DEMARRAGE OFFICIEL DES ACTIVITES DE LA CENTRALE D'ACHAT ET DE DISTRIBUTION
DES MEDICAMENTS ESSENTIELS DE KINSHASA
Le jeudi 31 Mars 2005, le secrétaire général à la Santé, représentant le
ministre de la Santé de la République Démocratique du Congo a inauguré les
installations de la Centrale d'Achat et de Distribution des Médicaments
essentiels de Kinshasa, CAMESKIN en sigle.
Cette centrale de distribution est le fruit d'un projet présenté par le
Centre Scientifique et Médical de l'Université Libre de Bruxelles pour ses
Activités de Coopération, en sigle Cemubac, au bureau central de
coordination (BCECO) qui gère les fonds mis à la disposition de la R.D.
Congo par la Banque Mondiale dans le cadre du programme multisectoriel d'urgence, de réhabilitation et de reconstruction
Pour le secrétaire général à la Santé, la mise en place de cette centrale s'inscrit dans la réalisation de la politique nationale pharmaceutique mise en place par le gouvernement de la république et qui préconise entre autre la décentralisation de la distribution des médicaments au niveau des régions sanitaires par l'implantation des centrales de distributions régionales(CDR) ,pilotée par les inspections provinciales de santé et par une centralisation des achats au niveau d'une structure type asbl regroupant toutes les CDR qui se seront ainsi fédérées pour bénéficier de l'économie d'échelle au niveau de l'acquisition des médicaments essentiels génériques (MEG).
La CAMESKIN a pour mission principale, l'approvisionnement des formations
sanitaires (fosas) de la ville province de Kinshasa en médicaments
essentiels et consommables médicaux de qualité garantie, à moindre coût
possible. Elle est à ce titre revêtue d'une mission de service public dont
le bénéficiaire final est la population kinoise.
La responsabilité de la prise en charge sanitaire des populations revient
bien entendu à l'Etat, c'est pourquoi dans la mise en ouvre de la Cameskin, l'approvisionnement des FOSAs en MEG se fera au travers des Bureaux centraux des Zones de santé qui viennent tous d'être dotés des dépôts pharmaceutiques et des médicaments grâce à une dotation de la Banque mondiale gérée par le Cemubac maître d'ouvre de la Centrale.
La Cameskin va ainsi commencer par desservir 17 zones de santé sur les 35
que compte la ville de Kinshasa, soit une population évaluée à +/- 2
millions d'habitants. Un encadrement efficient du circuit de distribution
des médicaments jusqu'au consommateur s'avère très important, d'où la
réflexion que l'inspection médicale de la santé vient d'initier pour lancer en même temps que la centrale le Comité « médicament » de l'inspection provinciale.
Les termes de références dudit comité sont déjà définis et le lancement
officiel des activités est prévu pour mi- Avril 2005.
Beaucoup de défis à relever :
En effet à Kinshasa, le médicament est pratiquement absent des formations
médicales de l'Etat. Il se trouve essentiellement dans les officines privées lucratives à l'exception des quelques structures confessionnelles qui disposent des petites pharmacies hospitalières.
Comme on pouvait s'en douter, cette situation ne permet guère l'assainissement du secteur pharmaceutique malgré tous les efforts de l'autorité compétente.
Ramener le médicament au niveau des établissements des soins permettra si
celui-ci est de bonne qualité et de coût accessible à diminuer dans une
certaine mesure l'engouement du secteur privé lucratif sur le médicament.
Arriver à pérenniser le système en disposant de manière permanente un
médicament de bonne qualité et accessible financièrement à la population
démunie de Kinshasa, tel est le second pari à réussir par la centrale. Il
faut pour cela non seulement maîtriser et supporter les charges fixes de la centrale mais aussi encadrer et contrôler le bon usage du médicament à
chaque niveau du cycle de distribution et arriver à assainir la gestion
financière à différents niveaux d'intervention. C'est ainsi qu'en plus de l'inspection provinciale de la santé, des inspections sanitaires de districts, le système va intégrer tous les partenaires locaux qui interviennent dans le domaine de la santé ; nous citerons les confessions religieuses, les Ong et même certains organismes du système des nations unies.
Cette expérience qui a commencé dans certaines villes de l'intérieur du
pays, aura néanmoins beaucoup de difficultés à s'installer à Kinshasa car
les intérêts privés sont très importants et très enracinés. Seuls la volonté de réussir des uns et des autres permettra à ce que l'intérêt de la population congolaise passe avant toute autre considération.
Comme on peut bien se rendre compte, l'arrivée de la Cameskin sur le marché des médicaments de Kinshasa suscite beaucoup d'espoir mais bien de chose reste encore à faire, beaucoup des programmes spécialisés mis en place par le ministère de la santé voudront trouver dans ce canal la meilleure voie de distribution des médicaments pour lutter contre les principales maladies de la société congolaises.
Ainsi le programme national de lutte contre le paludisme, le programme
multisectoriel de lutte conte le sida, le programme national de lutte contre la tuberculose et bien d'autres programmes ont déjà visité les installations de la Cameskin.
Saura- t-elle répondre aux attentes de tous et tenir les défis de sa
pérennisation ? L'avenir nous le dira.
Que la volonté de réussir nous motive tous.
Ruphin MULONGO BANANA
Pharmacien responsable à la Cameskin et
Directeur adjoint.
ruphinm@yahoo.fr