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L’Afrique accueille une conférence historique sur les Soins de Santé
Primaires pour renouveler son engagement à l’objectif de la Santé pour
Tous
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conference-historique-sur-les-soins-de-sante-primaires-pour-renouveler-son
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Brazzaville, 22 avril 2008 – Trente ans après l’émergence du slogan «
Santé pour Tous », le Bureau régional de l’Organisation mondiale de la
Santé pour l’Afrique, en collaboration avec les partenaires du
développement et le Gouvernement du Burkina Faso, organise une grande
conférence à Ouagadougou du 28 au 30 avril 2008, afin de renouveler son
engagement aux soins de santé primaires comme moyen de parvenir à de
meilleurs résultats dans le domaine de la santé en faveur des populations
africaines.

Cette conférence de trois jours, qui coïncide avec le 30ème Anniversaire
de la Déclaration d’Alma Ata sur les Soins de Santé primaires (SSP) et le
60ème Anniversaire de l’OMS, se propose de revitaliser le développement
des soins de santé primaires et des systèmes de santé dans la Région
africaine afin d’atteindre les Objectifs du Millénaire pour le
Développement (OMD).

«La santé n’est pas un cadeau ou une denrée à répartir en fonction du
pouvoir d’achat. La santé des populations ne devrait pas être tributaire
de la richesse du pays. L’accès à des soins de qualité, à un coût
abordable, est un droit humain, une simple question d’équité», a déclaré
le Directeur régional de l’OMS pour l’Afrique, le Dr Luis Sambo. «La
pauvreté n’est pas l’unique problème majeur», a-t-il poursuivi.
«L’incapacité des populations à accéder à des soins de qualité, à un prix
abordable, constitue une injustice flagrante… et il n y’a pas de meilleure
stratégie que les soins de santé primaires pour combattre cette injustice
dans le secteur de la santé».

Plus de 500 participants d’Afrique et d’ailleurs sont attendus à cette
conférence qui sera ouverte par le Chef d’État du Burkina Faso, le
Président Blaise Compaore.

Parmi les participants, l’on compte des Ministres de la Santé, des
responsables politiques, des décideurs et des gestionnaires des services
de santé ; des chercheurs, des universitaires et des sociologues et
anthropologues ; des représentants des institutions de formation et des
ministères intervenant dans le domaine de la santé (par exemple, les
Ministères de l’Éducation et des Finances) ; et des représentants des
organisations internationales, de la société civile, des organisations des
jeunes et des femmes, ainsi que du secteur privé, entre autres.

La Conférence tiendra des séances plénières et des sessions parallèles
pour débattre d’une variété de sujets, y compris les ressources humaines
pour la santé ; le financement de la santé et les médicaments et
technologies essentiels ; la gouvernance, la décentralisation, la gestion
et la prestation de services de santé essentiels de qualité ; les
partenariats public-privé pour la gestion de la santé, et la collaboration
multisectorielle dans le domaine du développement sanitaire.

Un document de travail, préparé par l’OMS et qui sera débattu pendant la
conférence, révèle qu’au cours des trois décennies écoulées depuis Alma
Ata, plusieurs pays de la Région africaine ont adopté les SSP et instauré
des mesures pour renforcer leurs systèmes de santé. Parmi ces mesures,
l’on pourrait citer la décentralisation et la mise en place de districts
de santé ; la formation du personnel à la gestion des SSP ; la création de
comités de promotion du bien-être social et l’intégration de programmes
tels que la vaccination, la lutte contre les maladies diarrhéiques, et les
médicaments essentiels dans le cadre des SSP. La plupart des pays ont
élaboré des politiques de santé et des plans stratégiques dont l’objectif
central est de faire des SSP la principale stratégie pour améliorer la
santé et garantir la fourniture universelle d’un paquet de services
essentiels en vue de l’atteinte des OMD.

Progrès réalisés dans la mise en œuvre des SSP

Le document poursuit en affirmant que «la décentralisation dans le secteur
de la santé a contribué à l’augmentation du nombre d’établissements de
santé mieux adaptés aux besoins et plus équitablement répartis, comme on a
pu le constater en Ouganda et dans les anciens «bantoustans» d’Afrique du
Sud. Les efforts déployés pour construire des infrastructures de
prestation des services de santé essentiels dans les zones rurales ont
contribué à améliorer l’accès géographique à ces services pour un plus
grand nombre de personnes, plus particulièrement dans les zones rurales.
En Ouganda, par exemple, la proportion de la population vivant dans un
rayon de cinq kilomètres d’un établissement de santé est passée de 49% au
début des années 90 à 72% en 2004».

Des progrès remarquables ont également été enregistrés dans des pays comme
la Tanzanie, le Ghana, le Kenya et la Zambie, qui ont pris des décisions
pragmatiques quant à l’établissement de partenariats avec les prestataires
de services de santé privés, y compris les ONG, les organisations
confessionnelles et d’autres fournisseurs de biens et services de santé,
ce qui a permis d’étendre la couverture et d’accroître l’efficacité des
services essentiels. Plusieurs pays ont élaboré des cadres législatifs et
réglementaires pour régir le secteur de la santé et mis en place des
autorités de régulation telles que les ordres des médecins et les ordres
des infirmiers. La disponibilité de l’information pour étayer la prise de
décisions dans la Région s’est accrue, à la faveur de
l’institutionnalisation des systèmes de gestion de l’information sanitaire
dans la plupart des pays. Plusieurs États Membres ont également arrêté des
listes de médicaments essentiels.

Selon le rapport, aujourd’hui bon nombre de pays rédigent des rapports
annuels exhaustifs et de bonne qualité sur le secteur de la santé, et
depuis la fin des années 90, ils ont institué, en matière de développement
sanitaire, des approches sectorielles qui tirent leur essence du
partenariat noué avec les différents acteurs intervenant dans le secteur
de la santé, et notamment avec les secteurs public et privé, et avec les
organismes de financement placés sous l’autorité de l’État. C’est ainsi
que les gouvernements se sont retrouvés de plein pied dans le rôle de
locomotive, permettant dès lors de mobiliser davantage de ressources
conformément aux politiques et priorités nationales, en particulier pour
la mise en œuvre de la stratégie SSP.

Dans certains pays, la participation et l’engagement communautaires ont
été rehaussés par l’intégration des membres de la communauté dans les
comités de gestion des établissements de santé, les commissions et les
comités sectoriels. Ces comités ont généralement reçu mandat de débattre
des questions sectorielles et de développement et peuvent donc allouer des
ressources au sein d’un secteur et entre secteurs. Le recours aux
tradipraticiens et aux accoucheuses traditionnelles qui, dans la plupart
des pays africains, assistent les femmes pendant l’accouchement, est une
forme spécifique de participation communautaire. Quelques pays tels le
Ghana, le Malawi et le Nigeria ont élaboré des lois et des directives pour
la gestion de cette forme d’engagement communautaire.

En guise de résumé des progrès réalisés dans la mise en œuvre des SSP dans
la Région, le rapport stipule que : «L’institution de ces mesures et
d’autres encore a conduit à l’amélioration de l’état de santé des
populations de la Région au cours des trois dernières décennies, bien que
cette évolution ait été plus lente que dans d’autres parties du monde. La
baisse des taux de mortalité des enfants de moins de cinq ans de 188 à 165
pour 1000 naissances vivantes entre 1970 et 2005, et la baisse du taux de
mortalité infantile de 116 en 1980 à 99 en 2005 administrent la preuve
tangible de ces améliorations. Le succès a été particulièrement
retentissant dans la réduction des décès dus à la rougeole, à hauteur de
75% environ entre 1999 et 2005.

Défis à relever

Toutefois, plusieurs défis doivent encore être relevés, car la couverture
des services de santé reste limitée. Selon l’OMS, par exemple, la
couverture des services médicaux dans 12 des 32 pays représentant 54% de
la population de la Région est de 50%. L’équité dans l’accès aux soins
reste également limitée à cause du manque de ressources (mauvais état des
équipements et infrastructures, et pénurie de personnel) et de l’accès
limité aux services de santé pour les personnes vivant dans les zones
inaccessibles ou reculées.

L’autre contrainte est de nature programmatique : bien que la stratégie
des SSP ait privilégié l’approche globale, les services ont continué à
privilégier les soins curatifs. Certains programmes opèrent toujours
verticalement non seulement au niveau national, mais même au niveau de
district. Les membres des équipes de santé ne sont pas suffisamment
motivés pour promouvoir la santé communautaire à cause des conditions de
travail peu satisfaisantes (manque de moyens de transport, peu de points
de prestation de services de proximité, pénurie de médicaments, etc.) et
de la rémunération modique. La communication insuffisante à l’intérieur du
système d’orientation/recours affecte la coordination du service, puisque
beaucoup d’usagers contournent la structure d’orientation/recours, en
partie à cause du manque de personnel et du nombre limité des services
offerts par le premier niveau. Le concept SSP est à l’origine de bien
d’autres défis. L’absence d’une perception commune du concept a été l’une
des principales entraves à sa traduction concrète en politiques et plans
appropriés.

La formulation et la planification peu élaborées et fragmentées des
ressources humaines pour la santé (RHS) et l’étroitesse de l’assiette
fiscale entravent l’augmentation de la production et le recrutement des
agents de santé, ainsi que la mise en œuvre de mesures d’incitation et de
fidélisation de ces agents dans beaucoup de pays. Dans les divers pays,
l’on s’est retrouvé ainsi avec des effectifs insuffisants, mal répartis et
peu motivés, avec en prime la migration des agents de santé hors de la
Région africaine. L’inadéquate répartition des infrastructures sanitaires,
associée aux faiblesses dans leur fonctionnement et au mauvais entretien
dû au manque de ressources pour couvrir les dépenses courantes, sont
autant de barrières importantes qu’il faut surmonter. La demande de
médicaments essentiels et de fournitures médicales est amplifiée, du fait
de la croissance démographique enregistrée dans la plupart des pays de la
Région, à laquelle viennent se greffer tout un éventail de maladies
transmissibles et non transmissibles.

Ce document de travail est le principal document de référence qui va
guider les débats au cours de la présente conférence qui intervient après
une série de trois conférences sur les soins de santé primaires :
Buenos-Aires en août 2007 ; Beijing en novembre 2007 ; et Bangkok en
janvier 2008. Plus tard, au courant de cette année, une quatrième
conférence se tiendra au Kazakhstan, une province de l’ex-Union soviétique
où la Déclaration d’Alma Ata avait été adoptée en 1978.

On s’attend à ce que la Conférence de Ouagadougou sur les Soins de Santé
primaires adopte une Déclaration régionale proche de l’esprit d’Alma Ata,
qui pourrait proposer l’élaboration et la mise en œuvre de politiques et
de stratégies publiques aussi bien au niveau régional qu’au niveau
national, afin de continuer à améliorer la santé des populations dans la
Région africaine.