Dix huit cadres du ministère de la santé de la république démocratique du Congo formé sur la prescription, la dispensation rationnelle des médicaments et la prise en charge des malades. I. CONTEXTE
La situation actuelle en République démocratique du Congo révèle, selon les différentes enquêtes existantes, que les ordonnances émises par les formations médicales contiennent souvent des médicaments qui napportent rien à lobjectif thérapeutique. Il est aussi reconnu que plus de 50% de patients qui sortent dune consultation avec une ordonnance ne prennent pas correctement leurs médicaments. Plus de 30% des patients ne reçoivent pas des explications ou des conseils sur la manière de prendre leurs médicaments et les médicaments restent financièrement inaccessibles à la majorité de la population parce que, ils sont souvent prescrits en spécialité.
Par ailleurs, dans le cycle logistique sur la gestion des médicaments, un des volets importants du cycle est celui de lusage rationnel des médicaments.
Dans lusage rationnel du médicament, le point de chute se retrouve au niveau de la prescription et la dispensation du médicament. Ce dernier passe alors des mains des prestataires des services de santé aux consommateurs qui sont les malades.
Le médicament prescrit de façon rationnelle peut jouer un rôle important dans lamélioration de létat sanitaire de toute une collectivité. La santé dune population a un coût. Leffort mondial à ce jour consiste à mobiliser les ressources pour la prise en charge des principaux problèmes de santé, mais aussi à amener les acteurs de santé à gérer de la manière la plus efficiente les ressources mises à leur disposition. Cest pourquoi, les acteurs médicaux au niveau des formations médicales sont appelés à rechercher lessentiel, c'est-à-dire le but réel de la démarche à entreprendre et éviter dagir par automatisme de routine, ou par influence environnementale ou autres habitudes acquises.
Tous ces facteurs, couplés avec la prolifération des médicaments de qualité douteuse, avec labsence dun cadre légal contraignant pour les différents acteurs de Santé, fond que le malade congolais nest pas protégé et son faible pouvoir dachat est davantage ruiné par le laxisme dans la prescription et la dispensation des médicaments.
Quand nous nous référons à lobjectif principal du système national dapprovisionnement en médicaments essentiels qui est celui dassurer un approvisionnement régulier et suffisant, et faire un usage rationnel des médicaments essentiels génériques de bonne qualité, sûrs, efficaces et accessibles financièrement et géographiquement à la majorité de la population congolaise, nous pouvons remarquer que les actions et formations se rapportant à lapprovisionnement ont déjà commencé ; mais le volet utilisation na pas encore été exploité, que ce soit au niveau des prestataires des soins, des dispensateurs des médicaments ou même au niveau de la population, qui, on le sait recourt très souvent à lautomédication.
Ce module a donc démarré un processus qui, à terme, amènera à combler ce déficit et permettra, nous lespérons, une sensibilisation suffisante pour un usage rationnel du médicament tant au niveau des acteurs médicaux que de la population.
2. BUT DE LA FORMATION
Le but de cette formation est damener les participants à adopter une méthode logique, déductive et systématique pour engager les résolutions des problèmes de santé, tout en développant une pratique rationnelle en matière de prescription et de dispensation des médicaments.
Elle vise à créer une relation réelle et permanente entre le prescripteur et le dispensateur permettant ainsi la création dun cadre de protection et de sauvegarde de la santé.
3. OBJECTIFS DAPPRENTISSAGE
A la fin de la formation, les participants, suivant leur spécialité, sont devenus capables de :
Ø identifier le problème qui amène le malade à consulter (Médecin et Infirmier Titulaire) ;
Ø apprécier la gravité de la maladie pour référer (Médecin et IT) ;
Ø spécifier lobjectif thérapeutique (Médecin et IT) ;
Ø choisir le(s) médicament(s) de prédilection (Médecin et IT) ;
Ø instaurer le traitement de prédilection (Médecin et IT) ;
Ø établir lordonnance (prescripteur) ;
Ø analyser lordonnance (Pharmacien) ;
Ø préparer lordonnance (Pharmacien) ;
Ø dispenser les produits (Pharmacien) ;
Ø surveiller le traitement et y mettre fin éventuellement (appréciation de la réussite de lobjectif thérapeutique).
4. METHODOLOGIE
La méthode par résolution de problèmes de santé par une approche interactive des participants a été retenue.
A lintroduction une présentation de chaque unité du module est faite avec les objectifs dapprentissage et linitiation à la méthodologie.
5. DUREE
La formation sest déroulée du 24 au 29 Juin, soit pendant 5 jours.
6. CONTENU DU MODULE DE FORMATION
Ce module contient 9 unités dapprentissage. Il commence par une évaluation du niveau des participants (pré test) et se termine par un examen structuré par objectif à la fin du module, permettant ainsi dévaluer toutes les étapes de lapprentissage.
? Unité 1 : Identifier le problème du patient
? Unité 2 : Spécifier lobjectif thérapeutique
? Unité 3 : Choisir le médicament de prédilection
? Unité 4 : Choisir le traitement de prédilection
? Unité 5 : Sassurer de ladéquation du médicament de prédilection et du traitement de prédilection
? Unité 6: Etablir lordonnance
? Unité 7 : Analyser lordonnance
? Unité 8 : Préparer lordonnance et dispenser les médicaments
? Unité 9 : Surveiller le traitement et y mettre fin éventuellement (Appréciation de lobjectif thérapeutique)
? Unité 10 : Examen structuré par objectif dapprentissage
6. PARTICIPANTS ET FACILITATEURS
Dix huit cadres du Ministère de la Santé : pharmaciens, médecins et infirmiers ont bénéficié de cette formation. Latelier était non résidentiel et sest déroulé du 24 au 29 juin 2006 dans la salle polyvalente de l OMS.
Léquipe de facilitation était composée du Professeur TONA Lutete de lUniversité de Kinshasa, du Pharmacien MULONGO Banana, directeur adjoint à la Cameskin(centrale dachat et de distribution des médicaments essentiels de Kinshasa) et ancien bénéficiaire du cours dAlger et du Dr Léon TSHABWAT, médecin coordonnateur adjoint de PROSAKIN et du Dr Anastasie MULUMBA de lOMS Kinshasa.
7. Résultats obtenus
Dix huit cadres du ministère de la santé dont neuf médecins, six pharmaciens et trois infirmiers, oeuvrant tous à Kinshasa, ont été formés, parmi eux cinq femmes.
A la fin de la formation, les participants ont présenté une évaluation globale de la formation. Ils ont aussi évalué les modules développés. Ces évaluations portaient sur le contenu des modules, la méthode utilisée, les activités trouvées intéressantes, les commentaires et suggestions.
Globalement, les participants estiment que les objectifs ont été atteints.
Les notions essentielles développées dans les modules ont été maîtrisées par les participants. Ceci se confirme par l'évolution des résultats pendant lapprentissage.
Toute fois, la poursuite de lapprentissage après la formation va certainement laméliorer davantage, une fiche de suivi et un contact permanent a été institué.
Opinions des participants sur les facilitateurs et les conditions de travail.
Les participants ont estimé que les facilitateurs ont été à la hauteur de leurs tâches et ont félicité les organisateurs de la formation.
Lorganisation du séminaire en général a été bonne sauf le temps imparti qui était très cours, emmenant les facilitateurs à coupler les unités et certains jeux de rôle.
Le dépouillement de lévaluation des participants donne les messages suivants :
Le contenu des séances était très utile
Les activités étaient très intéressantes
Linformation était présentée dune manière claire
Ce séminaire coïncide bien avec leurs attentes
Les objectifs du séminaire ont été atteints
La méthodologie utilisée était très bonne
La durée du séminaire était courte
Lhoraire du séminaire était bon
Activités les plus intéressantes : introduction des module et le jeux de rôles ainsi que la méthodologie
Activités les moins intéressantes : pas
Autres commentaires : suivi rapproché du participants , durée trop courte du programme, félicitations aux facilitateurs, prévoir les outils pour tout le monde, rendre disponible les textes des exposés
Rythme du travail : accéléré, bon
Suggestions : augmenter le nombre de jeux de rôle et faire la retro-information en rapport avec les objectifs, augmenter le nombre de jours de formation, formation en résidentiel
demande des schémas thérapeutiques et que la surveillance soit faite au niveau des officines privés et officielles et hôpitaux
8. Commentaires
Cest pour nous une preuve de limportance quil y a à mettre à la disposition du plus grand nombre les expériences et connaissances acquises. Après avoir bénéficié de cette formation au centre national de pharmacovilance et de matériovigilance dAlger en septembre 2003, notre souhait était de commencer un programme de formation dans notre pays et grâce à lappui de l OMS et à la programmation de la direction du médicament du ministère de la Santé , nous venons de commencer ce premier noyau , qui pourra sétendre dans le reste du pays.
Nous remercions par cette occasion le bureau de lOMS Kinshasa, le Ministère de la santé et le Directeur de la 3ème Direction et félicitons aussi le professeur HELALI, Mme Carinne BRUNETON et toute léquipe dAlger pour avoir initié ce cours.
Notre espoir est de voir ce programme se poursuivre avec laide de tous.
Ruphin MULONGO Banana
Pharmacien responsable et directeur adjoint de la Cameskin.
**243 998241308
ruphinm@yahoo.fr