines professions comme les avocats.
Ce n'est pas parce qu'ils sont plus organisés, c'est parce qu'ils sont plus
décisifs et plus hardis pour la défense de leur profession.
Les autorités peuvent arrêter le marché illicite des médicaments, elles
savent comment faire exactement pour cela. Un fait me conforte dans ma
position. Au Burkina, à l'approche d'une campagne présidentielle, des
cachets d'antalgiques emballés dans de petites pochettes sont apparus dans
les rues des villes et campagnes illustrées des photos du président et la
première dame. L'autorité a laissé progresser le phénomène jusqu'à ce que
la presse sonne l'alarme. Il a été révélé que certains politiciens
distribuaient ces médicaments illicites, qui avaient un puissant pouvoir
sédatif, en disant aux populations que c'est le président du Faso qui l'a
fait fabriquer pour soulager leur souffrance. Vu la tournure que prenait
l'évènement, sans grands tapages, l'autorité a fait disparaître ces cachets,
que l'on a jamais plus aperçu au Burkina. Seulement, l'action a sans doute
été sélective puisse que les autres produits ont continué à circuler de plus
belle.

Il y a un proverbe de chez nous qui dit: "Si tu prends une mine de chèvre
sois sûr que l'hygiène te poursuivra et te dévorera". Je veux que tous les
professionnels de santé comprennent qu'ils doivent assumer leur
responsabilité de défense de leur profession.

Simon KABORE
Coordonnateur du Réseau Accès aux Médicaments Essentiels (RAME)
Tel/fax: (226) 50 34 55 32
GSM: (226) 70 24 44 55
E-mail alternatif: simonkabore@gmail.com
04 BP: 2520 Ouagadougou 04
Burkina Faso
Skype: kaboresimon