[e-med] Dakar : le paludisme tue plus que le Sida

E-MED: Dakar : le paludisme tue plus que le Sida
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Maladies hivernales-Le paludisme revient en force

Sud Quotidien (Dakar)
29 Ao�t 2001
Publi� sur le web le 29 Ao�t 2001

Isma�la Sarre
Dakar

L'hivernage s'est install� depuis quelques semaines � Dakar et dans les
r�gions avec son lot de maladies. Les centres hospitaliers de la capitale
sont envahis par des patients venus d'horizons divers, victimes de maladies
hivernales qui ont pour nom: grippe, paludisme, diarrh�e, entre autres. "Le
paludisme repr�sente 35% des motifs de consultation au S�n�gal surtout en
cette p�riode hivernale" fait remarquer un sp�cialiste des grandes end�mies.

Ils sont nombreux les patients qui prennent d'assaut les h�pitaux pour des
consultations li�es aux maladies hivernales. En cette fin de mois d'ao�t
2001, le centre hospitalier universitaire (Chu) de Fann d'habitude calme, du
fait de la forte canicule qui s�vit depuis quelques jours et des grandes
vacances scolaires et universitaires, est envahi par des patients venus de
tous les horizons et pour des motifs de consultations divers. "Je viens des
parcelles assainies pour faire consulter mon fils qui souffre depuis hier
(Ndlr: lundi) de terribles maux de t�te" confie une vieille dame assise �
l'entr�e principale de l'h�pital de Fann. Sous l'ombre d'un arbre pour
�viter le soleil de midi de ce mardi 28 ao�t 2001, elle tenait tant bien
que mal son gar�on �g� d'environ de dix ans et qui semblait dans les bras de
Morph�e. Elle souligne que le centre de Nabil Choucair �tait plus proche de
son domicile, mais du fait de l'�troitesse de cette structure sanitaire,
coupl�e � la forte affluence de malades qu'il conna�t en cette p�riode,
"j'ai pr�f�r� me rabattre sur l'h�pital Fann o� il y a de grands m�decins".

A la question de savoir de quoi souffre le gar�on, elle a donn� son
diagnostic: "Non seulement mon fils a de terribles maux de t�te mais il a le
corps chaud et une forte fi�vre qui fait que dans son d�lire il dit qu'il a
froid et qu'il veut qu'on le couvre". C'est pourquoi la dame sans chercher
ailleurs d�cr�te que son gar�on a le paludisme. Elle lance � notre endroit
comme quelqu'un qui s'agrippe � une bou�e de sauvetage: "Aidez moi � sauver
l'unique gar�on qui me reste" . Au niveau de la salle d'accueil, c'est le
calvaire. L'�troitesse de la salle ajout�e � la chaleur constituent l'un des
premiers obstacles pour le patient qui vient se faire consulter. "Nous
attendons depuis des heures mais difficile d'avoir acc�s aux structures
sanitaires qui doivent nous prendre en charge" confie L. G, un fr�le jeune
homme qui a du mal � se tenir debout. "J'ai des maux de ventre et des
diarrh�es chroniques" a-t-il avant de pr�ciser pour se donner bonne
conscience qu'il est victime certainement d'une intoxication alimentaire.
Pour cet autre patient habitant Golf, quartier situ� entre les parcelles
assainies et Gu�diawaye, le paludisme constitue la maladie la plus r�pandue
en cette p�riode hivernale. En effet, m'explique-t-il, "nous habitons juste
au dessus du grand terrain o� est nich� le Technopole, mais nous souffrons
des moustiques qui pullulent dans cette zone, surtout avec les eaux
stagnantes qui y sont toute l'ann�e". Selon lui, les populations qui n'ont
pas les moyens de se prot�ger contre la piq�re des moustiques, risquent de
payer un lourd tribu avec la recrudescence de cette maladie qui tue plus que
le Sida. Il r�v�le par ailleurs qu'il n'est pas rare de voir des vacanciers
ou des �trangers de s�jour au S�n�gal, tomber malades d�s leur arriv�e �
Dakar. Et de donner l'exemple de cet �migr� en vacances au pays et qui a
failli ne pas retourner en France parce qu'il avait attrap� le neuro-palu
(variante grave du paludisme). En effet selon les statistiques de
l'Organisation mondiale de la Sant� (Oms), "le paludisme fait des millions d
e morts dans le monde dont plus de la moiti� des victimes se retrouvent dans
le continent noir".

"Le paludisme continue encore de faire des ravages" confie sous le sceau de
l'anonymat un m�decin en activit� au service des maladies infectieuses. Il
reconna�t que "des efforts ont �t� faits pour �radiquer, sinon att�nuer
l'impact de ce fl�au sur les populations . Seulement, malgr� les efforts des
autorit�s et des bailleurs de fonds, le paludisme est encore loin d'�tre
vaincu". Il ajoute d'ailleurs que c'est dans le cadre de la croisade contre
le paludisme que le S�n�gal va se doter d'un centre de lutte contre le
paludisme qui sera rattach� � l'Universit� Cheikh Anta Diop de Dakar (Ucad)
et qui va abriter des travaux de recherche conjoints entre sp�cialistes
s�n�galais et isra�liens. Il rappelle � cet effet que , Isra�l, r�put�e dans
la recherche m�dicale est parvenue � enrayer le Paludisme qui s�vissait dans
les terres mar�cageuses depuis les ann�es 50.

Un sp�cialiste des grandes end�mies fait remarquer que le paludisme qui
continue de faire des ravages, tue plus que le Sida.
Aussi, il se demande "pourquoi le S�n�gal et les bailleurs de fonds
continuent-ils de subventionner � coups de milliards la lutte contre le Sida
o� le taux de pr�valence, l'un des plus bas du monde est de 1,4% alors que
le paludisme continue de tuer en ce d�but de troisi�me mill�naire". C'est
pourquoi il estime que le la lutte contre le paludisme est un d�fi majeur au
m�me titre que le Sida et que pour cela, elle m�rite autant, sinon beaucoup
plus d'attention de la part de nos autorit�s et surtout des bailleurs.

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