COMMUNIQUE OMS AFRO
DÉCLARATION DE OUAGADOUGOU SUR LES SOINS DE SANTÉ PRIMAIRES ET LES SYSTÈMES
DE SANTÉ EN AFRIQUE: RÉALISER DE MEILLEURS RÉSULTATS POUR LA SANTE EN
AFRIQUE AU COURS DU NOUVEAU MILLÉNAIRE
http://www.afro.who.int/french/index.html
La Conférence internationale sur les Soins de Santé primaires et les
Systèmes de Santé en Afrique, réunie du 28 au 30 avril 2008 à Ouagadougou
(Burkina Faso), réaffirme les principes de la Déclaration d’Alma - Ata de
septembre 1978 ; en particulier pour ce qui est de la santé en tant que
droit humain fondamental et de la responsabilité incombant aux gouvernements
de veiller à la santé de leurs populations. Après avoir analysé les
expériences des pays africains dans la mise en œuvre des SSP au cours des 30
dernières années, la Conférence exprime la nécessité pour les gouvernements,
les partenaires et les communautés d’accélérer les mesures visant à
améliorer la santé. La Conférence réaffirme également la pertinence de
l’implication, de la participation et de l’autonomisation des communautés
dans l’optique du développement sanitaire en vue d’améliorer leur bien-être
; reconnaît l’importance des partenariats fondés sur la concertation, en
particulier avec la société civile, le secteur privé et les partenaires au
développement afin de traduire les engagements en actions.
Déclare ce qui suit :
I
L’existence de solides interrelations entre les déterminants sociaux de la
santé, tels que le développement économique, la gouvernance, l’éducation, le
genre, la sécurité alimentaire et la nutrition, l’environnement, la paix et
la sécurité, souligne la nécessité de s’attaquer aux déterminants de la
santé en Afrique, en particulier dans les milieux pauvres en ressources où
les inégalités en matière de santé et les problèmes d’accès des populations
aux soins de santé sont plus graves.
II
Des progrès ont été accomplis par les pays depuis Alma-Ata, notamment pour
ce qui est de l’éradication de la variole, de la lutte contre la rougeole ;
des résultats encourageants ont été obtenus dans l’éradication de la
poliomyélite et du ver de Guinée, ainsi que dans l’élimination de la lèpre
et de la cécité des rivières, en dépit de nombreux obstacles à la
réalisation de l’objectif de la Santé Pour Tous, dont les catastrophes
naturelles et celles causées par l’homme, les crises économiques et
financières et l’émergence du VIH/sida au début des années 80. Toutefois, il
est nécessaire d’accélérer les progrès dans un certain nombre de pays
africains afin de réaliser les objectifs sanitaires convenus sur le plan
international, y compris les Objectifs du Millénaire pour le Développement,
d’ici 2015. La stratégie SSP est de nature à accélérer la réalisation des
Objectifs du Millénaire pour le Développement.
III
La Conférence se félicite de l’engagement des Chefs d’Etat et de
Gouvernement africains à créer un environnement favorable, notamment par
l’augmentation des ressources allouées au secteur de la santé pour en porter
le niveau à au moins 15 % du budget national, ainsi que des engagements pris
aux termes de la Déclaration de Paris de 2005 sur l’efficacité de l’aide,
l’appropriation, l’harmonisation, l’alignement, les résultats et la
responsabilité mutuelle. Toutefois, la Conférence exprime sa préoccupation
au sujet de l’écart 10/90 ayant trait au fait qu’une proportion de 10 %
seulement des ressources consacrées à la recherchedéveloppement en santé à
l’échelle mondiale est utilisée pour s’attaquer aux problèmes de santé
affectant 90 % de la population mondiale. La Conférence exprime également sa
préoccupation au sujet des termes de l’échange peu favorables qui ont un
impact négatif sur la santé et le développement en Afrique.
IV
La Conférence est encouragée par les importants succès remportés dans le
domaine de la santé ; l’engagement politique renouvelé à la faveur de
l’adoption de la stratégie de la santé de l’Union Africaine 2007 – 2015;
l’environnement actuel favorable au développement sanitaire, du fait du
retour de la paix, de l’amélioration de la sécurité et de la croissance
économique enregistrée dans certains pays ; et l’implication accrue des
Communautés économiques régionales dans le domaine de la santé. Elle est
également encouragée par les nouvelles possibilités offertes en matière de
financement international de la santé et par l’initiative du Secrétaire
général des Nations Unies concernant les Objectifs du Millénaire pour le
Développement en Afrique.
V
La Conférence demande instamment aux États Membres de:
1. Actualiser leurs politiques et plans nationaux de santé, conformément à
la stratégie des Soins de Santé primaires, en vue de renforcer les systèmes
de santé pour l’atteinte des Objectifs du Millénaire pour le Développement.
En particulier pour ce qui est des maladies transmissibles, y compris le
VIH/SIDA, la tuberculose et le paludisme ; la santé infantile ; la santé
maternelle ; des traumatismes et l’émergence des maladies chroniques ;
2. Utiliser les interventions de santé prioritaires comme point d’entrée de
la revitalisation des services de santé, sur la base de la stratégie des
Soins de Santé primaires, y compris les systèmes d’orientation/recours ; et
des mécanismes de préparation et réponse aux situations d’urgence ;
accélérer le processus de décentralisation qui repose sur les systèmes de
santé de district, par l’amélioration de l’accès, de l’équité et de la
qualité des services de santé, en réponse aux besoins sanitaires des
populations;
3. Promouvoir la collaboration intersectorielle et les partenariats public
privé, y compris avec la société civile et les communautés, afin d’améliorer
l’utilisation des services de santé et de mieux promouvoir les déterminants
économiques, sociaux, démographiques, nutritionnels, culturels et
environnementaux de la santé, y compris le changement climatique;
4. Mettre en œuvre des stratégies permettant de répondre aux besoins en
ressources humaines pour la santé et visant à améliorer la planification, à
renforcer les capacités des institutions de formation en santé, et à
promouvoir la gestion, la motivation et la fidélisation de ces ressources
pour accroître la couverture et la qualité des soins de santé;
5. Mettre en place des mécanismes viables pour rendre plus disponibles, plus
abordables et plus accessibles les médicaments essentiels, les produits, les
fournitures, les technologies appropriées et les infrastructures, par
l’allocation de ressources suffisantes, le transfert de technologies, la
coopération sud-sud et l’utilisation d’approches sous directives
communautaires et de remèdes issus de la médecine traditionnelle africaine;
6. Renforcer les systèmes d’information et de surveillance, et promouvoir la
recherche opérationnelle sur les systèmes de santé en vue de guider la prise
de décisions;
7. Élaborer et mettre en œuvre des politiques et plans stratégiques de
financement de la santé qui soient intégrés dans le cadre général de
développement national et qui permettent de protéger les groupes démunis et
vulnérables, en particulier les femmes et les enfants, tout en veillant à ce
que le système d’allocation des ressources, à chaque niveau des soins de
santé, soit équitable et viable ; maintenir un équilibre approprié entre
soins promotionnels, préventifs, curatifs et ré adaptatifs; concevoir et
mettre en place des régimes d’assurance maladie pour éviter des dépenses de
santé énormes ; garantir la solidarité et la sécurité sociale ; mettre en
œuvre la Déclaration d’Abuja en portant effectivement à au moins 15 % la
part du budget national allouée à la santé; consacrer au moins 2 % du budget
du secteur de la santé au renforcement du système national de recherche en
santé et créer des centres d’excellence en Afrique;
8. Promouvoir au plan sanitaire la conscience des populations, notamment des
adolescents et des jeunes, renforcer les capacités des communautés à changer
de comportements et adopter des modes de vie plus sains ; à prendre en main
leurs propres soins et participer davantage aux activités liées à la santé ;
à créer un environnement permettant de doter les communautés de moyens afin
qu’elles participent à la gouvernance des services de santé, conformément à
l’approche des Soins de Santé primaires.
VI
Les communautés, y compris la société civile, doivent chercher à obtenir la
reconnaissance de leur rôle dans la gouvernance des services de santé, en
particulier pour ce qui est des interventions de santé publique et autres
interventions à assise communautaire liées à la santé, et explorer avec les
gouvernements la possibilité de conduire de campagnes de sensibilisation
auprès de la diaspora africaine, afin de faciliter la participation
effective de celle-ci aux activités de développement.
VII
L’Union Africaine et les Communautés économiques régionales doivent
maintenir le leadership politique, renforcer le plaidoyer, la mobilisation
des ressources, le financement du secteur de la santé et continuer à
explorer les possibilités de coopération sud-sud au sein de la Région.
VIII
La communauté internationale doit:
1. Fournir aux pays un appui technique et financier coordonné et cohérent à
long terme dans leurs efforts pour élaborer et mettre en œuvre des
politiques de santé et des plans nationaux de développement sanitaire, en
prenant en compte les objectifs sanitaires convenus sur le plan
international, y compris les Objectifs du Millénaire pour le Développement,
et fournir aux États Membres un appui pour leur permettre de traduire en
actions concrètes les recommandations de la présente Conférence ;
2. Accroître les investissements dans les systèmes nationaux de santé, avec
un accent particulier sur la production des personnels de santé, en veillant
à ce que les pays donateurs honorent leur engagement d’allouer 0,7 % de leur
produit intérieur brut à l’aide publique au développement ; réaffirmer
l’engagement à mettre en œuvre les principes de la Déclaration de Paris de
2005 et appuyer les mécanismes connexes existants tels que le Partenariat
mondial pour la Santé et l’Harmonisation pour la Santé en Afrique.
IX
L’OMS, en consultation avec les autres institutions des Nations Unies et les
Etats Membres, doit mettre sur pied un observatoire régional de la santé et
d’autres mécanismes de suivi de la mise en œuvre de la présente Déclaration
et de partage des meilleures pratiques.
X
Les institutions des Nations Unies, l’ONUSIDA, l’UNFPA, l’UNICEF et l’OMS,
les institutions financières internationales, en particulier la Banque
mondiale et la Banque africaine de Développement, et les autres partenaires
internationaux intervenant en faveur du secteur de la santé doivent fournir
un appui pour faciliter la mise en œuvre de la présente Déclaration, en
fonction de leurs avantages comparatifs respectifs.
Fait à Ouagadougou, le 30 avril 2008.
La Conférence